Voilà ce que j’aurais pu écrire.
L’état m’a tué.
J’aimerais que cette mort ne reste pas impunie.
J’aimerais que la souffrance qu’elle va impliquer chez mes proches, ce vide que je ne voulais pas imposer, soit comprise.
J’aimerais que l’état sois condamné pour accident du travail. Je ne travaille pourtant pas. Je suis à l’AAH, mon patron c’est l’état. Et il ne s’est pas occupé de moi. Après tout, j’ai déjà bien de la chance d’être reconnu handicapé pour une maladie psychiatrique ! Oui, de la chance, de la chance de m’être terriblement battu pour cette reconnaissance d’avoir été brisé par ‘Ta’ société.
J’aimerais qu’on se rende compte que vous n’avez rien fait pour nous protéger. Ni avant cette pandémie, ni pendant. Ah non, v’allait mieux sauver l’économie des grandes entreprises. V’allait mieux préparer sa réélection. « Regardez ! J’ai pas reconfiné ». Mais Manu, sauras-tu un jour que ta réélection tu l’as gagné au prix de notre sang ?
Pour sauver ton amie l’économie, tu nous as sacrifié. On a finalement assez bien vécu le confinement, pas de travail, moins de stress, une découverte. Puis retour à Ta société assez brutale, et très vite le seul choix du boulot/dodo. Sans perspective, sans social, sans musique, sans danse. Sans raisons. Amazon te remerciera Manu, t’inquiète pas.
Je ne vais pas écrire tout cela car je vais continuer à me battre. Car j’ai 32 ans et beaucoup d’années de (coûteuses) thérapies derrière moi. J’espère encore être un jour heureux.
Mais d’autres n’écriront pas. D’autres ne seront plus. Et il n’y aura pas de coupable.
Tremblez du jour où on ne se suicidera plus. Certains iront chercher les coupables. Au prix du sang s’il le faut.