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Billet de blog 9 janvier 2015

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Charlie Hebdo : stupeur et espoir (malgré tout)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

48 heures après l'innommable, j'oscille toujours entre la stupeur, la colère, et l'espoir (tout de même !)

Mercredi 7 janvier, à 11h30, j'étais tranquillement devant l'école de ma fille en train d'attendre sa sortie. J'étais donc très loin de savoir ce qui se tramait au même moment, dans ma propre ville. Et j'étais d'autant moins informée du drame qui se jouait que, parmi mes (bonnes?) résolutions pour la nouvelle année, figurait le fait de me détacher de mon téléphone, jusque là véritable prolongement de ma main ! Pas d'alerte donc, ni d'infos en flux continu ! Ah les résolutions !

Déconnectée

Je suis donc rentrée de l'école avec ma fille, lui ai préparé son déjeuner, et n'ai pas allumé la radio. Ben oui, encore ces foutues résolutions. « Etre plus à l'écoute des enfants » figurait également en bonne place !

Ce n'est donc que vers 13h30 que j'ai allumé ma télé. Pourtant, cela faisait aussi partie de mes résolutions pour 2015 : « éteindre la télé » ! Mais je suis tombée sur le 13h d'Elise Lucet. Et ma résolution s'est envolée, en même temps que l'aspiration à une année 2015 plus douce, plus calme, plus fraternelle.

Incrédulité

C'est alors que m'est apparu pour la toute première fois ce bandeau rouge auquel on s'habitue si peu, frappé du mot « ATTENTAT ». Ma première réaction ? « Oh nonn ! » Il n'y avait plus de dialogue possible avec les enfants. Vite ! Les faire taire et me concentrer sur les premières images que je voyais apparaître avec un mélange d'incrédulité et, il faut bien le reconnaître, de peur.

Aussitôt, mes promesses de déconnexion et de sevrage numérique volaient en éclat. J'étais reconnectée en un rien de temps. Chaines d'info en continu, Facebook, Twitter, j'avais replongé, et profond ! Et les informations se précisaient de minutes en minutes, montrant l'effroyable ampleur des dégâts.

Rassemblement et lucidité

48 heures après, la situation est encore plus dramatique, alarmante, sombre. De quoi donner des envies d'hibernation hyper prolongée. Plus de vingt morts, des blessés graves, deux prises d'otages simultanées, mais aussi des attaques de mosquées et des agressions de musulmans.

Alors quoi ? Doit-on céder à la panique et à l'affolement ? Absolument pas ! La meilleure réponse reste le rassemblement et la lucidité face à ces événements hors normes. Et si certains se saisissent de l'occasion pour exprimer leurs nauséabondes opinions et en profitent pour multiplier les amalgames infectes, d'autres ont choisi l'intelligence de l'union et l'habileté du rassemblement. C'est sur ces gestes que je choisis de m'appuyer pour fonder mes espoirs.

#voyageavecmoi

Parmi ces gestes, ce hashtag intitulé #voyageavecmoi, à partir duquel des « twittos » proposent d'accompagner dans leurs déplacements en transports en commun ou à pied, les personnes qui ne se sentiraient pas en sécurité. L'idée, lumineuse, a été lancée par @OrpheaNegra, qui s'est inspirée en cela du mouvement de soutien lancé par des australiens après la prise d'otages à Sydney en décembre dernier, une campagne intitulée alors #iwillridewithyou. Pour être facilement repérés, certains donnent des détails concernant leur tenue vestimentaire, d'autres publient des portraits d'eux-même, et d'autres enfin placardent sur leurs sacs le hashtag #voyageavecmoi. Une lueur d'espoir dans une journée ténébreuse.

Et le quotidien dans tout ça ?

Eh oui, il a bien fallu y revenir au quotidien, et en particulier à l'école pour y déposer ma fille. Naturellement je me suis demandée comment elle allait être vue, est-ce qu'elle allait être victime des amalgames faciles, des remarques bêtes et cruelles d'enfants.

J'avais juste oublié qu'elle avait des enseignantes aussi formidables que scrupuleuses. « Le premier que j'entends dire que les musulmans sont des terroristes aura affaire à moi » a ainsi lancé la maitresse à la classe. Des mots simples ont ensuite été posés sur les faits, une minute de silence a été observée Alors oui, on peut critiquer les dérives et méfaits de l'Education Nationale, et je suis la première à le faire, mais il faut également savoir souligner et saluer ces initiatives et ce courage d'équipes pédagogiques aussi impliquées que justes. C'est ce que j'ai donc fait 

Et maintenant ?

Maintenant il faut penser aux jours d'après, à la France d'après, fédératrice, rassembleuse. A l'heure où j'écris ces lignes, l'heure est sombre et les actes islamophobes se multiplient. C'est triste. C'est alarmant. Et il est temps d'agir. ENSEMBLE.

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