Ce mardi 16 septembre, le Théâtre des Champs Élysées accueille un concert du Münchner Philharmoniker sous la direction de Lahav Shani.
Nous appelons les artistes, travailleuses et travailleurs de la culture à reconnaître la validité de la décision prise par la direction du Gent Festival van Vlaanderen d’annuler ce même concert et de rejoindre la campagne de boycott culturel contre le génocide du peuple palestinien.
Le communiqué du Gent Festival van Vlaanderen est clair : « À la lumière de son rôle en tant que chef principal de l’Orchestre philharmonique d’Israël, nous ne sommes pas en mesure de fournir une clarté suffisante quant à son attitude vis-à-vis du régime génocidaire de Tel-Aviv (…) Compte tenu de l’inhumanité de la situation actuelle, qui suscite également des réactions émotionnelles au sein de notre propre société, nous estimons qu’il est indésirable de laisser ce concert avoir lieu. Nous avons choisi de préserver la sérénité de notre festival et de protéger l’expérience musicale de nos visiteurs et de nos musiciens. »
Malgré la clarté des propos du Festival, une pétition lancée le 10 septembre dernier l’appelle à revenir sur sa décision en prétextant que cette annulation ne serait motivée que par la nationalité de Lahav Shani. Nous alertons sur les écueils de cette pétition qui a reçu à ce jour près de 15 000 signatures et qui entretient l’idée selon laquelle toute forme de boycott de personnalités et d’institutions culturelles et académiques israéliennes serait antisémite.
Si Lahav Shani en sa qualité de directeur musical de l’IPO avait été français, chrétien, musulman, ou encore bouddhiste, notre appel au boycott aurait été le même.
Si un.e artiste ne peut être boycotté.e pour sa nationalité il ou elle peut l’être pour ses propos publics de soutien à une politique condamnable par les instances internationales. Faut-il rappeler l’éviction évidente de Valery Gergiev de la direction du Münchner Philharmoniker et des orchestres où il était invité pour avoir soutenu publiquement la politique de Vladimir Poutine contre l’Ukraine ?
Quelques semaines après l’attaque du Hamas le 7 octobre et dans la foulée de la réponse militaire israélienne “Épée de fer”, Lahav Shani, lors d’un concert “Israel Salute” en solidarité aux otages, a appelé à l’unité de la société israélienne derrière son armée (Tsahal) exprimant publiquement son soutien aux “soldats volontaires et simples citoyens, voisins et connaissances”. Il complète son discours : « La solidarité de toute la société israélienne est un rayon de lumière en ces temps sombres. L’ingéniosité, l’esprit de coopération et l’engouement des engagés volontaires nous inspirent et nous donnent de l’espoir. La solidarité est la source de notre force… Je nous souhaite à toutes et à tous des jours meilleurs. »
Cette peinture de “l’armée la plus morale du monde”, de son ingéniosité et de la ferveur qu’elle susciterait masque deux choses : les nombreuses critiques en Israël même du fonctionnement et des agissements de sa dite armée de “défense” (Israel Defense Forces = Israel Occupation Forces) ; les crimes de guerre pour lesquels cette armée est condamnée par les instances internationales depuis l’opération “Épée de fer” et ceux remontant avant le 7 octobre. Depuis le 7 octobre 2023, la Cour pénale internationale et la Cour de justice internationale ont émis nombre de mandats contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et ses états majors pour les crimes de guerre commis par les soldats de Tsahal à Gaza.
Malgré ces condamnations, Lahav Shani n’a pas changé son discours et son refus de répondre aux demandes de clarification du festival de Gand révèle sa posture institutionnelle complice. Alors non, nous ne condamnons pas Lahav Shani pour sa nationalité mais bien sur ses prises de positions et sa participation à la stratégie politico-culturelle qui vise à dévier l’attention de l’opinion publique des actes génocidaires commis par l’État d'Israël depuis bientôt deux ans.
Nous dénonçons par-là même le deux poids deux mesures que pratiquent les institutions qui accueillent aujourd’hui cette tournée du Münchner Philharmoniker. Monsieur le directeur du Théâtre des Champs-Elysées, quelle aurait été votre décision si Valery Gergiev avait dirigé le concert du mardi 16 septembre dernier ?
Nous dénonçons également les institutions musicales européennes qui aujourd’hui condamnent la décision institutionnelle du Festival de Gand en argumentant, comme le Centre européen de la musique, que la musique est un art décorrélé des affaires politiques et qu’elle “ne saurait être utilisée comme un champ de bataille, ni comme une arme de la “cancel culture”” sous prétexte d’être ce “langage universel qui transcende les frontières et qui relie les êtres au-delà des langues et des appartenances”. Cette posture universaliste fait fi de l’instrumentalisation politique par les régimes autoritaires ou par les institutions qui s’en rendent complices en bout de chaîne. En l’affaire, le partenariat du Münchner Philharmoniker avec Lahav Shani et l’IPO est un cas d’école.
