Monsieur le Directeur,
Suite au courrier que nous vous avons envoyé le 14 octobre dernier, nous vous reformulons notre invitation à considérer l’annulation de la venue de Lahav Shani le 30 novembre prochain pour diriger l’Orchestre de Rotterdam et Martha Argerich ainsi que l’annulation du concert du Jerusalem Quartet prévu le 16 janvier prochain. Nous vous rappelons que notre demande s’inscrit légalement et légitimement dans les lignes du droit international, de la campagne palestinienne de boycott académique et culturel d’Israël (PACBI) lancée en 2004 et de la campagne de boycott désinvestissement et sanction (BDS) dont les lignes sont très claires : nous n’appelons pas à boycotter des artistes du fait de leur nationalité israélienne mais du fait de leur participation institutionnelle à la politique d’effacement des vies palestiniennes orchestrée par l’État israélien.
En ce qui concerne Lahav Shani, il a renouvelé en janvier 2025 son contrat de directeur musical d’un orchestre qualifié par son secrétaire général d’ « ambassadeur culturel de l’État d’Israël », en plein génocide. De plus, le 6 novembre dernier à la Philharmonie de Paris, il a dirigé en second bis l’hymne de l’État d’Israël fédérant dans l’audience un grand nombre de complaisant.e.s de la politique de l’État génocidaire. Les musiciens du Jerusalem Quartet jouissent quant à eux d’un statut de musiciens émérites de l’armée israélienne (IDF) condamnée par les instances internationales avant et après le 7 octobre 2023 pour crimes de guerre et crimes de génocide contre le peuple palestinien. Ces artistes participent de fait à la politique de Brand Israel mise en place par le ministère des affaires stratégiques d’Israël permettant à l’État de se présenter en occident comme « la seule démocratie au Moyen-Orient » en maquillant les crimes dont il est coupable dans les territoires voisins et occupés illégalement. À l’heure où nous vous écrivons, Israël poursuit ses bombardements au Liban et en Palestine et le parlement israélien (Knesset) a voté en première lecture un texte de loi rétablissant la peine de mort pour les prisonnier.e.s palestinien.ne.s.
Accueillir ces artistes dans nos salles relève d’un acte politique comme en témoigne l’engouement de l’extrême droite autour des événements du 6 novembre dernier. Cet acte politique ne peut être contrebalancé par la présence dans votre programmation d’artistes palestinien.ne.s que vous mentionniez dans votre réponse à notre courrier comme la cheffe d’orchestre Lamar Elias, le Trio Joubran et le Quatuor Galilée. Contrairement aux membres de l’Israel Philharmonic Orchestra et à ceux du Jerusalem Quartet, ces artistes palestinien.ne.s n’agissent aucun agenda politique palestinien.
Lorsque nos états ne prennent aucune mesure concrète pour mettre fin au génocide du peuple palestinien dans la bande de Gaza, à la politique d’apartheid et à la colonisation illégale ; lorsqu’un colloque scientifique au Collège de France sur la Palestine est annulé sous pression ministérielle alors que le Sénat abritera lui-même un colloque financé par le ministère des affaires étrangères israélien : lutter contre la normalisation des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité devient une obligation citoyenne.
C’est au nom de cette obligation que nous condamnons l’important dispositif policier mis en place le 6 novembre dernier interdisant toute forme de rassemblement et de liberté d’expression autour de la Philharmonie - contrairement à ce que vous affirmez dans votre communication à vos salarié.e.s. Nous condamnons également l’acharnement judiciaire à l’encontre des militant.e.s pacifistes, acharnement renforcé par la plainte déposée par votre institution alors que les violences physiques subies par ces derniers restent à ce jour impunies. Là encore, dans votre communication au personnel, vous entretenez la criminalisation des voix qui dénoncent le génocide en cours et les rendez responsables de la violence et de la répression qu’elles subissent. C’est encore un acte politique. Abandonner les charges contre ce militants rétablirait la vérité des faits dans votre discours.
En annulant la venue de Lahav Shani et du Jerusalem Quartet, vous vous placerez du côté du droit international, vous alignerez votre institution avec les valeurs humanistes que vous prétendez défendre et agirez pour la possibilité de la paix, dont la justice est le préalable. Tel est le pouvoir qui est entre vos mains aujourd’hui.
