Trois mois de processus électoral biaisé, huit ans de remise en cause de la légitimité démocratique du gouvernement de Robert Mugabe, 28 ans de confiscation du pouvoir démocratique par le parti majoritaire ZANU-PF depuis l'indépendance, et 15 mois de négociations sous-régionales à la recherche d'un compromis politique, n'auront pas permis la mise en place d'un climat de négociation politique et une transition progressive vers un système démocratique.
Suite au vote présidentiel et législatif de mars 2008, l'alternance au sein de l'Assemblée Nationale zimbabwéenne, la probable victoire refusée de l'opposant Morgan Tsvangirai à la tête du parti d'opposition (Mouvement pour le Changement Démocratique - MDC) lors du premier tour de l'élection présidentielle, et malgré les multiples tentatives de négociation à l'initiative des communautés africaine et internationale, le ZANU-PF n'aura pas hésité à user de sa puissance politique, économique et sécuritaire pour éviter la transition politique, et enlever toute légitimité au processus électoral avec le retrait de Tsvangirai (juste avant le second tour) suite à ses cinq arrestations en l'espace d'un mois, les violences politiques, le déplacement forcé de près de 200 000 zimbabwéens ces derniers mois (2,5 millions en tout) et la militarisation du pouvoir.
Le régime zimbabwéen, par ailleurs responsable d'une crise économique liée à sa gestion clientéliste et populiste désastreuse et de la déstabilisation de la RDC dans les années 90, perd peu à peu son équilibre géopolitique externe (avec la perte de ses alliés internationaux, régionaux et des revenus touristiques) et interne (effritement de sa base électorale lié aux crises économiques et politiques), accroît sa dépendance à l'égard de marchés clandestins de pierres précieuses, et cherche à institutionnaliser sa crise politique permanente depuis l'indépendance, malgré les critiques croissantes de la société civile zimbabwéenne, et des Chefs d'Etat étrangers au sein de l'ONU et de l'Union Africaine.