Je lézardais tranquillement au soleil quand tout à coup j'ai entendu des cris. C'était une fille. Elle criait, elle se débattait comme une lionne face à un groupe en train de la lyncher. J'ai pas bien compris la raison de tout cela. Me semble que la fille avait osé dire quelque chose. Quelque chose qui avait dû choquer les autres. Ils sont arrivés un par un et ont porté leurs coups. Lapidaires. A la fin, ils étaient 6 ou 7 à lui jeter leurs mots en pleine figure, se relayant sans relâche à cette ignoble tâche. Il y en avait là de plus ou moins hardis. Qui portaient leurs coups au coeur et à l'âme. Direct. Et d'autres, peureux vraisemblablement, qui restaient lâchement en arrière, mais attisant le feu. Il y avait dans les cris de la fille comme un accent arabe. A l'inverse, le groupe, lui, parlait parfaitement la langue française. Un homme est venu, en défense de la fille et s'insurgeant contre le groupe. Aussitôt les lyncheurs ont reporté leurs projectiles contre lui. La fille a pu souffler.
J'ai alors regardé tout autour. Il y avait là bien plus de monde à observer la scène que ce que je pensais. Tout un attroupement. Silencieux et l'oeil torve. Plus loin, certains continuaient même de s'affairer à leur job, comme s'il ne se passait rien. Rien, que d'ordinaire.
Personne ne bougeait. Personne ne s'insurgeait.
Je ne savais pas quoi faire.
Alors j'ai tiré la sonnette d'alarme.
Et j'ai témoigné.
J'ai cru comprendre que la fille voulait porter un foulard et que le groupe était constitué de féministes hostiles.
C'était en France. 2012.