Diplomatie Féminine, Femme Noire, Arabie Saoudite et développement durable

Après avoir longtemps hésité, à honorer l’invitation de la Future Investment Institute (FII), en raison de la localisation de la 5^ème édition de l’évènement que l’on surnomme vulgairement « le Davos du désert » : Riyad en Arabie Saoudite, j’ai finalement franchi le pas au-delà des préjugés, de mes lectures sur internet.

L’Arabie Saoudite a la réputation d’être un royaume conservateur affichant un contexte où religion et gouvernance publique se mélangent : la situation de la Femme est singulière au regard du mode de vie des Femmes de cultures occidentales. 

La qualité de Femme moderne, indépendante et de surcroît Noire qui se lie physiquement, socialement et culturellement à travers  mon attitude, mon comportement de Femme positionné au sein d’une dynamique ou mondialisation, multilatéralisme sont les nouveaux paradigmes qui font tourner la planète, se heurta à des préjugés, des craintes, des interrogations murmurées en continue que je peux littéraliser ainsi :

C’est un pays instable, en guerre, les droits de l’homme sont bafoués, ceux des femmes piétinés, pays où le racisme est une institution à cause de la loi de CHAM et SEM, tu ne peux pas y aller seule, tu risques de te faire kidnappé, ton passeport te sera volé et tu finiras comme esclave, tu devras porter la burka, où l'abaya noire, et surtout être voilé sous peine de prison. 

En tant que femme voyageant seule le plus souvent pour mes affaires, c’est surtout la situation des femmes qui interrogeait ma conscience. Mes cherches en matière de témoignages de femmes de ma condition sur le sujet sur internet, sont restées vaines : cependant rien ne vaut l’expérience, c’est ainsi que j’atterris à Riyad le 25 octobre 2021, à 22h00, seule, avec pour mission : Imposer la vision de Humanity For The World (HFTW) dans un milieu ou la puissance de l’argent et du pouvoir qu’il confère est palpable par son omniprésence au premier pas posé sur le sol.

Pour mémoire, Humanity For The World (HFTW) est une organisation qui prend position auprès de décideurs et de leaders internationaux pour précipiter une forme de prise de conscience mondiale à propos du puissant potentiel généré par l'Amour, notion universellement connue mais sous-estimée autour duquel devrait se réunir tous les peuples de la Terre afin de travailler à la construction d’un monde meilleur et durable pour les générations futures.

Parce que la notion d’amour ne doit n'être ni occulter, ni oubliée des processus transversaux de développement internationaux, en ma qualité de  présidente et Chef Exécutive des Opérations (CEO) de Humanity For The World (HFTW), mon devoir est de répondre régulièrement aux travaux de réflexion initiés par toutes les parties prenantes de ce monde engagées, impliquées dans le façonnement du passé, du présent et du futur de notre planète.

La 5ème édition du la Future Investment Institute (FII), intitulée «  INVEST ON HUMANITY » n’aurait jamais pu se tenir sans moi, au regard de mon engagement pour l’humanité et du niveau des invités présents pour l’occasion, je crois pouvoir dire ironiquement que ce voyage valait la peine de risquer ma vie : le toit du monde était réuni à Riyad durant 3 jours pour partager, échanger, décider, de l’avenir du monde, à travers le filtre de plusieurs thématiques telles que : la santé, la robotique, les données numériques, la finance, la coopération internationale, l’égalité des genres...etc. La métaphore exprimé « toit du monde », n’exagère en rien, le contexte dans lequel j’ai évolué durant mon séjour dans la mesure où la plupart des personnalités invitées avaient des profils non accessibles pour le commun des mortels en général au regard des masses financières et du pouvoir qu’elles incarnent : 

Larry TINK, PDG de BlackRock, David SOLOMON, CEO et président de Goldman Sachs, Al MUBARAK, CEO & directeur Mubadala investment Company, Richard ATTIAS, CEO de la FII et RA&A, Jacques ATTALI, président de Positive Planet Foundation, Patrice CAINE, CEO et Président de Thales, Harry MOSELEY, CIO de Zoom, Stéphane Scwarzman, CEO et cofondateur de BLACKSTONE, Patrice MOTSEPE, président et fondateur de African Rainbow Minerals Limited, les membres du gouvernement saoudiens (ministres, gouverneurs, éminences, princes, princesses...etc),CNN, Bloomberg News, Deloitte...etc.

Lady Lynn Forester De Rothschild, cofondatrice de Inclusive Capital Partners , Leanne CARET, présidente et CEO de Boeing Défense (espace et sécurité), Cecilia Attias, Vice-Présidente des affaires publiques de RA&A, Ana Patricia BOTIN-SANZ SAUTUOLA O'SHEA, présidente du groupe executive de Banco Santander, Shela PATEL, présidente de B Capital Group...etc.

(...)pour ne citer que ceux-là. Nous étions tous confinés au RITZ-CARLTON durant le temps de l’évènement : les détails des échanges feront l’objet d’un autre article.

Cependant, avant de revenir au sujet : ma situation de femme qui plus est noire en Arabie saoudite. Il était important de poser le cadre à travers  lequel je livre cette vision.

Par mesure de sécurité, il faut savoir que tous les invités, y compris moi devaient résider dans certains hôtels conventionnés pour l’évènement, nous avions des véhicules de sécurités, blindés pour les personnalités les plus importantes voire les plus fortunées, et des taxis, bus réservés spécifiquement durant le temps de l’évènement, tout cela avec un personnel local mixte (en tenue traditionnelle) à disposition pour répondre  à toutes nos interrogations, de l’arrivée au départ de l’aéroport. Lors de nos déplacements les voies routières étaient mobilisées, certains accès bloqués pour assurer la sécurité de nos mouvements.

