C'est un point de vue de Hélé Béji, écrivaine, fondatrice du Collège international de Tunis, paru dans Le Monde.
Je partage totalement ce point de vue.
Extrait:
J'ai honte que les femmes se servent de leur solidarité de victime pour être des bourreaux sans merci. J'ai honte que, à peine sorties de l'ombre du servage, elles soumettent l'homme à la lumière sordide d'une nouvelle Inquisition. J'ai honte que, en protégeant une femme, elle ne protège pas aussi l'homme de l'abjection publique du déshonneur. J'ai honte que, pour arracher une victime à l'humiliation, elles s'accordent le droit d'humilier sans remords.
J'ai honte que, en bénissant leur sexe, elles aient le goût de maudire l'autre. Le sexe masculin appartient à la condition humaine, et, quel que soit son crime, rien n'autorise la condition féminine à l'en exclure. J'ai honte pour les femmes quand un inculpé est pendu sans jugement au gibet d'une arène planétaire, fût-ce pour le droit des femmes. Aujourd'hui un homme, un pécheur, brûle sur un bûcher, et les femmes se taisent. Un homme est dans la fosse aux lapidations, et les pourfendeuses de la lapidation se taisent. Un homme expie le supplice de son sexe impénitent, et les femmes se taisent. Ce silence vengera-t-il les blessures de la victime ? Je ne sais pas, mais il rendra un son vil dans la trompette de notre victoire. La vertu de la femme ne se bâtit pas sur la déchéance de l'homme. C'est mal défendre la cause des femmes que de céder aux foules punitives.