Espérant que notre appel sera entendu.
M. Director,
Following the letter we sent you on 14 October, we are reiterating our invitation for you to consider cancelling the appearance of Lahav Shani on 30 November, where he is scheduled to conduct the Rotterdam Orchestra and Martha Argerich, as well as the concert by the Jerusalem Quartet scheduled for 16 January. We remind you that our request is both legally and legitimately grounded in international law, in the Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (PACBI), launched in 2004, and in the Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) campaign, whose principles are very clear: we do not call for a boycott of artists on the basis of their Israeli nationality, but because of their institutional participation in the State of Israel’s policy of erasing Palestinian lives.
As regards Lahav Shani, he renewed in January 2025 his contract as Music Director of an orchestra described by its Secretary General as a “cultural ambassador of the State of Israel” — in the midst of a genocide. Furthermore, on 6 November at the Philharmonie de Paris, he conducted the Israeli national anthem as a second encore, rallying many sympathisers of the genocidal State’s policy within the audience. The musicians of the Jerusalem Quartet, for their part, hold the status of distinguished musicians of the Israeli army (IDF), which has been condemned by international bodies both before and after 7 October 2023 for war crimes and crimes of genocide against the Palestinian people. These artists therefore actively participate in the “Brand Israel” policy implemented by Israel’s Ministry of Strategic Affairs, which enables the State to present itself in the West as “the only democracy in the Middle East” while concealing the crimes it commits in neighbouring and illegally occupied territories. At the time of writing, Israel continues its bombardments of Lebanon and Palestine, and the Israeli Parliament (Knesset) has passed, in its first reading, a bill reinstating the death penalty for Palestinian prisoners.
Welcoming these artists into our concert halls constitutes a political act, as demonstrated by the enthusiasm of far-right circles surrounding the events of 6 November. Such an act cannot be offset by the inclusion in your programme of Palestinian artists, such as conductor Lamar Elias, the Joubran Trio and the Galilee Quartet, whom you mentioned in your reply to our letter. Unlike the members of the Israel Philharmonic Orchestra and the Jerusalem Quartet, these Palestinian artists do not represent or promote any political agenda.
When our governments take no concrete measures to put an end to the genocide of the Palestinian people in Gaza, to the apartheid regime, and to illegal colonisation; when a scholarly symposium on Palestine at the Collège de France is cancelled under ministerial pressure while the Senate itself hosts a conference funded by the Israeli Ministry of Foreign Affairs — then resisting the normalisation of war crimes and crimes against humanity becomes a civic duty.
It is in the name of this duty that we condemn the heavy police presence deployed on 6 November, which prohibited any form of gathering or freedom of expression around the Philharmonie — contrary to what you claimed in your communication to your staff. We also condemn the judicial persecution of the peaceful activists, a persecution intensified by the complaint lodged by your institution, even as the physical violence inflicted upon those activists remains unpunished. Once again, in your internal communication, you perpetuate the criminalisation of voices denouncing the ongoing genocide by holding them responsible for the violence and repression they endure. That too is a political act. Dropping the charges against the activists would restore the truth of the events in your discourse.
By cancelling the appearance of Lahav Shani and the Jerusalem Quartet, you would stand on the side of international law, align your institution with the humanist values you claim to uphold, and act in favour of the possibility of peace — of which justice is the essential precondition. Such is the power that lies in your hands today.
We hope that our appeal will be heard.