Héberements :

Ayant tergiversé jusqu’à la veille de mon départ, les hôtels en question (conventionnés) étant complet, j’ai dû me rabattre sur un hôtel non conventionnel. Arrivée à 23h00, en tenue traditionnelle, c’est-à-dire portant l’abaya et le voile noir, j’ai été accueillie par le directeur de l’hôtel****, qui m’explique en anglais que je suis arrivée trop tôt et que ma chambre ne sera prête que le lendemain à 13h00 : je dois dire qu’il fût surpris de prim-abord de voir arriver une femme seule de 1m79 et de surcroît noir pénétrer le hall de l’hôtel où errait des silhouettes féminines dissimuler par un voile et une abaya opaque qui ne laisse apparaitre que les yeux posés sur un teint clair. Les hommes portant la tenue traditionnelle évitent mon regard mais je ne passe assurément pas inaperçue.

Le seul homme en habit occidental, le directeur m’interroge sur la nature de mon séjour, et nous avons conversé 1h avant que finalement il ordonne aux subalternes de faire monter mes bagages et de m’installer dans une chambre : je découvre avec plaisir qu’il me surclasse en m’attribuant une suite, plutôt qu’une chambre simple : Moralité : ma couleur de peau, ma qualité de femme ne furent pas un obstacle.

Les déplacements :

Résidente d’un hôtel non conventionné, j’ai dû me débrouiller par mes propres moyens pour me rentre sur le lieu de l’évènement : pour avoir un taxi, c’est la croix et la bannière à Riyad, je ne sais toujours pas pourquoi, ce n’est probablement pas dans leur culture. Vous risquez de vous faire arnaquer, n’ayant pas conscience des tarifs et des distances et cela peut être dangereux pour une femme seule et noire.

J’ai mentionné l’insécurité car avec les applications UBER/CAREEM j’ai pu mesurer un malaise pour certains chauffeurs, heureusement pas tous quand il a s’agit de faire monter/descendre ma valise de la voiture : je ne saurais jamais si c’était parce que je suis une Femme ou si c'était parce que je suis noire ou encore parce que je suis une femme noire, cependant, le silence ambiant durant certains trajets laissait planer un sentiment que seules les personnes non blanches, ou les femmes isolées peuvent connaitre. Moralité : Télécharger l’application UBER, mon sauveur, durant le séjour qui fonctionne très bien là-bas, CAREEM est insécure pour un non local souvent les chauffeurs n’arrivent jamais.

Je n’ai pas rencontré d’homologues féminines, c’est-à-dire des femmes d’affaires noires avec qui j’aurais pu partager cette expérience; il y en avait mais en petit nombre, généralement des femmes qui avaient été invités en qualité d’oratrices sur des thématiques singulières ; Chibesakunda MUKWANDI, directeur général de la Zambia National Commercial Bank Plc., Samoura FATMA Secrétaire Générale de la FIFA, Sara MENKER, founder and CEO Gro Intelligence et administratrice du Mandela Institute for Development Studies, Gloria GAYNOR la célèbre chanteuse. Les seules femmes noires croisées, en l’espace d’un regard, dans le cadre de l’évènement étaient surtout les épouses, compagnes, des invités (présidents, ambassadeurs, ministres, éminences, familles royales, hommes d’affaires…etc.) de l’évènement.

Mise à part ces anecdotes, mon sentiment, probablement erroné du fait du contexte singulier dans lequel il émane, est un sentiment de grande tolérance. Evoluant au sein d'un groupe composé de leaders internationaux, il n’y avait aucune difficulté; j’ai rencontré trois femmes d’affaires de culture occidentale, de type caucasien, de haut niveau qui avaient toutes les trois des sociétés internationales basées aux Émirats arabes unis et dans le monde,  qui soutenait des initiatives d’entrepreneuriales féminines du monde arabe : ce qui montre qu’il existe une solidarité, une dynamique féminine sous-jacente mais encore embryonnaire au regard de ce qui se passe déjà en Europe.

Honnêtement, je crois que comme partout dans le monde, il y aura toujours des personnes généreuses et d'autres malveillantes. J’ai été très surprise (positivement) par l’accueil réservé par les Saoudiens, j’ai même pu poser avec certains (hommes) pour des selfy, leur tenue traditionnelle étant magnifique.

En conclusion, il faut savoir que ce type d’évènement organisé par Future Investment Institut (FII) contribue à l’évolution de la condition des femmes en impactant la situation des droits des femmes de ces pays des Emirats Arabes Unis : depuis que cet évènement a lieu, les Femmes ont le droit de conduire et de voyager seul. Un considérable travail d’influence, de lobbying coordonné par Laëtitia Attias depuis plusieurs années participe à la réalisation de l’Objectif du développement Durable N°5 « Égalité des genres » même dans les pays arabo-musulmans.

La Femme noire que je suis a eu le sentiment de tracer une nouvelle voie pour ses semblables et celles qui s’interrogent sur la destination : car j’ai ressenti l’émoi des Saoudiens (hommes) qui  visiblement sont peu habitués à côtoyer des Femmes indépendantes (encore moins Noires), avec leurs propres moyens de paiement. La seule image de Femmes noire qui prédominent en ces lieux est celle de la Femme noire réduite en servitude à cause de sa condition misérable, miséreuse du fait du contexte politique international qui fustige le peuple noir et encore plus la Femme noire. Le message à faire passer à celles qui suivront cette voie est qu'il est indispensable d’imposer l’image de la femme Noire dans sa plus noble expression afin que la dignité de la Femme Noire resplendissent du fond des abîmes de la terreur dans laquelle elles sont plongées depuis trop longtemps.