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Billet de blog 1 février 2014

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A quand l’Europe à la télévision ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En mai, 500 millions de citoyens ont rendez-vous avec l’Europe. Il s’agit d’élire nos 751 eurodéputés et de peser décisivement sur la personne qui pilotera la Commission européenne jusqu’en 2019. Que l’on chérisse l’Europe pour son idéal ou qu’on lui assène les pires critiques, nous avons ensemble, citoyens des 28 états membres, la responsabilité de choisir son style de gouvernance et son orientation politique. Les années de crise économique, sociale mais aussi démocratique nous interdisent le statu quo. 
  
Soyons lucides, la campagne de 2014 ne peut être un remake insipide des dernières joutes européennes. Depuis plus de 40 ans, les campagnes se suivent et tristement se ressemblent ; sans réels débats européens donc dépourvues d’intérêt. Tout au mieux, c’est une addition de campagnes nationales dont l’électeur, jamais dupe, ressent le décalage, pour ne pas dire la supercherie. Las, il déserte de plus en plus les urnes. Depuis 1979, première élection au suffrage universel direct, les taux de participation se sont effondrés passant de 60% à 40 % en 2009 ! 
  
Pour dynamiser la campagne, les télévisions européennes devraient planifier trois grands débats en prime time avec les représentants des grandes familles politiques européennes. 
  
- Sur l’économique et le social, quelles sont leurs propositions ? 
- Sur le projet politique et les valeurs communes de l’Union, qu’ont-ils à nous dire ? 
- Sur la place et le rôle de l’Union européenne dans le monde, quelles sont leurs visions ? L’Europe, toute l’Europe sortirait grandie de ces trois rendez-vous politiques télévisuels. 
  
L’unique débat télé prévu par les institutions européennes le 14 mai, à deux semaines seulement de l’échéance n’est clairement pas suffisant pour faire infuser les enjeux de la campagne auprès des citoyens. Certes, les programmes sont peu modulables, la publicité et l’audimat constituant les critères-clés. Mais si les chaînes européennes jouaient véritablement le jeu, elles démontreraient que le « quatrième pouvoir », que sont les médias, peut assumer brillamment son rôle de vecteur démocratique à l’échelle de l’Union. 
  
En assurant réellement l’interprétation dans une Europe riche de ses 24 langues officielles, ces débats transnationaux répondraient de manière inédite aux questions légitimes des citoyens européens. Précédé d’un minimum de pédagogie, animé par les meilleurs journalistes européens et relayé largement, le débat démocratique européen disposerait alors pour la première fois d’une vaste couverture médiatique. La dynamique créée serait l’occasion d’aborder correctement tous les sujets décisifs pour notre avenir collectif. La démocratie européenne s’inviterait ainsi partout et rayonnerait aux yeux du monde comme l’espace public le plus audacieux. 
  
Les chaînes de télévision européennes ont donc aujourd’hui une responsabilité historique. 
Génération 112 : Erwan Quinio, Adrian Pantev et Arezki Yaïche

Retrouvez cette tribune sur le site du quotidien Libération et sur le site du groupe Spinelli

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