Les élus ont la langue qui se délie et cela part vraisemblablement dans tous les sens. On ne sait plus où est passée l’époque des grands orateurs républicains. Aujourd’hui, il semblerait que la politique se limite à plusieurs invectives ou injures à l’égard de différents ministres de notre gouvernement.
Encore une fois, c’est Christiane Taubira qui en fait les frais. Une élue municipale d’Indre-et-Loire lui lâche, non sans audace, une comparaison avec un singe. Outre l’aspect totalement déplacé de la remarque, cette dernière, à notre sens, amène deux choses qui sont contreproductives socialement, tout parti politique confondu.
Le discrédit des fonctions gouvernementales
Une telle comparaison, alors que l’on sait que la justice a donné raison à deux reprises à Christiane Taubira, est une offense aux fonctions gouvernementales. Ces coups portés à répétition à Christiane Taubira contribuent à plusieurs maux dans notre société : d’une part, le déliement de la langue et pas nécessairement dans le bon sens puisque de plus en plus de personnalités médiatiques ont des propos qui confinent, sinon épousent, le racisme.
Ensuite, ils appellent à la dégradation progressive de la valeur que l’on peut accorder aux fonctions régaliennes de notre pays. Ce permettre de faire une remarque raciste à une ministre qui représente la justice est une attaque qui ne peut que venir d’une personnalité politique sans moralité et sans une once de sens de la Raison au sens propre. Comment notre pays, se revendiquant des plus grands philosophes, peut aujourd’hui servir à ce point aux personnes déclinistes ? Comment peut-on encore aujourd’hui tolérer qu’une femme voilée soit harcelée par qu’elle pratique l’islam, qu’une ministre de la justice soit comparée à un singe parce qu’elle est noire ou encore qu’une personne soit qualifiée d’escroc parce que juif ?
La nécessité d’un plan de lutte contre les discriminations plus large
C’est pour cette raison, qu’en tant qu’acteurs du changement au sein du parti socialiste, nous poussons le gouvernement à ne plus hésiter à faire inscrire l’islamophobie dans les textes de lois. Notre force, à la Gauche, a toujours été d’être contre tous les comportements excessifs. Nous souhaitons et nous avons toujours été à l’avant-garde des questions relatives aux discriminations. Alors comment peut-on sincèrement resté passif face à une société qui sombre de plus en plus dans le discours facile et les parallèles fallacieux ?
Nous souhaitons désormais que l’on rehausse la teneur des débats à travers une vision intéressante et participative de la politique afin que l’on mette un terme au problème et pas que l’on pousse à en créer d’autres. Le grand plan de lutte contre les discriminations doit particulièrement appuyer sur les dérives des hommes politiques qui doivent être exemplaires en la matière. Après tout, c’est bien d’un mandat représentatif dont il s’agit. Alors pourquoi accorder une immunité à un mandataire alors que le mandant n’en a pas ?
PAR :
Asif Arif, Avocat au Barreau de Paris, Auteur, Enseignant en Libertés Publiques et Directeur de Cultures & Croyances, membre du ComEx Somouv' (Parti Socialiste)
ET :
Slimane Tirera, Coordinateur national des Maisons des Potes, Directeur Général de la Radio NewVO, Fondateur et membre du ComEx Somouv' (Parti Socialiste)