ASN (avatar)

ASN

Abonné·e de Mediapart

233 Billets

0 Édition

Billet de blog 24 août 2015

ASN (avatar)

ASN

Abonné·e de Mediapart

Instabilité financière

ASN (avatar)

ASN

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je regrette toujours que la réflexion politique se ferme sur elle-même et refuse de s'appuyer sur ce que pourraient lui souffler les physiciens qui observent au plus près la nature des choses et des phénomènes.

Et les plus philosophiques des "lois" auxquelles les plus grands d’entre eux ont réfléchi se nomment "principe de moindre action" ou "second principe de la thermodynamique".

À savoir que la nature, à travers tout ce que nous pouvons en apercevoir respecte toujours des lois d’économie que la ménagère moyenne sait d’instinct. Entre autres que :

1/ Rien ne se perd ni ne se crée, tout se transforme. J’achète des carottes, avec de l’argent que j’ai gagné en revendant des oignons.

2/ Il y a toujours une "perte au feu" dans ces transformations : si je procède à mon échange d’oignons contre des carottes, j’aurai une perte du, par exemple à quelques oignons ou carottes pourries que j’aurais achetés (ou vendus) à mauvais escient.

Bien, tout ceci, finalement, fait le quotidien de tout un chacun.

Mais nos banquiers ne raisonnent pas de cette façon : depuis que Nixon, en 1971, a supprimé la convertibilité du dollar en or (selon une parité fixée aux accords de Bretten Wood), la valeur de la monnaie ne représente plus qu’elle-même. C’est facile à comprendre intellectuellement, mais difficile à accepter, tant nous sommes conditionnés, par la répétition quotidienne d'actes d’achat ou de vente que nous faisons vous et moi. Pour le commun des mortels, le pain a un prix, comme le billet de métro, ou une Lamborghini.

Mais pas pour le banquier. Chaque banque crée environ 90 % de l’argent qu’elle prête, et qui sera détruit au fur et à mesure du remboursement d’un crédit, à l’exception de sa réserve légale, ce qu’elle doit garder en réserve, et des intérêts perçus, qui viennent de votre poche. Sur le marché à terme, en particulier, je peux vendre sans argent, à terme (c’est-à-dire que je m’engage à transférer à la fin du mois) un bien, une action en l’occurrence, que je ne possède pas encore. Il suffit qu’à la fin du mois j’achète cash, ce que je me suis engagé à livrer pour "couvrir" ma vente. Si entre le moment où je vends et celui où j’achète, le cours de l’action a chuté, j’encaisse la différence. On dira que j’ai joué (ou spéculé) à la baisse. Je peux aussi spéculer à la hausse, mais c’est moins intéressant : il me faut dans ce cas acheter comptant, et donc engager des fonds.

Tout ceci pour dire que, l’argent, qui est un simple signe de la valeur, donc, formellement du domaine du langage, ne renvoyant plus à aucun référé réel, n’est en aucune manière limité par les lois de la nature (conservation et entropie croissante).

C’est là la faille du système du "tout financier", et la nouveauté par rapport au capitalisme dont parlent Karl Marx et tous les économistes classiques.

Ce qui fait qu’un pays, aussi puissant que les USA, puisse afficher une "fortune" de façade très impressionnante, correspondant à une paupérisation croissante de sa population. Les chiffres financiers ne servent à rien pour juger de la richesse véritable d’une nation.

Et cette attitude "financière" qui prend les "signes de la richesse" (la monnaie) pour la richesse elle-même (les biens et services auxquels on a accès), me fait penser à l’autiste qui mange le ticket de pain au lieu du pain.

Le mot est lâché : la vision purement monétariste de l’économie est par essence une vision autiste de l’économie.

Si vous aimez les films catastrophes, je vous renvoie à ce billet de Lupus concernant l’économie américaine :

http://leblogalupus.com/2015/08/22/leconomie-americaine-va-bien-plus-mal-quelle-nallait-au-pire-moment-de-la-derniere-recession-les-13-points-cles-leconomie-americaine-seffondre-il-n/

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.