Que certains libraires soient tombés dans le panneau, je n’y crois pas. Il y a plusieurs usages dans cette profession. La première s’est de mettre en avant le champion, celui qu’on vous demande le plus, de lui faire de la place. Il y a une autre manière plus critiquable certes qui veut qu’on travaille avec les commerciaux d’une maison d’édition en amont pour appuyer ou soutenir un phénomène pressenti par l’éditeur. Que de gros libraires tombent dans un piège aussi énorme surprend. « J’y crois pas », le livre que Renaud Camus n’ose même pas reconnaître et signer est un leurre étonnant qui voudrait profiter de la position qu’a acquis avec le temps le livre de Hessel. C’est un leurre parce c’est un mensonge. Ce n’est pas une réponse à Hessel et il n’a donc pas sa place à côté de lui. C’est ce qu’il appelle pour parler encore une fois en mentant du livre de Hessel, « un tract politique ». C’est le manifeste peu franc de son fondateur qui joue le jeune blanc pauvre et sacrifié dans lequel on ne se reconnaît pas une seconde en jouant le « cool », ce qu’il exècre et dénonce. Non seulement, c’est un mensonge mais c’est aussi une casuistique insidieuse qui sans cesse se défend de ce qu’elle est : une abomination. Le voilà, le fameux réveil de l’occident, il est bien moche, lâche et blafard, honteux. Une fausse candeur cache un monceau d’immondices. De quelle lucidité ce livre est-il le nom ? Il devrait intégrer le front national plutôt que de se déclarer ainsi autonome car ce n’est que le maquillage d’un discours frontiste. C’est du même tonneau, père et fille. C’est une mauvaise mise en scène d’un discours absolument rabâché et inauthentique. A dénoncer un autre aveuglement idéologique, il peut par un jeu de masque nullissime s’afficher comme la victime au milieu des victimes, un nouveau bréviaire victimaire et nauséabond. On flaire bien là dedans d’où vient le seul mal de la société. De son château bien confortable, il doit prendre une forme étrange et fantasmée. On apprécie aussi la menace : « Ouf ! On verrait bien demain. » C’est le livre d’un parti et jamais Hessel n’a montré du doigt qui que ce soit ou signé au nom d’un parti. Indignez-vous ne prétendait rien expliquer et abattre la faute sur personne. Là, vous aurez très vite tout compris. De cause, il n’y en a qu’une que l’auteur n’a même pas le courage de dire. Faux exégète de Hessel, ce n’est pas le livre d’un « quidam » mais la bile de Renaud Camus que quelques apôtres ont réclamé en libraire une semaine avant sa sortie pour faire monter la sauce. Les « couillons » auront bien lu. Le photocopier suffira pour se faire une idée et le mettre en avant en librairie engage la responsabilité de chacun car ce n’est aucun cas une réponse à Hessel. Pour ma part, je n’y crois pas !
« J’y crois pas » de Renaud Camus, chez tous les libraires qui ne l’ont pas encore lu…
p.S. : un chose m’amuse chez ces nouveaux candides, c’est leur fascination pour Amazon, ne savent-ils donc pas qu’Amazon a tout fait pour payer le moins d’impôt en France !