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Billet de blog 17 septembre 2024

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Les accusations contre l’enseignant de TSE sont une grave dégradation du débat public

Nous sommes consterné·es par les réactions suscitées par le fait qu’un enseignant de TSE se soit exprimé au début de son cours sur la situation à Gaza.Les accusations portées contre lui sont excessives et témoignent d’une dégradation du débat public porté par des médias et des politiques. Assurer un débat public honnête et lucide est nécessaire pour faire face aux enjeux socio-écologiques actuels.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous, membres de l'Atécopol, souhaitons réagir à l'affaire qui agite actuellement l'Enseignement Supérieur et Recherche après qu'un enseignant de la Toulouse School of Economics a exprimé son opinion sur l’actualité de la situation israëlo-palestinienne face à des étudiant·es lors de son premier cours de rentrée. Nous sommes consterné·es face aux réactions politiques et scandalisé·es des suites administratives et judiciaires qui ont émergé depuis. Plusieurs personnalités politiques ont en effet accusé l'enseignant d'antisémitisme, de conspirationnisme, d'appel à la haine, ou encore d'apologie du terrorisme. Le parquet de Toulouse a également ouvert une enquête pour apologie du terrorisme.

            Lorsqu’on écoute les propos de l’enseignant, rien ne nous semble justifier de telles accusations. On peut certes juger ses affirmations subjectives, son attitude maladroite, les chiffres avancés à discuter et trouver la situation inconvenante ou mal contextualisée. Mais ce serait une insulte à la raison que de s’empresser d'y lire antisémitisme ou apologie du terrorisme. À moins de considérer, contre tout bon sens, que l'on ne peut s'inquiéter de la situation humanitaire au Proche-Orient ou critiquer la stratégie militaire du gouvernement israélien sans alimenter les discours haineux, on doit s’accorder sur le fait qu’il existe toute une variété de réactions politiques possibles à l'affaire TSE sans verser dans l'outrance. De nombreuses personnalités politiques de premier plan ont pourtant réagi par des accusations parfaitement démesurées. Ce faisant, elles ont choisi de s'aligner avec le mode dégradé de débat public qui abîme depuis trop longtemps nos démocraties. Polarisation des échanges, amalgames, simplification abusive et parfois désinformation sont ainsi non seulement favorisées par les réseaux sociaux mais sont aussi largement alimentées par la communication politique. Dans le cas présent, celle-ci contribue également à la mise en danger d’un enseignant.

            La situation nous semble alarmante pour deux raisons. D'abord, parce qu'en tant que membres de l'Atécopol nous défendons la possibilité pour les universitaires de s'engager publiquement sur les enjeux écologiques – qui sont toujours, directement ou non, politiques –, suivant en cela les recommandations du comité d’éthique du CNRS. Or, nous craignons que cette affaire ne soit utilisée pour réduire une nouvelle fois la liberté d'expression de celles et ceux qui tentent de rompre l’apathie et l’impuissance face à au désastre écologique en cherchant à discuter sur la place publique des propositions collectives et politiques.

            Ensuite, et cela est plus grave encore, parce que les urgences de notre monde, qu'elles soient écologiques ou humanitaires, demandent un débat public sain et éclairé. Certain·es responsables politiques montrent ici qu'ils et elles ont abandonné tout sens de la nuance et toute rigueur, en faisant de l'outrance et de la censure immédiate un mode d'expression acceptable. Alors que nous avons besoin de représentant·es exemplaires de lucidité, d’honnêteté, capables d'élever le débat public et de restituer toute leur complexité aux enjeux de société, nous regrettons ce qui participe ainsi à la dégradation de nos espaces de délibération.

Ce texte a été rédigé au sein de l’Atelier d’Ecologie Politique de Toulouse.

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