Le Müncher Philharmoniker entretient une histoire de longue date avec l’IPO passant par des partenariats symboliques comme la nomination de Zubin Mehta au titre d’« Ehrendirigent » (chef d’orchestre d’honneur) ou encore des coproductions comme la double commande passée au compositeur Michael Seltenreich pour The Prisoner’s Dilemma. Cette collaboration entre les deux institutions est amenée à perdurer car Lahav Shani prendra la place laissée vacante par Valery Gergiev dès 2026 en gardant ses fonctions à l’IPO.
Le 8 mai dernier, les deux orchestres se sont retrouvés sous la direction de Lahav Shani pour un concert commun prônant la réconciliation à l’occasion des 80 ans de la fin de la Seconde guerre mondiale. Trois jours plus tôt, le 5 mai 2025, le cabinet de sécurité israélien avait approuvé une extension des opérations militaires visant à l’occupation complète de la bande Gaza. Le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, assurait alors officiellement "promouvoir le plan Trump visant au départ volontaire des habitants de Gaza » dans le but d’en faire une « Riviera du Moyen-Orient ». Avec ce concert du 8 mai 2025, l’IPO participe à une stratégie politico-culturelle de l’État d’Israël qui instrumentalise la célébration des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, et avec elle le souvenir des victimes de la Shoah, pour camoufler la phase finale du génocide qu’il entreprend sur le peuple palestinien et en prévenir toute critique qui seraient alors taxées d’antisémite.
Accuser le gouvernement israélien de « génocidaire » ne peut-être instrumentalisé pour qualifier d’antisémites celles et ceux qui emploient ce terme. Alors que la Cour internationale de Justice parle de « risque probable de génocide » en janvier 2024, l’entreprise israélienne qui fait suite à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a été qualifiée de génocide par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) dès décembre 2023, par l’organisation israélienne B’Tselem, par l'International Association of Genocide Scholars en septembre 2025, ainsi que par les rapporteurs de l’Organisation des Nations Unies.
En vue des virulentes critiques qui accusent à tort la direction du festival belge d’antisémitisme, accusation également formulée à l’égard des artistes et travailleur.euse.s des musiques savantes qui ont signé une tribune appelant les institutions qui les encadrent à garantir des positions sans équivoque face au génocide en cours dans la bande de Gaza, nous alertons sur le danger des allégations fallacieuses d’antisémitisme qui, par instrumentalisation, invisibilisent le véritable antisémitisme et alimentent tous les racismes.
Il ne devrait pas y avoir de musique là où règne l’injustice. C’est plus largement toutes les pratiques artistiques et culturelles qui ne sauraient être bafouées plus longtemps par celles et ceux qui entretiennent une complicité économique, académique et culturelle avec l’État d’Israël.
Nous appelons donc l’ensemble des institutions culturelles à refuser la complicité, à se ranger du côté du droit international et à faire œuvre de justice en rejoignant la campagne de boycott de l’État génocidaire israélien.
Nous refusons solennellement de faire mentir la musique et toute autre forme d’expression artistique en les mettant au service d’une propagande visant à diluer, justifier, blanchir ou divertir l’attention de l’occupation et de l’apartheid israéliens, et des autres violations du droit international, des droits humains, ainsi que des droits fondamentaux du peuple palestinien.
En plus de positions éthiques claires et alignées sur le droit international nous exigeons des institutions culturelles qu’elles prennent des mesures concrètes pour lutter contre le génocide du peuple palestinien. L’annulation et le boycott des concerts dirigés par Lahav Shani et des formations musicales liées à l’État d’Israël par la participation à sa politique culturelle comme le Münchner Philharmoniker, sont en ce contexte des actes de justice et d’humanité.
Nous appelons les artistes et les publics à exercer leur droit de retrait de toute production et toute institution qui remplissent les critères du boycott culturel.
{liste des signataires en bas de page}
This Tuesday, September 16, the Théâtre des Champs-Élysées will host a concert by the Münchner Philharmoniker under the direction of Lahav Shani.
We call on artists, cultural workers, and professionals to acknowledge the legitimacy of the decision taken by the management of the Gent Festival van Vlaanderen to cancel this same concert, and to join the cultural boycott campaign against the ongoing genocide of the Palestinian people.
The communiqué of the Gent Festival van Vlaanderen is unambiguous:
“In light of his role as Chief Conductor of the Israel Philharmonic Orchestra, we are not in a position to provide sufficient clarity as to his attitude towards the genocidal regime in Tel Aviv (…) In view of the inhumanity of the current situation, which also evokes emotional responses within our own society, we consider it undesirable to allow this concert to take place. We have chosen to preserve the serenity of our festival and to protect the musical experience of our audience and our musicians.”
