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Billet de blog 23 juin 2016

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Le Lecteur du parc 3 - Alchimie

Protégé du tumulte sous ma mansarde avant les grosses chaleurs, le lecteur du Parc a désormais un nom…

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Illustration 1
ARySQUE - épisode 3. Alchimie. Dessin sur ipad © ARySQUE

« Laisse parler tes doigts intérieurs », disait l’immense Egon Schiele qui peignait des mains gigantesques torturées comme des âmes.
Qui es-tu petit bonhomme ? J’ai rêvé de toi comme d’un Petit Prince mais tu ne peux pas être lui puisqu’il a déjà été et que ma mission inutile à moi, c’est justement d’inventer du neuf.  
Alors, qui es-tu dans ton silence tout blanc ?

Illustration 2
Le Lecteur du parc. En cours © ARySQUE

Le lecteur s'agaçait de mes atermoiements et déclara, péremptoire :

- Commence par me donner un nom !

- Si tu crois que c’est facile…

 - Cherche. 
Je veux qu’il soit international !

- Ah oui ? Et pourquoi ?

- D’abord, c’est la classe ! Et puis, c’est comme ça : dans un monde globalisé, je revendique d’être un citoyen du monde.

- Non mais c’est pas possible ! Déjà que tout le monde pense que je débloque à discuter avec toi… 
Citoyen du monde… Et puis quoi encore ?!

- Je suis sérieux. Essaie. 

- Mais je suis nulle en langues, en plus ! 

- Oh eh ! c’est toi qui m’as présenté, avant ma naissance, comme quoi je serai le témoin du multiculturalisme, un truc sur la mémoire, le vivre ensemble et je ne sais quoi encore… Maintenant, assume !

- Je pourrais t’appeler Man. Je veux dire : tu vas être habillé de mots, de textes articulés ; c’est un peu notre spécialité à nous, les hommes…

 - Va pour Man. Mais bon, tu vas pas m’appeler « Eh man ! »… C’est quand même super impersonnel. 
Disons que Man, c’est mon nom de famille. Genre, Man : famille des homininés, génération Sapiens, etc. Mais ça ne fait quand même pas de moi quelqu’un de bien particulier.

- OK. J’ai compris : tu veux un prénom…

- Bon allez, je t’appellerai You. You, parce que c’est toi… et puis, parce que c’est simple.

- Pourquoi pas Sam, pendant que t’y es ? ou Tom ? 
Non. Je veux un prénom qui ne soit pas européen ou anglo-saxon… un patronyme qui vienne de partout. Tu vois, un truc styleeeeeeeuh, je sais pas moi… 

 - Yu ? Y – U ?

- Yu, façon à la chinoise ?

- Ben oui, Yu Man… Ca sonne pas mal ?

 - Graaaaaaave !


Yu Man était ravi et son enthousiasme était un bain de jouvance. 
Alors, j’ai commencé à lui apprendre tout ce que je savais. Je lui ai donné les premiers secrets de ma langue pour lui construire doucement une identité. Il y avait là des fourmis de dix-huit mètres, des amis que vent emporte, une souris verte, des araignées qui tricotaient des bottes et même des jours où c’était la nuit…

Illustration 3
Le Lecteur du parc (détail). En cours © ARySQUE

Ensuite, c’est devenu plus sérieux. Mais sincèrement, c’était plus que réjouissant de commencer par ces petits jeux qui font la langue délicieuse pour les enfants gourmands. Avec cette mise en bouche, j’espérais que Yu Man goûterait toutes les langues et tous les idiomes, qu’il aimerait leur musique et leur sens. C’était le moins que je pouvais faire en matière d’éducation : préparer la mixture pour que s’opère peut-être, l’ « Alchimie du verbe ».

Illustration 4
Le Lecteur du parc. En cours © ARySQUE

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