J'ai beau être dérouté par l'attitude de Hollande, je n'arrive pas à hurler avec les loups. Je n'y peux rien, c'est congénital.
Aussi, mon réflexe, devant ce qui me paraît une dérive insupportable est-il de faire un pas de côté, pour voir si je vois bien ce que l'on me donne à voir. Je sais que ce billet sera insupportable à une majorité d'entre vous, mais bon; n'y voyez pas malice, prenez-le comme un point de vue 'pataphysique de la situation.
Ces précautions oratoires étant prises, et pour ceux qui restent, entrons dans le vif du sujet.
Le cadre conceptuel
Tout d'abord, je vous propose de considérer que la vie sociale s'organise en "niveaux" de complexité, chacun agissant à un "rythme" propre. Il s'agit en fait de constater que les cycles élémentires vont à des rythmes élevés. Lorsque je vais au marché acheter des carottes, la transaction est "rapide", quelques minutes. Lorsqu'il s'agit d'éduquer un enfant, le cycle de succession des générations tourne entre 20 et 30 ans. Les sociétés également naissent, se développent et meurent.
Ceci dit, il est assez simple de caractériser 3 niveaux de complexité dans les sociétés modernes (urbaines, occidentales et issues des Lumières):
- - Niveau politique (règle les rythmes sociaux, la survie du groupe; c'est le lieu de confrontation entre désir sexuel et instinct de domination)
- - Niveau économique (règle les échanges plus primitifs, sans soucis de la survie au niveau supérieur. Ici c'est mager ou être mangé: le règne de l'entropie)
- - Niveau financier (automatisme de répétition pur, dégagé de la notion d'entropie du niveau précédent).
En principe, le niveau 1 régule le niveau 2 qui régule le niveau 3. C'est un principe tout à fait basique d'automatisme. Que l'on retrouve même dans le fonctionnement d'une machine comme un ordinateur.
L'évolution sociale
On peut montrer (cf. L'Homme Quantique, ou mon blog, que l'évolution sociale, depuis le début du XIXème siècle tend à régresser 1 ==> 2==>3, avec toutes les conséquences désastreuses qui accompagnent le processus.
Conséquence stratégique
Il y a un point fondamental, dans la mise en structure précédente, à prendre en compte pour qui souhaite que l'homme ne soit ni un bien de consommation courante (niveau 3), ni un outil de production (niveau 2), mais un citoyen, ou être socialisé (niveau 1) respectueux du 4ème impératif catégorique de Kant (i.e.: ne jamais considérer un humain comme un moyen) et ce, quelque soit le projet social en question. Mon propos est très élémentaire, il s'agit ici de discuter des conditions d'une politique et non de définir une quelconque politique.
Ce point est le suivant: les entrepreneurs ou capitalistes industriels, ceux qui ont émergé avec la naissance de la vapeur, du chemin de fer, et des mines, sont coincés entre les niveaux 1 et 3. Et donc, ils sont, pour le politique, en 1/, des alliés objectifs contre le niveau 3/.
Conséquence politique
L'attitude du politique vis à vis du capitaliste bourgeois (XIXème) n'est pas univoque:
- Il doit le combattre avec la plus grande fermeté, lorsqu'il cherche à détruire les structures étatiques pour transformer la nation en un vaste "marché" où tout est à vendre ou acheter. Je pense en particulier aux terribles désisions qui se discutent en se moment même, dans le silence des salons genevois, de cette dérégulation que s'apprètent à consentir les 50 états en marge des règles de l'OMC. Nous allons sur ce plan à la catastrophe.
- Mais, et c'est là où je veux vous mener, le politique (en 1/) et ce même capitaliste (en 2/) sont alliés pour prendre la main sur le financier.
Et Hollande dans tout ceci?
Et si Hollande n'avait pas dévié de son annonce électorale, et si, son rapprochement d'avec le patronat servait effectivement à asseoir son influence pour, précisément, agir au niveau Européen, c'est à dire avec les Allemands pour prendre enfin la main sur la BCE, en faire un outil et non plus un électron libre?
Je sais, je délire, mais laissez-moi rêver, juste une seconde!