Ceci est un témoignage personnel adressé aux autorités, exprimant une indignation légitime suite à un manquement ressenti dans un contexte de crise.
Honte à vous.
Vous qui êtes censés représenter la France, vous qui vous réclamez de la devise Liberté, Égalité, Fraternité, vous qui avez pour mission de garantir la sécurité de vos ressortissants, ceux-là mêmes qui paient impôts et taxes et portent un passeport français dans l’espoir de bénéficier de la protection d’un pays qui se dit puissance mondiale… honte sur vous.
Depuis le début de la guerre en Iran, vous avez laissé une citoyenne française livrée à elle-même. Elle ne s’y trouvait pas par choix touristique, mais par devoir familial : elle était venue en aide à ses parents âgés et malades, eux qui, depuis 40 ans, ont investi en France sans jamais recevoir autre chose que de simples cartes de séjour. Et lorsqu’est venu le moment d’avoir besoin de la France, elle s’est retrouvée seule.
Honte à vos numéros d'urgence, longtemps disponibles uniquement du lundi au vendredi, comme si le danger respectait les horaires de bureau. Savez-vous seulement ce que signifie le mot "urgence" ?
Et quelle assistance, au juste ? Quand la seule réponse apportée par vos services, ce sont des phrases toutes faites : "Restez chez vous", "Nous n’avons pas plus d’informations pour le moment" — récitées par des agents mal formés, mal informés, incapables de faire preuve de la moindre empathie envers ceux qui se retrouvent coincés sous les bombardements.
Une de vos agentes, au téléphone, m’a indiqué — pour la énième fois — qu’il fallait « évacuer Téhéran ». Mais sans avoir la moindre idée de la géographie du pays, des distances entre la capitale et les frontières voisines, des problèmes d’approvisionnement en essence, des zones sous tension. Ces consignes, répétées sans réflexion, témoignent d’un décalage complet avec la réalité du terrain. Ce que vous appelez assistance, ce sont des injonctions abstraites, dictées depuis un bureau à Paris. Vous ne conseillez pas : vous donnez des consignes déconnectées du terrain. Et vous mettez des vies en danger.
Et lorsque nous avons demandé pourquoi aucun convoi terrestre sécurisé n’était prévu, un agent m’a répondu qu'« il y a beaucoup de personnes âgées et vulnérables parmi les ressortissants français en Iran, qui ne peuvent pas faire 10 heures de route ». Mais dans quel monde est-ce une justification ? Justement parce qu’ils sont vulnérables, ils devraient être prioritaires. On ne peut pas se servir de leur fragilité pour excuser l’inaction. Il fallait prévoir des dispositifs adaptés, des transports médicaux, des solutions encadrées. Ne rien prévoir, c’était les exposer. C’est inacceptable.
Et votre seule solution, invariablement répétée, c’était : « On va vous envoyer un mail ». Dans un pays où les coupures d’internet sont fréquentes et délibérées en temps de guerre, c’est tout simplement absurde. C’est une illusion d’assistance, un geste vide.
Par nos propres moyens, nous avons identifié un itinéraire vers l’Azerbaïdjan. Mais vous nous avez découragés : « Aucun protocole n’est en place, c’est dangereux ». Trois jours plus tard, un agent a rappelé avec une solution. Trop tard.
Ma mère, citoyenne française, a fait 900 km seule en voiture jusqu’à la frontière turque. Puis encore des centaines de kilomètres jusqu’à la première ville turque. Sans escorte, sans garantie, sans prise en charge. Sa famille a dû organiser un hébergement, un vol commercial complet. Aucune assistance concrète n’a été apportée.
Vous affirmez avoir déployé des équipes aux frontières turques et arméniennes. Ma mère était à la frontière turque. Elle n’a trouvé personne. Sur le terrain, il n’en était rien.
Vous n’agissez que lorsque le Président convoque un Conseil des ministres et change un ambassadeur. Et encore : trop tard.
Vous vous revendiquez de l’Union européenne, mais vous avez été incapables d’anticiper une entraide entre États membres. Parce que cela a un coût ? Parce que cela demande du courage ?
Aujourd’hui, ma mère est sortie d’Iran grâce à elle-même et à ses enfants. Votre seule action ? L’avoir inscrite sur Ariane.
Et bientôt, vous paraderez peut-être dans les médias. Mais nous, nous n’oublierons pas : votre silence, vos réponses automatiques, votre absence.
Pendant ce temps, de nombreux autres pays ont pris des mesures concrètes pour rapatrier leurs ressortissants. De votre côté, aucune réponse visible ni action concrète n’a été constatée sur le terrain.
Et cela, dans un pays que vous qualifiez vous-mêmes de zone à risque. Cette connaissance imposait d’anticiper l’éventualité d’un conflit. Vous n’avez rien prévu. Pas de stratégie. Pas de protocole. Pas de scénario d’évacuation. Alors à quoi servez-vous ?
Votre mission prend tout son sens dans ce type de crise. Vous étiez attendus. Vous étiez absents.
Et cela, personne ne l’oubliera.
Honte à vous.