On y revient, nonobstant la pusillanimité de la Commission européenne et du gouvernement français face aux vendeurs de désherbants.
Au milieu du débat scientifique, un grand écart : Monsanto-Bayer parle du glyphosate (le principe actif) seul -en termes élogieux en public mais moins dans les courriers internes publiés dans les "Monsanto papers".
Les utilisateurs respirent et reçoivent sur la peau du Roundup dont la composition duquel entrent les adjuvants (équivalents aux excipients des médicaments) suivants :
- Chlorométhylisothiazolinone (CMIT) ou Benzisothiazolinone : Biocide, conservateur. Réactions allergiques cutanées.
- FD&C BIue No 1 : Colorant bleu (E133)
- Butylcarbamate d'iodopropynyle (IPBC) : Conservateur, biocide. Lésions oculaires (fiche INRS n° 320)
- Light aromatic petroleum distillate : Pétrole lampant (fiche INRS n° 140)
- Polyoxyethylene alkylamine : Tensioactif. Irritant oculaire, toxicité pour les poissons et batraciens
- Propylène glycol : Solvant. Irritant pour les yeux
- Sulfite de sodium : Conservateur (E221). Pas d'effet documenté
- Benzoate de sodium : Conservateur (E211). Suspecté d'effets sur la santé des enfants
Ces produits facilitent la pénétration du glyphosate dans les plantes mais aussi à travers la peau.
En cultivant des sols traités au glyphosate, ils bénéficient en outre du principal produit de dégradation :
- Acide aminométhylphosphonique (AMPA) : Produit de dégradation du glyphosate, persistant dans l'environnement (demi-vie dans le sol de prés de 3 ans). Toxicité chronique chez l'animal
Sans clarification sur ce point, la bataille de mots risque de durer et les maux des agriculteurs et de la nature en général de perdurer.
------- Rappel de mon billet de fin 2017 et de l'excellent article de Kokopelli
Selon un billet de l'association Kokopelli, la bataille du glyphosate serait désormais secondaire pour Monsanto dont tous les brevets pour ce désherbant et les semences associées sont tombés dans le domaine public. Le débat servirait de paravent à la reconduction discrète, au-delà de l'échéance actuelle de fin 2018, de l'autorisation d'un produit au moins aussi dangereux, le Dicamba (acide 3,6-dichloro-o-anisique). Monsanto propose déjà des semences résistantes au Dicamba (soja "Dekalb" par exemple), nonobstant de nombreuses plaintes aux USA qui ont entrainé son interdiction par les états de l'Arkansas et du Missouri.