PAULETTE SAISON 4
« Paulette est une femme très modeste.
Mais il est vrai qu’elle a de bonnes raisons de l’être ».
Tout va mal !
Lors du Grand Conseil de la Tribu de juin, c’était le grand jour de Paulette, chargée par le Maire de présenter les comptes et la gestion.
Sa mission lui avait été simplement signifiée : Tout va bien !
Elle avait passé des jours et des nuits à cette présentation pour obéir à cet ordre,
et son directeur aux finances avait fait des difficultés, et terminé son opposition sur une pirouette « vos comptes ne seraient pas certifiés par un cabinet comptable convenable, mais mon devoir de réserve m’empêche de le manifester ».
Les dépenses étaient réduites (lorsque prises en charge par la Holding des Tribus), les recettes en hausse, surtout celles des autres, la dette maitrisée et réduite, et la société de la Grande Ile en situation financière très favorable, malgré son emprunt de 110 m€ et les honoraires dispendieux du grand sorcier bâtisseur.
Paulette s’était ensuite attachée à démontrer que de nouveaux emprunts étaient possibles, la dette étant faible, la Tribu pouvant la rembourser en 5 ans, avec une excellente réputation financière ajoutée au potentiel fiscal,.
Bref elle avait décrit un avenir très proche….
Son ami Bernard Dupondt lui avait confirmé la veille au 37eme étage de sa banque, qu’il était à sa disposition….et il semblait très heureux.
L’exemple de son ami Augias inspirait son action : Avec 730 m€ de dettes et moitié d’habitants, il avait inventé la dette perpétuelle, et croissante, en expliquant à sa tribu que la dette ne pesait que ses intérêts, sans aucun remboursement de capital !
C’était la voie pour tenir au moins jusqu’en 2014.
De nouveaux emprunts !
Il en faudrait beaucoup si le programme de la Grande Ile prenait du retard !
Du côté des siens, Paulette était tranquille ; ils ne comprenaient rien à la finance sauf à celle de leurs généreuses indemnités mensuelles.
Mais évidemment V. et l’ancien maire l’avaient crucifiée, relevant impitoyablement toutes ses manipulations, redressant les dépenses, relativisant les recettes, et surtout démontrant que la dette était vertigineuse à 286 m€ fin 2011….et ensuite !
Pour tout arranger le Premier avait quitté la tribu avec deux membres de moindre importance ; les interventions haineuses de ces trois scolopendres (comme dirait le Capitaine Haddock) avaient cependant évité une hémorragie, aucun autre membre du groupe voulant être assimilé à eux.
Un autre adjoint est parti, le culturiste du maire, bel esprit et mieux élevé (le contraste avec les autres !), mais il ne les a pas rejoints.
La belle unité électorale vantée en Haut Lieu a bien fait long feu.
Et pendant la présentation du plan de la Grande Ile, tellement crucial pour éviter la faillite, des manifestants occupaient la salle et promettaient de combattre et d’empêcher la réalisation.
En plus, le grand sorcier bâtisseur connaissait aussi de graves problèmes avec des œuvres péremptoires, la justice l’avait condamné à Lyon et le poursuivait à Nantes, pour des histoires d’eau et de stabilité.
Paulette avait tenté une prise de parole de soutien, mais son discours comptable n’avait provoqué que des sifflets et des ricanements..
Même ses amis la regardaient tristement
Le programme était déjà surréaliste, digne de Paul Dukas et de son Apprenti Sorcier, et voilà que des opposants déterminés apparaissaient.
Paul Dukas !
Voilà une suggestion de spectacle pour notre cirque subventionné, qui peine beaucoup !
Paulette est amère et découragée.
Elle espérait succéder au Premier « il fallait un financier…. »
mais le Maire lui a préférée son égérie sans états d’âme « ce fut une communiante qui l’obtint ».
En fait son prénom inspire la béatitude, mais elle fait peur à tous, complice de tous les mauvais coups, tandis que Paulette est désarmante de candeur.
A la nouvelle Première la gloire et les médailles.
Pour Paulette le rôle ingrat de soutier, dans ce paquebot sans orchestre qui allait s’échouer sur la Grande Ile.
Elle savait déjà qu’elle ne ferait pas deux mandats, ni son maire, et que cette histoire allait éclabousser tous ses acteurs.