Écrire ici ne servira pas à grand-chose étant donné que je ne suis personne dans ce monde.
Je ressens néanmoins le besoin de le faire face aux temps qui courent.
Que dire ? Que dire de plus que « Grandiose ! » ou « Magique ! » afin de qualifier la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024 ?
Que dire de plus que « Spectaculaire ! » ou « Intemporel ! » ? Beaucoup de choses, je crois…
Parce que oui, ce spectacle était hors-normes.
Parce qu’il était hors du temps.
Mais, au fond, il était bien plus que cela.
Des personnalités venant de nos outre-mer, d’autres venant de l’immigration ? Quoi de mieux pour montrer que l’on peut être français même en venant d’ailleurs. Car être français n’est pas simplement le fait d’être né sur le sol métropolitain de notre pays. C’est bien plus que cela. C’est aimer d’où l’on vient. Aimer ce que l’on est. Accepter nos défauts et ceux des autres. C’est se battre jusqu’au bout pour nos rêves. C’est vouloir vivre ensemble. Peu importe nos origines. Parce qu’être français, c’est aussi aimer notre patrimoine, notre culture. Être français, c’est vivre dans la fraternité et la sororité. Que l’on soit noir ou blanc, métisse ou d’origine asiatique, être français, c’est bien plus profond que tout cela.
Un danseur américain malentendant faisant une chorégraphie avec du chant-signe devant la tribune présidentielle et des athlètes paralympiques portant la flamme vers sa dernière demeure aux Tuileries. C’était beau. Beau car ceci porte plusieurs messages. Le premier : quelles que soient nos différences, si on y met toutes nos forces, on peut y arriver. Le second : finalement, il n’y a pas de différences. Parce que, qu’est-ce que la différence ? Qu’est-ce que « ne pas être comme les autres » alors que l’on ne sait même pas vraiment comment sont ces « autres » ? Nous sommes tous égaux, et ceci devait être un fondement de notre République. Il n’est pas de mon ressort de dire si ce principe est toujours d’actualité ou non. Ce principe fondamental a été illustré en chanson par nul autre que Philippe Katerine.
En effet, qui d’autre que lui pour faire un tel numéro lors d’une cérémonie ayant une telle envergure, une telle aura au niveau mondial ? Personne. Et c’était une idée brillante. Rappeler que, finalement, nous sommes tous les mêmes lorsque nous sommes nus. Pas nos apparences. Mais nous, en tant qu’êtres humains. Sans artifices, sans parures.
Durant ce même tableau, un défilé. Défilé de mode ? Oui et non. Je dirais que c’était le défilé de ceux que personne ne veut entendre. De ceux que l’on juge souvent trop vite et sans raisons. De ceux qu’on laisse dans le désespoir quand ils y sont. Des drags queens, une trans, une grosse (loin de moi l’idée de juger en utilisant ce terme, mais c’est juste la vérité, et elle fait ce qu’elle veut !) ET lesbienne. Toutes ces minorités qui ne devraient pas être considérées comme telles. Surtout, que nous sommes censés être tous égaux. Ce tableau renvoie directement à la célèbre Cène. Et ceci est largement critiqué voire jugé blasphématoire par certains. Pourquoi ? Nous sommes en France, bon sang ! Le pays de la caricature ! Ce pays où certains ont même laissé leur vie pour avoir osé montrer ou réaliser une caricature mettant en scène quelque chose de religieux. C’est pourquoi nous devons être fier de ce défilé. Parce qu’il ne juge pas. Il ne dit pas que les croyants sont moins biens que les autres. Non. Il montre simplement que nous devons vivre ensemble, en laissant chacun libre de ses choix et de sa vie. Sans jugements, aucun.