Despite the clarity of the Festival’s statement, a petition launched on September 10 called on the festival to reverse its decision, arguing that the cancellation was based solely on Lahav Shani’s nationality. We must warn against the pitfalls of this petition, which has already gathered nearly 15,000 signatures, and which fuels the idea that any form of boycott of Israeli cultural and academic figures or institutions is inherently antisemitic.
If Lahav Shani, in his role as Music Director of the IPO, had been French, Christian, Muslim, Buddhist, etc., our call for a boycott would have been exactly the same.
If an artist cannot be boycotted for their nationality, they can be boycotted for their public statements in support of a policy condemned by international bodies. One need only recall the obvious removal of Valery Gergiev from the leadership of the Münchner Philharmoniker and other orchestras where he was engaged, following his public support of Vladimir Putin’s policy against Ukraine.
A few weeks after the Hamas attack of October 7 and in the wake of Israel’s military response, Operation Iron Swords, Lahav Shani, during a solidarity concert for the hostages entitled Israel Salute, called for unity of Israeli society behind its army (the IOF), publicly expressing support for “volunteer soldiers and ordinary citizens, neighbors and acquaintances.” He added: “The solidarity of the whole of Israeli society is a ray of light in these dark times. The ingenuity, cooperative spirit, and enthusiasm of the volunteers inspire us and give us hope. Solidarity is the source of our strength… I wish us all better days.”
This portrayal of “the most moral army in the world,” of its ingenuity and the fervor it supposedly inspires, conceals two things: the many criticisms voiced within Israel itself about the functioning and actions of its so-called Defense Forces; and the war crimes for which this army has been condemned by international bodies since Operation Iron Swords, as well as crimes predating October 7. Since October 7, 2023, the International Criminal Court and the International Court of Justice have issued multiple warrants against Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu and his general staff for war crimes committed by IOF soldiers in Gaza.
Despite these condemnations, Lahav Shani has not changed his discourse, and his refusal to respond to the Gent Festival’s requests for clarification reveals his institutional complicity.
We therefore state clearly: we are not condemning Lahav Shani for his nationality, but for his public positions and his active participation in the politico-cultural strategy that aims to divert public opinion from the genocidal acts committed by the Israeli army for nearly two years.
We also denounce the double standards of the institutions hosting this Münchner Philharmoniker tour. Mr. Director of the Théâtre des Champs-Élysées, what would have been your decision had Valery Gergiev conducted the concert of Tuesday, September 16?
We denounce, as well, the European musical institutions that today condemn the institutional decision of the Gent Festival, arguing—as the European Music Centre has—that music is an art removed from politics, that it “should neither be used as a battlefield, nor as a weapon of cancel culture,” under the pretext that it is this “universal language that transcends borders and connects people beyond languages and affiliations.” Such a universalist posture ignores, consciously or unconsciously, the political instrumentalization by authoritarian regimes or by institutions complicit down the line. In this case, the partnership of the Münchner Philharmoniker with Lahav Shani and the IPO is a textbook example.
The Münchner Philharmoniker has long maintained ties with the IPO, through symbolic partnerships such as Zubin Mehta’s appointment as Ehrendirigent (Honorary Conductor), and joint commissions such as the double commission to composer Michael Seltenreich for The Prisoner’s Dilemma. This collaboration is set to continue, since Lahav Shani will take over the position left vacant by Valery Gergiev in 2026, while retaining his functions at the IPO.
On May 8, the two orchestras performed together under Lahav Shani in a concert promoting reconciliation on the 80th anniversary of the end of the Second World War. Yet just three days earlier, on May 5, 2025, Israel’s security cabinet had approved an extension of military operations aimed at the full occupation of the Gaza Strip. Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu officially declared he would “promote the Trump plan for the voluntary departure of Gaza’s inhabitants,” with the stated aim of turning it into a “Middle Eastern Riviera.”
With the May 8, 2025 concert, the IPO participated in Israel’s politico-cultural strategy: exploiting the commemoration of the end of World War II—and with it the memory of Holocaust victims—to conceal the final phase of the genocide against the Palestinian people, while shielding it from criticism that would then be branded antisemitic.
Accusing the Israeli government of genocide cannot be weaponized to label as antisemitic those who use this term. While the International Court of Justice spoke in January 2024 of a “plausible risk of genocide,” Israel’s actions following Hamas’s attack on October 7, 2023 were described as genocide by the International Federation for Human Rights (FIDH) in December 2023, by the Israeli organization B’Tselem, by the International Association of Genocide Scholars in September 2025, and by United Nations rapporteurs.
