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Billet de blog 28 avr. 2017

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à quand la société horizontale ?

La modernité nous a libéré des vieilles religions et nous a précipité dans d'autres. L'Histoire, le Marché, la Race. Elles ont ressurgi toutes les trois dans cette élection presque aussi nettes et pures qu'à leur naissance à la fin du XIXè siècle, à peine relookées par les manies de notre époque.

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La modernité nous a libéré des vieilles religions et nous a précipité dans d'autres. L'Histoire, le Marché, la Race. Elles ont ressurgi toutes les trois dans cette élection presque aussi nettes et pures qu'à leur naissance à la fin du XIXè siècle, à peine relookées par les manies de notre époque. L'Histoire, c'est Mélenchon qui l'incarne. Il ne dit plus que le prolétariat en est l'instrument qui imposera à la bourgeoisie sa dictature. Il dit que les oligarques mènent une bataille de classe contre le peuple. Le Marché, c'est Macron. Il parle de « libérer les énergies » et cela sonne comme un vieux slogan des années 80. Promouvoir le « talent », c'est habiller la victoire sans partage des plus forts sur les plus faibles sans d'autres explications que cette chose flasque et indistincte qu'on ne peut qu'écrire entre guillemets tant elle glisse sur tous les concepts. La Race enfin, c'est bien sûr Le Pen. Celle qui a permis que l'Europe brutalise d'autres peuples et pille d'autres pays avec la bonne conscience du maître omniscient. Maintenant, elle permettra de le faire « chez nous » sur des personnes d'origine étrangère avec une même bonne conscience de propriétaire éternel au fait de ses droits.

Il y a cent ans environ, la théorie du darwinisme social naissait pour expliquer « scientifiquement » les inégalités. Jamais approuvée par Darwin en personne, elle permettait de donner un coup de neuf aux justifications éculées de la société pyramidale. Gobineau avait essayé de faire croire que les nobles, s'ils n'avaient plus aucun rapport privilégié avec dieu, étaient issus d'une race différente de celle du peuple, d'une race naturelle de dominants. Pour justifier les barons voleurs du gilded age (l'âge du toc) à la fin du XIXè siècle aux Etats-Unis, où quelques entrepreneurs constituèrent des fortunes immenses alors que toute une frange de la population pourrissait dans la misère, on invoqua leurs qualités naturelles exceptionnelles de surhomme contre l'inanité totale de la personnalité des pauvres. Enfin Marx, dans le sillage intellectuel d'Hegel, avait découvert dans la marche naturelle de l'Histoire la lutte des classes et son aboutissement : la victoire du prolétariat par la destruction de la bourgeoisie.

Ainsi la « nature » fut appelée à la rescousse pour justifier bien des actes injustifiables et aboutir à un aujourd'hui jumeau d'un hier d'il y a plus d'un siècle. Comme si nous voulions rester aveugles à un autre fait : sauver à tout prix notre modèle pyramidal.

Le modèle socialiste n'a jamais été que le remplacement d'une élite de propriétaires par une élite de partisans justifiant leur position par la dictature du prolétariat. Le modèle capitaliste développe mieux les « talents » des enfants des plus riches afin qu'ils deviennent plus riches encore. Le modèle racialiste écrase les humains réputés inférieurs pour laisser les places des étages supérieurs à l'ethnie dominante.

Les justifications du pouvoir ne sont là que pour obtenir le pouvoir ou le conserver. Et jamais on n'a vu un groupe social ayant atteint le pouvoir l'abandonner de son propre chef. Aujourd'hui, une part du pouvoir politique est en train de changer de mains, c'est l’œuvre des populismes exploitant les éternelles justifications « naturelles » pour dompter le mécontentement des masses. Et tout garantit que la structure de la société qui en résultera sera strictement la même.

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