Le plus drôle, pour qui apprécie l’humour noir, c’est que tous ces beaux mouvements d’indignation contre le système et l’horreur du capitalisme tout-puissant, servent objectivement la position de François Hollande, contre Angela Merkel, et par effet domino, Angela Merkel contre Schaüble, qui, aux dernières nouvelles, envisage déjà sa démission. Remarquable effet miroir de la démission précédente de Yanis Varoufakis en Grèce.
Agitez-vous, moutonnez en cœur : toute cette belle énergie sera recyclée et utilisée par nos politiques. Vous les prenez tous pour des abrutis, alors qu’ils utilisent jusqu'à vos mouvements de protestation.
Par quel mécanisme ? Élémentaire :
- Hollande dit à Angela : "moi, qui suis de gauche, mais fréquentable, je suis poussé par ma gauche à m’opposer à votre plan de rigueur. Mais je discute, sans moi, c’est le chaos. Je suis le dernier rempart contre ce désordre qui monte".
- Angela dit au Bunderstadt : voyez comme la France me bloque à gauche, et tous vont dans le même sens : Schaüble va trop loin. Bien sûr que les Grecs sont irresponsables, et doivent se réformer, et je fais tout pour que leur administration se redresse, que la corruption cesse et les entreprises comme l’église paient l’impôt, mais je suis au taquet : il faut virer Schaüble
- Tsipras dit aux Grecs : ce plan n’est pas supportable, mais je suis acculé (pour ne pas dire plus) par les Européens, qui veulent réformer le pays. Mais vous ne voulez pas sortir de l’Europe ni de l’Euro, alors je fais quoi ? La mort dans l’âme, je vire mon copain Yanis et je vais réformer.
C'est exactement comme dans ce jeu de pendule : les billes aux extrémités sont écartées sous le choc, mais celles du milieu ne bougent pas: elle transmettent le choc.