A propos du billet de Ben : "Ne perdons pas espoir en l'humanité" le Club
Durant la décennie noire, en Algérie, mon pays, notre peuple a résisté de toutes ses forces aux cotés de ses soldats, contre les hordes terroristes du FIS et des GIA qui ont décrété impies (taghout), le Peuple algérien et ses Institutions. Citoyennes et citoyens ordinaires, soldats, syndicalistes, journalistes, associations féministes, chercheurs, universitaires et enseignants, se sont mobilisés pour éradiquer cette idéologie obscurantiste et mortifère, surgie d’un autre temps, pour déclarer la guerre sans merci à notre Peuple et ses Institutions, au prétexte grotesque de les "réislamiser"! Les massacres de Ben Talha, de l'aéroport Houari Boumediène, du Commissariat du Boulevard Amirouche et de bien d'autres lieux qui ont vu tomber tant de nos martyrs : citoyens ordinaires, intellectuels et universitaires réputés, journalistes et femmes libres décapités, nos épouses et nos filles enlevées pour servir d’esclaves sexuelles à ces dégénérés, n'ont pas suscité toute la compassion et le soutien que nous étions en droit d'espérer de nos frères de l’est et de l’ouest, de l' Occident en général, et de la France en particulier. Alors que nous ne cessions d’alerter que les terribles évènements qui se déroulaient chez nous, n'étaient que les prémisses d'un conflit, nouveau et global, qui ne manquerait pas de déborder chez nos voisins de l’est et de l’ouest et plus loin encore en Occident. Notre voisin Ben Ali se barricada et préféra regarder ailleurs. Notre ami le Roi, fidèle à sa conception cynique de la politique, osa dire qu’à quelque chose malheur était bon : puisque le règne « des islamistes » était, à ses yeux, inévitable, mieux valait leur donner l’Algérie comme champs d’expérimentation, pour en faire, prétendait-il leur cimetière. Hassan II était prêt en somme à combattre l’islamisme radical jusqu’au dernier algérien, tout en fermant les yeux sur les convoyeurs d’armes à ses frontières ! Il s’est trouvé même un politologue algérien (hélas!), Lhouari Addi, pour « théoriser » la pensée du Roi dans un article intitulé « La Régression féconde » publié par le Monde Diplomatique, dirigé à l’époque par Ignacio Ramonet, qui ne cachait pas sa sympathie pour les « combattants du FIS », sous couvert de dénonciation d’exactions prêtées à l’ANP. Mais Ramonet et Addi ne furent pas seuls. Ces tueurs ont suscité aussi la sympathie de François Gèze, cet éditeur bien mis, les mains bien propres, qui continue, à ce jour, à poser la même question saugrenue : "qui tue qui en Algérie?". Sans doute pour absoudre ses sinistres compagnons de route.
Et puis vint Al Qaîda qui mit les pendules à l’heure du 11 septembre! Mais cette fois encore, mauvaise pioche. Hélas ! Les Neocons (parmi lesquels, au premier rang le très actif et très islamophobe Bernard Lewis, inventeur du concept de « guerre des civilisation », repris et développé plus tard par Samuel Huntington) qui furent les marionnettistes qui actionnaient ce cher Georges.W.Bush ont orienté ses pas vers une nouvelle direction : celle de Saddam Hussein, ce soudard, créature de la C.I.A, l’idiot utile, armé jusqu’aux dents, y compris en armes chimiques, par les USA, la France et la RFA, pour faire contrepoids à l’Iran, le massacre des chiites et des kurdes passant par pertes et profits. Mais celui-ci venait de perdre son rôle dans la partition US, après la défaite cuisante que venait de lui infliger l’Iran : il devait quitter la scène pour permettre à la C.I.A d’effacer les traces de la complicité US dans l’utilisation contre l’Iran (et contre les Kurdes à Halabja) des armes de destruction massive fournies par les USA! En avant donc pour l’exportation de la Démocratie au Grand Moyen Orient, généreusement déversée des soutes des bombardiers et autres Abu Ghraib!
L’Irak détruit, la catastrophe, annoncée par les connaisseurs avertis de la région, dépassa toute espérance. Puis l’on passa à la Syrie, via la Libye, avec tous les succès que l’on sait de l’initiative de ce cher Sarkozy!
Les sponsors, financiers et idéologiques, du terrorisme d'Al Qaida et de son avatar Daesh, étaient et sont pourtant connus de tous : ils n’étaient pas plus à Bagdad ou Tripoli hier, qu’ils ne sont à Damas aujourd’hui. Pour les trouver, mieux vaut regarder du coté du Royaume de la dynastie wahhabite des Saoud en Arabie et de l’Etat (Dawla) wahhabite de la dynastie des Al Thani du Qatar! Et, sur un autre registre, du coté de la Turquie d'Erdogan, qui ambitionne de restaurer la puissance ottomane...
Alors, pour faire court, mon cher Ben, comme vous, je pleure la mort injuste et révoltante de ces enfants, de nos enfants, fauchés à la fleur de l’âge, au Bataclan, mitraillés aux terrasses de restaurants, chassés comme du gibier dans les rues de Paris, tandis qu’ils faisaient la fête! A Paris, ma ville, que j’aime, toujours festive, mais toujours belle et rebelle! Comme vous, je ne vois aucune explication à ces actes odieux, ni la moindre justification. No pasaràn!
Mais je suis surtout en colère ! Parce que ceux dont la responsabilité et l’honneur sont de protéger nos vies, notre liberté et notre dignité ont préféré, par lâcheté, par bêtise ou par calcul à courte vue, mener avec obstination des politiques de Gribouille !