Rim’k qui rend hommage au 94, une chanteuse lyrique de peau de couleur noire chantant l’hymne national : c’est ça la France. Celle des cités, celle des immigrés, celle de ceux nés de parents immigrés. Mais la France est aussi à ceux qui sont français de « pure-souche » comme on dit ! Mais y en a-t-il encore vraiment ? Libre à chacun de se positionner sur la question. Finalement, la France est à tous ceux qui l’aiment et qui souhaitent s’imprégner de ses paysages, de sa culture, de son histoire et tant d’autres choses qui définissent si bien notre territoire.
L’Histoire de notre nation était belle et bien présente ! N’en déplaise à ceux qui disent le contraire ! En rendant hommage aux frères Lumière, mais aussi aux inventeurs de la montgolfière. Et pas que ! L’épisode de la Révolution de 1789 avec ce chant révolutionnaire revisité par le groupe Gojira aux côtés d’une Marie-Antoinette décapitée au sein de sa dernière demeure. Cela en choque certains. Pourquoi ? Ceci n’est qu’un rappel d’un des nombreux épisodes de notre Histoire et pas des moindres. Nous n’en serions peut-être pas où nous en sommes, c’est-à-dire, dans un pays démocratique, si cet épisode n’avait pas eu lieu. La mise en avant des Minions et du coureur sur les toits de Paris faisant penser au personnage du jeu Assassin’s Creed doivent nous rendre fiers. Parce que ces deux pans de la pop-culture connus et reconnus à l’international viennent de chez nous. Le passage des statues en or représentant des figures féminines importantes de notre Histoire, montre bien à quel point notre pays a été précurseur sur bien des points. Et je pense qu’aucune d’entre elles ne serait ravie de voir ce qu’il peut se passer dans notre si beau pays.
Bien sûr, cette cérémonie ne pouvait pas faire l’impasse sur le music-hall, grâce à la prestation de Lady Gaga et de son accent si craquant, et le French-cancan. Ceci fait parti de notre patrimoine autant que tous les monuments que l’on a traversé lors de cette soirée.
Mettre en avant les ouvriers de Notre-Dame et ceux des ateliers de LV était une merveilleuse idée. Pour les premiers : on se laissait facilement emporter par le sons de leur travail mais surtout de leur savoir-faire. Car oui, c’est grâce à ce savoir-faire français que Notre-Dame pourra rouvrir. Pour les seconds, j’avoue avoir plus été gêné par le placement de produits. Mais il a dû en ravir au moins un qui doit bien se frotter les mains aujourd’hui.
Aya. Je n’étais pas convaincu par le fait qu’elle participe à cet événement. Non pas par rapport à ses origines, loin de là ! Mais tout simplement parce que je n’adhère pas à son style. Mais elle m’a convaincu que sa place était légitime. Ce duo avec la Garde Républicaine que personne n’attendait a créé un mélange des genres savoureux sous les yeux de la prestigieuse Académie Française.
Le passage des délégations sur la Seine était magnifique. Parfois, plusieurs d’entre elles étaient sur le même bateau. Cela renforçait l’esprit de communion et d’union mis en avant. Mais bien-sûr, le passage de la délégation française a sans douté été le plus émouvant. Car oui, nous sommes fiers de ces athlètes qui nous représentent aux yeux du monde. Qu’ils rapportent des médailles ou non, nous serons fiers d’eux parce qu’ils auront soulevé des montagnes pour en arriver là.
Puis, le protocole. Tribune présidentielle. Hymne olympique. Serments. Drapeau. Discours. La partie la plus solennelle de cette cérémonie à commencé par cela. Par ce drapeau apporté par une cavalière mystérieuse ayant remonté la Seine. Moment épique. Juliette Armanet et Sofiane Pamart ont apporté leur dose de virtuosité au sein de cette cérémonie. Et bon sang, c’était beau !
Zidane apparaît, puis Nadal. Accompagné de trois autres des plus grands athlètes au monde, il s’en va rapporter la flamme afin qu’elle atteigne la vasque. La flamme passera entre les mains de nos plus grands athlètes, paralympiques aussi, femmes et hommes confondus, pour enfin arriver aux mains de Marie-Jo Pérec et Teddy Riner, qui ont ouvert le moment le plus émouvant de la soirée en enflammant la vasque. Et quelle vasque ! Que d’ingéniosité !
