L’Assemblée Féministe Transnationale est un réseau d’auto éducation féministe qui souhaite contribuer à la mise en place d’un tissu d’entraide concret. Elle est née de la volonté de construire la solidarité avec les mouvements féministes révolutionnaires iraniens, et de lutter contre la récupération impérialiste, raciste du féminisme.
Cette charte est un appel à se constituer comme une puissance de pensée et d’action autonome, afin de poser les termes des problèmes, contrer les silences, identifier les oppressions et partager des savoirs et des savoirs faire produits par les résistances à travers le monde. La cruauté comme mode de contrôle des corps et particulièrement via le corps des personnes sexisées et racisées est au cœur de la machine extractiviste du capitalisme. C’est sa langue. Et c’est pourquoi le féminisme est fondamentalement révolutionnaire et porte en lui les luttes politiques de toutes les personnes exploitées et minorisées par le travail, les questions de sexisme, de racisme et de validisme. Il est impossible de séparer les luttes antipatriarcales des luttes contre la précarisation salariale et contre l’ordre politique colonial du monde. L’Occident, drapé dans ses principes universalistes mensongers, s’est auto-déterminé comme étant le centre et le repère à partir d’indicateurs subjectifs assurant sa supériorité, en condamnant le monde par un mouvement de négation des multiples cultures, systèmes politiques et peuples qui le composent, à être non pas le monde, mais « le reste » du monde. Dans ce sens, les termes Nord/Sud sont les supports d’une idéologie violente qui alimente l’idée d’un découpage géographique du monde alors que le dénominateur commun de ce qui a été nommé « les suds » n’est précisément pas la délimitation d’un espace géographique mais d’avoir été niés, colonisés et exploités par “les nords” et de continuer de l’être.
Dans l’espace de l’assemblée que nous souhaitons créer, nous aspirons à interroger nos positions, à questionner nos privilèges ou leurs absences, à nous reconnaître individuellement et à écouter l’expérience située de chacune des personnes pour élaborer collectivement un dialogue nous permettant d’envisager le monde comme un ensemble pluriel. L’organisation de l’autodéfense féministe est un enjeu central, nous permettant de mettre en œuvre les conditions d’une solidarité acharnée. Nous pensons que la résistance prend aussi bien le chemin du partage des savoirs historiques-tactiques-théoriques, que celui de l’entraide pragmatique et de réflexions sur l’élaboration d’un autre monde avenir.
L’Assemblée Féministe Transnationale est un mouvement féministe pro-choix qui défend l’égalité, l’inclusivité sous toutes leurs formes et soutient toutes les personnes qui se font abîmer parce qu’elles traversent les frontières du genre, des nations, de la morale.
Elle se décline en assemblée, en groupes de travail, en actions, en manifestations, en publications, en protestations, en créations et en impliquant nos corps dans les rues.
L’Assemblée Féministe Transnationale est apartisane et cela même si certaines de ses membres sont actives au sein de partis, d’associations, de collectifs, de syndicats ou autres mouvements. On y donne du temps et de l’énergie en s’engageant dans une démarche active, affirmative, curieuse, avec nos colères, nos patiences, sans conflit stérile mais toujours en quête de commun. Coordonnée par une vingtaine de personnes, son fonctionnement tend à être horizontal, les décisions sont prises d’un commun accord recherché.
Nous tendons à faire vivre un lieu d’échange transcendant les frontières qui fragmentent les territoires, ouvert à toutes les volontés qui partagent les valeurs de cette charte. Comme nous, cette charte est en mouvement. Nous sommes déjà en lien. Renforçons ces liens, pour occuper les brèches et habiter en féministes ces espaces de résistance révolutionnaires dans la durée.
Charte de l'assemblée féministe transnationale 10 juin 2023