Nuit Debout peut agiter des idées, soulever des interrogations, bref, c’est joyeux et bien sympathique, en général. Même si la liberté de parole y trouve, comme partout, ses limites (cf. certain philosophe éconduit).
Mais, il y a un grand mais, ceci ne peut pas déboucher sur une action organisée.
Une ébullition n’est pas un mouvement ordonné ; elle peut y conduire, mais au prix d’une perte d’énergie qui s’épuise à mouvoir toute une mécanique ; c’est le principe de Carnot.
La "mécanique", ce sont les rouages politiques propres à transformer des préoccupations (ou des besoins et envies) individuelles, en action collective. Or, là il n’y a même plus de mécanique, juste la marmite.
Foin de tout ceci, me direz-vous : on balaie tout et vive l’anarchie… Ça s’est dit en 68, l’année 01 dont certains se souviendront.
Mais non, et cette impossibilité porte un nom : le paradoxe de Condorcet, et l’on en a même fait une théorie fort savante : le théorème d’Arrow ; qui démontre avec les instruments du mathématicien, qu’il est impossible d’aboutir à un choix collectif à partir de préférences individuelles, sans qu’il n’y ait quelques violences faites, quelques limites à la liberté.
Tout ceci est su, me direz-vous, soit, mais ne l’oubliez pas. De même qu’il ne fallait pas s’étonner de l’évolution de Podemos en Espagne…
L’intérêt du mouvement, pour tout dire, tient à la façon qu’auront certains d’utiliser cette caisse de résonance pour parler au nom de tous. Nous en voyons déjà quelques-uns sur les plateaux télé… De même que le mouvement "touche pas à mon pote" a servi à Harlem Désir... Et je n'ai pas l'outrecuidance de vous rappeler ce que fut l'UNEF pour notre personnel politique actuel...