Nous, militantes de différents mouvements et organisations reliées par des préoccupations féministes anticapitalistes, vous écrivons pour vous convier à un débat autour de la question des stratégies de la révolution en Iran et de l’alimentation du réseau de solidarité et de réflexion féministe transnational.
La rencontre aura lieu le samedi 4 Mars de 16h à 20h à l’EHESS, campus Condorcet- Centre des colloques, salle 100 (RDC), à Aubervilliers – métro front populaire. La discussion sera menée par Rezvan Zandieh, artiste-chercheuse à l’université de Caen et militante féministe de Roja, Chowra Makaremi, anthropologue au CNRS, Somayeh Rostampour militante féministe de Roja et chercheuse kurde, Adèle Haenel et Jessica Suzes militantes féministes. La rencontre sera suivie d’un temps d’échange et de réflexion en vue d’une action de soutien lors des manifestations des 6 et 8 Mars.
Depuis la France, nous constatons que le slogan féministe « Femme, Vie, Liberté » qui a impulsé le mouvement révolutionnaire iranien est de moins en moins entendu dans les débats autour de ce mouvement et de son avenir. Ce risque d'invisibilisation s'explique notamment par la tentative de récupération du mouvement depuis l'étranger pour un projet inverse, nationaliste et patriarcal. Cette récupération s’opère notamment à travers une alliance entre certains acteurs politiques iraniens (dont le fils de Shah d'Iran) et des célébrités (artistes, sportifs) aux positions politiques nationalistes et/ou impérialistes.
À un moment où, dans l’éventualité toujours fortement probable du renversement du régime de la République islamique, se prépare la constitution de l’alternative politique iranienne, il est fondamental de réaffirmer sans relâche le caractère féministe de cette révolution et de lutter, à l’international également, contre sa réappropriation par un programme politique capitaliste et patriarcal. Les récentes alliances entre le féminisme libéral, élitiste, et la mouvance royaliste pro-Shah sont l’illustration de la nécessité de revendiquer le féminisme comme un projet - égalitaire et émancipateur pour 99% de la population - comme un projet politique anticapitaliste et anti-impérialiste.
Le silence féministe en occident n’est pas une option, l’ignorance pas une excuse. Notamment au regard de la responsabilité dramatique des impérialismes européens dans la situation économique et politique iranienne actuelle, mais aussi parce que la puissance du féminisme contenue dans le mouvement “femme, vie, liberté” ne se contente pas d’être contre le projet mortifère de la République Islamique mais qu’il est radicalement pour un autre projet de société, post capitaliste, démocratique et égalitaire. En cela il est une leçon de mouvement, de réinvention politique, sociétale et théorique.
Compte tenu de l’organisation internationale du système capitaliste néolibéral, la lutte féministe est nécessairement transnationale et s’étend à une lutte contre tous les rapports de dominations. S’inscrire depuis la France en soutien avec les populations soulevées en Iran est donc une responsabilité éthique doublée d’une question stratégique majeure.La rencontre à laquelle nous vous convions, est l’occasion de nourrir cette dynamique d’auto-éducation féministe.
Dans l’espoir de vous compter parmi nous,
Nadège Beausson-Diagne artiste féministe, Malcy Cathelineau militante féministe membre de la coordination nationale #NousToutes, Les Dégommeuses, Adèle Haenel, actrice féministe, Jessica Suzes, militante féministe, membre de la coordination nationale #Noustoutes, Chowra Makaremi, anthropologue, Yuna Miralles militante féministe membre de la coordination nationale #NousToutes, Du Pain et des Roses, Somayeh Rostampour militante féministe de Roja et chercheuse Kurde, Céline Sciamma, réalisatrice, Drass Tecles, militante LGBTI / féministe membre du NPA, Gisèle Vienne Chorégraphe, Rezvan Zandieh artiste-chercheuse et militante féministe de Roja
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