Enfin, l’apothéose. Celle que tout le monde attendait. Du haut de la Tour Eiffel. Brillant de mille feux. Céline. Qui interprète un monument de la chanson française. La plus grande chanteuse francophone de tous les temps pour la plus grande chanson française de tous les temps. Les larmes ont bien évidemment coulé sur les joues de milliers voire millions de gens. Céline, qui même dans un combat contre la maladie, revient après des années d’absence pour nous émerveiller. Et elle l’a fait ! Il n’y aurait pas eu meilleure manière de conclure cette cérémonie que par ce moment suspendu, hors du temps. Comme je le disais, par cette apothéose.
Peut-être aurez-vous l’impression que je n’ai fais que résumé la cérémonie d’ouverture. Mais non. Ce que je souhaite dire va bien au-delà du simple résumé des faits.
En effet, ma conclusion est celle-ci : une partie de la droite la plus radicale et l’extrême-droite a sûrement risqué de faire une ou deux syncopes ce vendredi soir. Il n’y a qu’à voir leurs réactions.
Alors cette cérémonie était-elle celle du mensonge ? Non. Absolument pas. Car la France c’est bien cela. Ce mélange des genres. Ce métissage. Ce vivre ensemble. Comme l’a si bien dit Tony Estanget lors de son discours : « En France, on est d’accord sur rien ». Mais nous devrions et devons être d’accord sur le fait que cette cérémonie grandiose, la meilleure de l’histoire des Jeux selon certains, représentait bien la France dans sa globalité.
Que l’on soit noir ou blanc, moche ou beau, gros ou maigre, grand ou petit. Que l’on soit handicapé ou non, né sur le sol français ou ailleurs. Que l’on soit homme ou femme. Que l’on soit un homme voulant mettre une robe et se maquiller ou une femme voulant mettre un costard cravate. Que l’on soit musicien ou danseur, que l’on vienne des quartiers défavorisés ou des quartiers chics. Qu’un homme soit amoureux d’un homme ou une femme d’une femme. Ou même qu’un homme aime une femme et un autre homme, et ainsi de suite. Que l’on soit ouvrier ou sportif. Et j’en passe.
Nous devons vivre ensemble, et je suis sûr que nous le pouvons.
Parce que la France, c’est ça. Tout ce que je viens d’énumérer formant un ensemble. Une seule et même nation. Parce que l’on aime notre Histoire et notre patrimoine communs. Parce que nous pouvons faire de grandes choses pour l’avenir. Ensemble.
La France n’est pas un pays de réacs. Elle n’est pas un pays où l’on doit constamment juger les autres, et ne pas les laisser libres de leurs choix et de leurs vies.
La France est une union.
Et nous devons continuer dans cette voie. N’en déplaise à l’extrême-droite ainsi qu’à l’extrême-gauche.
Ce chemin est difficile, nous en avons eu la preuve ces dernières semaines et ne sommes pas au bout de nos surprises. Mais pour l’amour de notre Patrie, de notre Nation, de notre devise. Pour le bien vivre ensemble. Pour faire barrage à l’injustice. Pour ne plus faire régner la peur. Pour que nous soyons tous au même niveau, nous devons mettre en pratique ce que nous avons vu vendredi soir. Nous le devons impérativement, au risque de voir notre pays sombrer ces prochaines années.
Merci à Thomas Jolly pour cette magie. Cette prouesse. Beaucoup n’y croyaient pas. Et finalement, devant plus d’un milliard de téléspectateurs, cela a été fait.
Merci d’avoir fait tout ce que vous avez fait, vous et vos équipes.
Merci d’avoir montré ce qu’est réellement la France : un pays de tolérance et d’inclusivité.