In light of the virulent criticism wrongly accusing the Belgian festival’s management of antisemitism—an accusation also directed at artists and workers in classical music who signed a recent tribune calling on their institutions to adopt unequivocal positions on the ongoing genocide in Gaza—we must warn against the danger of such false allegations of antisemitism. By their instrumentalization, they obscure real antisemitism and fuel all forms of racism.
There should be no music where injustice prevails. More broadly, no artistic or cultural practice should be trampled on any longer by those who maintain economic, academic, and cultural complicity with the State of Israel.
We therefore call on all cultural institutions to refuse complicity, to stand on the side of international law, and to act in justice by joining the boycott campaign against the genocidal State of Israel.
We solemnly refuse to let music—or any other artistic expression—be used in the service of propaganda aimed at diluting, justifying, whitewashing, or distracting from Israel’s occupation, apartheid, and other violations of international law, human rights, and the fundamental rights of the Palestinian people.
Beyond clear ethical positions aligned with international law, we demand that cultural institutions take concrete measures to resist the genocide of the Palestinian people. The cancellation and boycott of concerts conducted by Lahav Shani and of musical formations tied to the State of Israel through its cultural policy—such as the Münchner Philharmoniker—are, in this context, acts of justice and humanity.
We call on artists and audiences alike to exercise their right to withdraw from any production or institution that falls within the scope of the cultural boycott.
Liste des premiers signataires :
Judith Abensour – enseignante
Jocelyne Abry
Marta Atcher – musicienne
Manon Azem – comédienne
Alain Baillon
Helavy Behl - photographe plasticienne
Sajoua Bentayeb
Esther-Helin Bienroth - costumière
Anna Baudot
Bousmaha Bendida - enseignant
Benjamin Beraud – journaliste
Anatole de Bodinat – comédien
Gabriel Boutan – membre de Tsedek
Natan Bouzy – danseur
Adam Broomberg – photographe
Joanne Chaix
Frah Charon – musicien
Elvire Chesneau – ingénieur.e du son
Keyvan Chemirani – musicien
Camille Clavel – réalisateur
Anne Casile – chercheuse
Pauline Creuzé – artiste plasticienne
Charles-Alexandre Creton – dramaturge, metteur en scène
Emmanuel Coupel
Orane Dacher
Eric Dacher
Abir Dandachi – traducteur/interprète
Jean-Louis Delahaut – musicien
Miriam Delorme - Membre de l’UJFP
Thaïs Derradji - réalisatrice
Inès Djia - productrice musicale
Victoire du Bois – comédienne réalisatrice
Joss Dray – photographe
Iñaki Encina Oyón – musicien, chef d’orchestre
Daniela Escobar Franco
Nassim Farah – ingénieur
Pau Fernández Benlloch - musicien
Inès Ferrand-Pérez – agente artistique
Sara Maria Fantini – musicienne
Michela Frigiolini - activiste lesbienne Act Up Paris 1992
Nicolas Fromonteil – musicien
Tony Garnier – comédien, metteur en scène
Soraya Garlenq – comédienne
Mojgan Ghanipour – fiscaliste
Raphaël Grisey – réalisateur
Sarah Guefif – musicienne
Sam El Hayek – scénographe
Myrtille Hetzel – musicienne
Maïa Jancovici – artiste plasticienne
Alice Julien-Laferrière – musicienne
Nathanaël Kahn – musicien
Sophie Kele
Saïda Kitar – peintre décoratrice
Mirna Kovacevic
Peter Lakovic - musicien
Mylène Lacoste
Romain Louveau – musicien
Léopold Laforge – musicien
Adam Laloum – musicien
Jérémie Lapeyre – musicien, DJ
Alexandra Lecocq – musicienne
Marion Lièvre
Pacôme Malary – perruquier-maquilleur
Hicham Mansouria
Félix Maritaud – comédien
Lucyna Moari
Johanna Mimoun
Yoram Moati
Shanti Mouget – danseuse
Sepideh Nikoukar – musicienne
Jean-Yves Oulhen
David Passegand – artiste lumière
Virgile Pellerin – musicien artiste créateur
Estelle Persiaux – musicienne
Gabriel Pidoux – musicien
Nicolas Pouyanne – musicien
Frédérique Pressmann – réalisatrice
Lucie Querette
Fabrice Riceputi – historien
Camille Raccah – membre de Tsedek
Jean Rondeau – musicien
Chloé Rossignol
Sascha
Marion Slitine – enseignante chercheuse
Stephen Suffern – avocat
Diane Sultani M – illustratrice
Claire de Darine - musicienne
Prune Vandaele
Daniel Vincent
Dror Warschawski - chercheur
Benjamine Weill – philosophe
Pauline Weber - Enseignante
Maud Wyler – comédienne
Bruce Ykanji – danseur
Simon Zaborski - artiste
Samir Zattouta – comédien
5 signataires ont souhaité rester anonymes