Cinquième et dernière saison : Le chant du signe!
« Paulette est une femme très modeste.
Mais il est vrai qu'elle a de bonnes raisons de l'être ».
Paulette n'a pas pris de vacances, afin de surveiller nuit et jour les finances de la Tribu.
La situation financière est intenable :
Les dépenses augmentent sans cesse,
les recettes sont immédiatement consommées et l'avenir continue de s'assombrir.
Le grand sorcier bâtisseur présente des factures astronomiques pour des études préalables, la dernière pour une synthèse sur la ville du 22eme siècle en Europe Occidentale, dont la Ville est le champ d'expérience.
Le Maire accepte tout cela, ravi d'avoir été choisi par le grand sorcier bâtisseur, et il promet la venue des Grands du CAC, qui devraient se battre pour cette onction.
Il plastronne dans la presse, et il prend sa communication pour la réalité.
Il est vrai que son Maire ne connaît pas ce monde des grandes entreprises où il pense être un cador !
Son ami Bernard Dupondt l'a appelée très confidentiellement, pour lui annoncer qu'après la dégradation de la dette américaine par l'agence de notation S&P (qui note aussi la Ville)
les banques, toutes les banques, ont décidé de reconsidérer leur risque client et d'en déclasser beaucoup, qui payeront désormais beaucoup plus cher leurs emprunts.
Il a ajouté mezzo voce qu'Augias serait de ceux-là, et que la Ville inquiétait beaucoup.
Augias ! qui se moque ouvertement de son Maire à elle !
Il lui a aussi confirmé que la Règle d'Or du Président devrait s'appliquer aux collectivités, et que tous les chefs de tribus devraient présenter un plan de réduction de leur dette et justifier de tout recours à l'emprunt.
Tout le plan s'effondre.
Plus d'emprunt, ou considérablement plus cher,
obligation de réduire la dette
donc de cesser les dépenses et d'augmenter les impôts.
Augmenter les impôts pour financer les châteaux de la Grande Ile ?
Jusqu'à présent la Tribu était indifférente à ces folies sur la Grande Ile du Sud, les habitants historiques loin des coteaux et du béton, seuls s'agitaient les nouveaux riverains et les tribus voisines.
Mais si on les taxait....
L'impasse est totale.
Il n'y a pas de solution.
Dans sa vie précédente, Paulette a connu des entreprises dans cette situation.
La suite fut la faillite, et le pire, la liquidation, quelquefois le rachat à vil prix.
Paulette est sans aucun espoir, et elle veut démissionner de sa charge d'argentier de la Ville.
Le prochain Grand Conseil de la Tribu promet un carnage et les attaques directes dont elle sera la cible, alors qu'elle manque de doigts pour boucher tous les trous faits par son Maire.
Elle avait commencé à y préparer les esprits lors du dernier Grand Conseil, avec un compte administratif « aménagé » qui omettait quelques trous dans la dette et ajoutait des recettes très virtuelles et prises aux associés, et présentait le potentiel fiscal poétiquement rebaptisé "solvabilité" comme une recette".
Sa conscience l'obsède jusqu'à l'empêcher de dormir.
En bonne âme, elle s'était damnée pour son Maire, mouillée jusqu'au cou, et maintenant il faudrait boire la tasse ?
Mais quitter ce « Titanic en folie » qui tourne au « Radeau de la Méduse », c'est déserter, manquer à son devoir!
Le Maire a déjà perdu son Premier (Timor Lalune) et son ministre de la Culture (le culturiste), s'il partait maintenant de la caisse avec la démission de Paulette, ce serait un signe ravageur pour les banquiers de son ami Bernard Dupondt et pour le Président.
Qui pourrait la remplacer ?
Béate ?, l'égérie des contribuables, serait de circonstance.
Lola ?, elle n'en prendra pas le risque.
René ?, « levez-vous orages désirés », c'est vrai qu'il le désire violemment, aussi violemment que sa compétence est réduite.
Godefroy, peut être, grande gueule du Maire qui servirait très bien ce bouillon de 11 heures.
Paulette va démissionner.
Sa conscience la taraude, elle ne peut plus rien pour la Ville, mais que deviendra la Ville sans elle ? Abandonner ce maire qui a su repérer en elle la financière de talent négligée par ses précédents employeurs, n'est-ce pas un tantinet ingrat ?
Elle trouve vite un accommodement en permettant au maire d'annoncer son départ lui-même, en le maquillant en un repos bien mérité.
Ce sera le chant du signe de Paulette.
Un signal qu'investisseurs et agences de notation vont recevoir 5/5.