VI
Dring, dring, dring, drrrrring.
Je me réveillai en sursaut. Qui pouvait bien me rendre visite, sinon cette chère Cousine.
En effet : elle entra les bras chargés de paquets aux marques ronflantes vantées par des mannequins aussi célèbres qu’inexpressifs et qui encombrèrent bien futilement mon minuscule séjour de 10 m2 déjà occupé par un grand canapé d’un côté et un immense écran plat de l’autre.
– Que me vaut un tel détour en cette orgie de vanité ? lui demandai-je avec une emphase glacée pour bien marquer mon mépris du shopping. Et d’abord, quelle heure est-il ?
Il était 12h30 et l’heure d’aller manger, me répondit-elle, sans prendre ombrage. Elle me proposa même de m’inviter quelque part, ce qui fit monter en moi une grosse bouffée de satisfaction. « Je te laisse mes sacs ici et on prend un taxi » indiquait qu’elle me raccompagnerait. Deuxième bouffée.
Finalement, je n’étais peut-être rien de plus qu’un maquereau commun doté cependant d’un immense talon d’Achille (ce qui n’est pas trop évident à visualiser) : je rêvais beaucoup, beaucoup, beaucoup trop.