Liste des premiers signataires :
Artistes pour la Palestine - France
BDS France
Tsedek! - Collectif juif décolonial
UJFP
M'Hand Abadou
Louise Acabo musicienne
Lynn Adib musicienne
Philippe Aïn retraité
Salah Al Hamdani écrivain, Poète et Homme de Théâtre
Sirine al Husseini Coles entrepreneuse
Mehdi Al-Tinaoui musicien
Tuna Altinel maître de conférences
Camélia Amri enseignante
Noelle Antoniazzi
Malika Aroussi retraité
Mélissa Arra
Marie-Danielle Arrivet
Mathilde Asenci cuisinière
Faustine Aziyadé chorégraphe
Benoît Bachus musicien
Bonnie Banane artiste
Philippe Barbedet
Sonia Baroud gestionnaire cpam
Julie Baschet
Sandrine Bascoul psychologue
Neela Batantou-Zola étudiante
Jules Beckman artiste
Louise Béguin Pasquelier
Nadida Belefdil
Kenza Belkadi artiste travailleuse culturelle
Colette Bellanger retraitée
Marion Bellanger assistante commerciale
Marina Belney Ruiz
Antoine Bénassy musicien
Guy Béney chercheur
Djamal Benmerad journaliste
Augustin Bertaux ostéopathe
Renée Blancheton-Sciller retraité
Jérémie Bobichon technicien
Noémie Bodet assistante projet éducatif - Philharmonie de Paris
Gaëlle Boissard illustratrice
Antonin Bonnal musicien
Jean-François Bonnel musicien
Salima Boudia médecin
Malika Bounoua médecin
Jacques-Marie Bourget journaliste
Pascale Brachet retraité
Fanny Brisson traductrice
Léo Brunet musicien
Myriam Bulloz musicienne
Tina Burckhardt psychologue
Geneviève Calise chanteuse
Marcia Camargos écrivaine
Patrick Cantat retraité
Thibald Chalas étudiant
Sylviane Champ professeur de lettres classiques
Sandrine Chazal musicienne
Yves Chillard
Alexis Ciesla musicien
Étienne Clauzel ingénieur du son
Vincent Commaret musicien
Giulia Cordier
Eline Cottenceau habilleuse
Michèle Courvoisier musicienne
Charles-Alexandre Creton metteur en scène
Tas Dah médecin
Daniel Dalla Guarda retraité
Jean-François Daniau retraité
Claude Darbellay musicien
Florestan Darbellay musicien
Laudine Dard musicienne
Monique David-Loriette retraitée
Jean-Louis Delahaut musicien
Geneviève Delanné comédienne
François Delfaud chef d'entreprise
Joel Delhom enseignant chercheur
Philippe Deloumeau
Geoffroy Delori enseignant
Nagette Derrouiche
Alain Desjardin
Fabrice Desprez
Julien Desprez artiste
Jérôme Devaud musicien
Bernard Devin retraité
Flora Diguet metteuse en scène et actrice
Clément Doumouro ingénieur
Francis Dubois retraité
Céline Dupeir retraitée
Clément Duquenne photographe
Gaultier Durhin réalisateur
Adrien Dwd consultant
Sami El Masri technicien
Iñaki Encina Oyón chef d'orchestre
Catherine Estrade chanteuse
Patrick Faivre retraité
Gael Fajeau
Elli Farazi
Nadia FArouki
Catherine Ferrari
Aicha Fiance comédienne
Stefano Fogher artiste
Marie-Pierre Fournier enseignante
Emmanuelle Frantz musicienne
Alain Frappier dessinateur
Désirée Frappier scénariste
Lorélia Freckh DJ
Marie-Paule Fristot retraitée
Elisabeth Fulton enseignante
Mauro Gargano musicien
Tom Garnier statisticien
Simon Gast régisseur
Thalia Gauch chargée de projet
Nadia Ghanem psychologue
Doriane Gigant assistante marketing
Catherine Gihaut infirmière
François-Xavier Gilles
Raphael Ginzburg musicien
Alfie Girard musicienne
Wallis Giunta musicienne
Yumi Gosselin musicienne
Damien Götti
Mylène Grau ingénieure du son
Nathalie Grandet enseignante
Marie Grégoire retraitée
Laurent Grisel poète
Matthieu Groetzinger avocat
Mira Gruszow luthière
Daniel Guerrier journaliste
Malik Gujic
Adèle Haenel comédienne
Christon Hansma métiers du livre
Anton Hanson musicien
Krimo Hariti enseignant
Imane Harmali
Louise Heem réalisatrice
Simon Henocq musicien
Elodie Henry
Sonia Hrechorowicz musicienne
