A la suite des" sentences de Versailles," la consternation qui a gagné le monde de l'information en France et la conscience de tous les publics épris de liberté, pas plus que le nuage de Tchernobyl, ne s'est arrêtée aux frontières. Surtout pas en Allemagne où l'Histoire tragique marque encore les mémoires et où on sait quelle part la presse et la communication ont prise, après l'élimination physique totale d' une presse d'abord muselée, laissant la place à une presse aux ordres du dictateur. Vorsicht donc! C'est le sens de cet article solidaire d'Eurojournal paru aujourd'hui et qui suit cette petite introduction.
- L'auteur Kaï Littmann, le directeur/fondateur de ce journal qui a quatre année d'existence et ne cesse de se développer, est parfaitement bilingue ( même tri-) et comme d'autres y écrit indifféremment en allemand ou en Français
- " Le retour de la censure en France
- par Kaî Littmannn
27. Juli 2013
Et ils pensent réellement pouvoir tuer la libre circulation des informations ?
Foto: Dasemarcalvarez / Wiki Commons
(KL) – C’est étrange, mais la belle ville de Versailles avec son magnifique château, a toujours été le point de départ pour des choses peu agréables. Versailles aura été le symbôle du clivage entre le roi et son peuple à l’aube de la Révolution Française, c’est à Versailles que l’empéreur allemand Guillaume Ier aura été couronné, ouvrant la voie pour un nationalisme allemand démesuré qui conduisait l’Europe tout droit dans une catastrophe sans pareil et c’est à Versailles que la Cour d’Appel a réintroduit la censure en France en ce mois de juillet. Nos confrères de Médiapart ont été condamnés à retirer de leur site, tous les documents et enregistrements concernant l’affaire «Bettencourt». Lorsque les riches et les puissants se font des câlins, le public restera désormais dehors. Ce qui facilitera sans doute le trafic d’influence et la corruption, donc la «bonne marche des affaires». Chaque jour, la démocratie telle qu’on l’imaginait, disparaît un peu plus.
L’argument de la Cour de Versailles était la protection de la vie privée des personnes «publiques». Cette vie privée, bien entendu, il faut la protéger. Mais il faut également protéger le droit des citoyens de savoir. Des liasses de billets passées entre les mains des riches et celles des politiques, cela concerne chaque électeur et électrice et il est inconçevable que la protection de la vie privée se traduise par l’étouffement d’actes qui se terminent devant les tribunaux. La pensée que la Justice se mette aussi ouvertement au service des intérêts des politiques et de leurs supporteurs industriels, est insupportable.
Le verdict de la Cour de Versailles arrive à un moment où les citoyens et citoyennes se rendent compte à quel point la démocratie est menacée de nos jours. La censure en France, dans le pays que le monde entier envie pour sa liberté d’expression, pour son sens des Droits de l’Homme ?
Toutefois, cette malheureuse coalition entre justice, politique et intérêts économiques n’a pas encore gagné – car elle ne maîtrise pas encore les nouvelles technologies et en partie, ne les comprend pas. C’est logique – les vieux crocodiles sont trop vieux pour comprendre qu’une information ne peut plus être aussi facilement supprimée de nos jours. Que la censure ne fonctionne plus comme au Moyen Age et qu’une information réussira toujours à arriver à la connaissance des gens.
Médiapart a du retirer de son site, 72 documents, vidéos et fichiers audio concernant «l’affaire Bettencourt», impliquant l’ancien président, des ministres, des conseillers, des avocats. Mais la censure n’arrivera pas à couper cette information de la tête des gens. Et – ces informations continueront à circuler sur Internet, par exemple sur des serveurs situés en dehors du territoire français et donc, hors atteinte de la jurisprudence française. A l’époque d’Internet, on ne peut plus tuer l’information et il aurait probablement suffit que les juges de Versailles demandent à leurs enfants qui auraient pu leur dire.
C’est le moment de se montrer solidaire avec Médiapart, ce média qui pratique un journalisme d’investigation devenu trop rare – à un moment où la plupart des médias pratiquent une sorte d’auto-censure anticipative. De nombreux médias internationaux ont déjà déclaré leur solidarité avec Médiapart, en partie en reprennant les documents censurés. Mais cette solidarité entre titres de la presse ne suffit pas – il faut que cette solidarité soit accompagnée aussi par un élan citoyen en faveur de Médiapart. Allez donc lire ce canard courageux et démocratique – même si vous n’êtes pas toujours d’accord avec tous les papiers qui y sont publiés. Là, il s’agit d’un autre droit fondamental, celui de l’accès à l’information, qui est menacé. On ne peut plus regarder ces bourreaux des libertés de citoyens faire leur sale boulot – il faut réagir et agir et utiliser son bulletin de vote lors des prochaines échéances. Voter – cela revient de plus en plus à un acte de la légitime auto-défense.
Signez aussi l’appel «Nous avons le droit de savoir» – CLIQUEZ ICI ! Déjà plus de 52.000 personnes ont signé cet appel.
euroJournal se mettra maintenant à la recherche de ces 72 éléments perdus pour les publier depuis notre serveur qui se trouve physiquement en dehors du territoire français. En attendant, nous vous conseillons la lecture des documents suivants:
www.mediapart.fr/journal/culture-idees/220713/censure-bettencourt-une-justice-injuste
blogs.mediapart.fr/blog/francois-bonnet/240713/mediapart-censure-un-fort-mouvement-de-solidarite