Ce que je retiens des débats houleux de ces derniers jours sur Mediapart c'est la mise en évidence - et jusqu'à la rupture - d'un conflit qui oppose finalement très simplement communautarisme et anticommunautarisme.
J'avoue n'avoir jamais tellement réfléchi à ce problème auparavant me positionnant vaguement d'emblée plutôt du côté communautariste en tant qu'acceptant le réel - c'est un fait, nous sommes divers - pour sa beauté, cette diversité propre à créer de l'étonnement, de l'émerveillement, de la curiosité, de l'intérêt pour autrui - si différent de moi.
En 2 ou 3 clics - ah! internet, quelle richesse - je suis donc allée rapidement consulter (wikipédia, merci) ce qui se dit sur ces notions de communautarisme et d'anticommunautarisme. Et, bansaï, oui, je suis bien pour la reconnaissance et l'acceptation pure et simple de cette évidente évidence que sont les communautés dans toutes leurs diversités, ce bariol magnifique.
Sur les communautaristes
Selon Laurent Lévy, le "communautarisme" n’existe pour l’essentiel que comme figure de ce qu’il faut rejeter.
Selon Pierre-André Taguieff, le "communautarisme" est d'abord un mot qui dans le discours politique français depuis une quinzaine d'années fonctionne ordinairement comme un opérateur d'illégitimation.
Selon Pierre-André Taguieff toujours, le terme "communautarisme" est utilisé, surtout en langue française, pour désigner avec une intention critique toute forme d'ethnocentrisme ou de sociocentrisme, toute autocentration de groupe, impliquant une autovalorisation et une tendance à la fermeture sur soi, dans un contexte culturel dit "postmoderne" où l'"ouverture", et plus particulièrement l'"ouverture à l'autre", est fortement valorisée...
L'anticommunautarisme est mis en cause, par exemple :
- directement par les groupes favorables à la reconnaissance publique de minorités:
- Les militants régionalistes,
- Les partisans de la reconnaissance des langues régionales,
- L'Appel des Indigènes de la République.
Quelques intellectuels plutôt favorables au communautarisme:
Pierre Tevanian, Le voile médiatique (2005). Vincent Geisser, La nouvelle islamophobie (2004).
Esther Benbassa, La République face à ses minorités (2004).
Laurent Lévy, Le spectre du communautarisme, Paris, éditions Amsterdam, coll. Démocritique, 2005.
Vincent Cespedes, Mélangeons-nous. Enquête sur l'alchimie humaine (2006).
Sur l'anticommunautarisme
La République française est, selon certains, par essence anticommunautariste. Pour preuves, ils avancent que:
- La France est une République indivisible » (Article premier de la Constitution de la Cinquième République française)
- La République assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion (article 1er de la Constitution de 1958)
- La langue de la République est le français (Article 2 de la Constitution de la Cinquième République française)
- Les anticommunautaristes sont accusés, en fonction des attitudes qu'ils adoptent: de jacobinisme et d'ethnocentrisme français, niant les identités régionales et les langues régionales; d'antisémitisme sous couvert d'antisionisme; d'islamophobie et de xénophobie;d’homophobie et d'hétérosexisme…
Quelques intellectuels carrément hostiles au communautarisme:
Joseph Macé-Scaron, La Tentation communautaire, Plon, 2001.
Robert Grossmann et François Miclo, La République minoritaire. Contre le communautarisme, éditions Michalon, 2002.
Alain Soral, Jusqu'où va-t-on descendre ? Abécédaire de la bêtise ambiante, éditions Blanche, 2002.
François Devoucoux du Buysson, Les Khmers roses. Essai sur l'idéologie homosexuelle, éditions Blanche, 2003 (essai plus spécifiquement centré sur ce que l'auteur analyse comme "un communautarisme gay")
Bien. Choisissez, maintenant, votre camp...