Karin Hull
Nathan Hurstel
Saliha Ibersienne
Johanna Iolov
Bidhan Jacobs cadre de la fonction publique
Maurice Jouenne
Pierre Joseph musicien
Yann Joussein musicien
Monique Kaiser retraitée
Lila Khier
Robinson Khoury musicien
Pierre Korzec retraité
Joumana Krayker enseignante chercheuse
Isabelle Krzywkowski universitaire
Khadija la Combattante
Marc Lacroix
Annie Lacroix-Riz Professeur émérite d’histoire contemporaine, Paris-Cité (ex-Paris 7)
Adam Laloum musicien
Pierre Landois
Pierre Landy musicien
Jérémie Lapeyre musicien DJ
Louise Lapierre musicienne
Claire Lartillot
Pierre Le Cam retraité
Morgane Le Cuff musicienne
Enora Le Grognec--Noblet étudiante ingé sin
Gael Le Grognec--Noblet
Jean-Claude Lecas comédien
Michelle Lecolle professeur
Alice Lefort habilleuse
Hélène Lequeux artiste
Didier Lestrade
Laurent Levard agronome
Samuel Levy retraité
Philippe Lewandowski retraité
Salla Lintonen actrice
Constance Louis
David Ernest Mac Carthy compositeur
Fériel Ambre Magnier Slimani
Rafaelle Maison professeur
François Malandrin musicien
Marie-Christine Marella professeur de piano
Marine Thiery chargée de communication
Dominique Marion retraité
Ernesto Martinez Morales
Geneviève Massard-Guibaud historienne
Jawher Matmati compositeur
Odile Maurin élue municipale
Hadjer Medjebeur photographe
Jaqueline Merville autrice
Juliette Mey musicienne
Maud Mialon étudiante
Monique Michaëllis
Vincent Michel retraité
Sébastien Michelot
Clément Miklarz enseignant
Geneviève Millet retraitée
Jean-François Millet retraité
Ljiljana Milosavljevic retraitée
Marie-Liesse Molin
Gabriel Moreau retraité
Benjamin Moreau musicien
Marie Mouihi animatrice culturelle
Mohamed Najem musicien
Nessa Nalin sculptrice
Barbara Niederer chargée de recherche
Sepideh Nikoukar musicienne
Camille Ninin étudiante
Florence Noblet
Chantal Noblet retraitée
Patrice Noblet retraité
Frédéric Nortès
Myriem Nouali-Gegauff
Faiz Nuiri retraité
Emma Oldfield musicienne
Béatrice Orès retraitée
Talita Otovic artiste compositrice
Alice Ouary
Giacomo Oudin musicien
Manon Papasergio musicienne
Pierre Parent maître de conférence
Sylvie Pébrier musicologue
Lolita Pedroso retraitée
Arne-Christian Pelz musicien
Myriam Périssé
Bernadette Périssé
Judicaëlle Perrot réalisatrice de documentaires
Noé Petiot luthier
Agnès Petite enseignante formation musicale
Gabriel Pidoux musicien
Arnaud Pierret cadre
Sébastien Piettre musicien
Monique Pineau retraitée
Anne Pinzuti pédiatre
Jennifer Pio musicienne
Christophe Pons musicien
Anna Pourchot aquarelliste sculpteur
Olivier Quinbetz
Danielle Racoules retraitée
Damayanthi Ravindher danseuse
Denis Rey
Genevièvre Richard
Théo Rigollet cuisinier
Jean-Baptiste Ringwald
Eve Risser Musicienne
Danièle Robert autrice et traductrice
Victor Robin musicien
Jean Rondeau musicien
Cécile Roubin musicienne
Jean-Jacques Ruhlmann musicien
Laura Saglio
Louise Saint Pol
François Samson-Dunlop auteur de bandes dessinées
Ludmila Schwartzwalder musicienne
Louis Sé comédien
Charma Serbah retraité
Ouarda Sherbah retraitée
Rajah Sharara psychologue
Marie Slimane musicienne
Marion Slitine chercheuse
Aziz Smaïhi retraité
Stan Squires retraité
Pierre Stambul auteur
Linh Stouvenot-Josse étudiante
Léa Szapiro
Christian Tarting écrivain
Christian Tezenas musicien
Giulio Tosti musicien
Jean-Marc Turine retraité
Elisabeth Vallot retraitée
Juan Vazquez psychologue
Richer Verdier retraité
Véronique Verdon retraitée
Sankalpo Viret musicien
Jean-Yves Vlahovic retraité
Anna-Mareike Vohn Musik für Menschlichkeit
Blandine Waidi comptable
Gerda Walter retraitée
Maud Wyler actrice
Raymond Zarek