Ainsi, la droite française n’a-t-elle jamais été aussi proche de l’esprit de Vichy. En innovant, bien sûr: les milieux d’affaires, qui agissaient alors dans la tradition de la droite nationaliste, concédaient en grande partie leur pouvoir à l’ordre moral issu des valeurs chrétiennes et patriotiques porté par l'église catholique et l'armée. Cet ordre n’est plus qu’un arrière-plan.
Aujourd’hui, on rase les mottes gratis, on simplifie, on va à l’essentiel, c’est le bon sens : humanité ratiboisée à sa simple fonction économique, variable de modèle macro-économique, rouage de la mécanique d’offre et de demande.
Avec un seul mode d’exercice du pouvoir: la brutalité. La « responsabilité » ne sera donc pas celle des élites. Elle sera celle des chômeurs. Les chômeurs et les parasites désignés seront des irresponsables. L’autorité s’appliquera aux irresponsables. Le marché (truqué) ira son chemin. La responsabilité de la crise, comme celle de la défaite militaire en 1940, deviendra le fait de l'ennemi intérieur.
Voilà le discours tenu à la population vivant aux frontières de la société active, celle qui craint pour son travail et côtoie tous les jours l’autre bord, les « irresponsables », les « profiteurs », les « parasites » avec la promesse de les punir sans faute en les broyant dans la machine à « valeurs » en opposition frontale avec notre devise républicaine.
On sait ce que Vichy a apporté à l’histoire de France : promotion des tocards, affairisme, affaissement intellectuel, asservissement national, guerre civile. Les quatre premiers objectifs ont été largement atteints dès le premier mandat. Le dernier le sera incontestablement lors du second, si le malheur voulait qu’il eût lieu.
Billet de blog 11 février 2012
"Travail, Responsabilité, Autorité"
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