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Billet de blog 23 décembre 2022

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Evolution du droit de la Femme - Paulette Nardal au VITRIOL de la lutte pour exister

Un hommage, à travers un bref voyage itinérant au VITRIOL de la vie de Paulette Nardal, traduction de la lutte acharnée d’une femme noire pour exister au sein de la société des hommes, pour exister au sein de la société martiniquaise...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Introduction

De Platon à Saint-Augustin,  en passant par Machiavel, Bernays ou hocks ; en dépit des bouleversements sociétaux qu’on subit nos sociétés depuis plusieurs siècles ; le pouvoir, la gouvernance moderne, reposent sur une philosophie politique, un pessimisme anthropologique,  imaginé par les hommes pour les Hommes, un pessimisme anthropologique,  imaginé par des hommes pour des hommes, qui a essaimé aux 4 coins du monde en raison de son efficacité : en effet, la gouvernance ou l’art de gouverner, de diriger un peuple selon ces préceptes, demeurent encore aujourd’hui très fortement marquée par le genre masculin, ce qui à contribuer et qui contribue encore, à façonner, à définir le cadre d’expression du pouvoir dans sa plus large dimension terrestre, avec pour seule  finalité, la conservation, la consolidation du pouvoir quoiqu’il en coute…

Le sujet de cette réflexion «  Evolution du droit de la Femme au sein de la société –Paulette Nardal au VITRIOL de la lutte pour exister » exhorte à la démystification d’un certain nombre de symboles, de pratiques, ancrées depuis plusieurs générations au cœur de nos sociétés. Aujourd’hui leurs involutions programmées marquent le glas d’une société archaïque, et la révolution sociétale d’un système misogyne arrivé en bout de course.

Avant d’aborder le parcours de Paulette Nardal, Femme noire, Femme de pouvoir, née le 12 octobre 1896 à la Martinique ; il est nécessaire de comprendre l’évolution du droit de la Femme, au sein de la société actuelle : il s’agit dans un premier temps de situer le contexte dans lequel elle évolue pour ensuite identifier sa position au sein de la gouvernance et du pouvoir.

Développement

1.Contexte

Au moment où ces phrases, prennent corps sous ma plume, la Femme évolue encore dans un monde dominé par une forme de réalisme et de pragmatisme politique engendrée exclusivement par la gente masculine, qui au gré de la traversée des siècles, pose un postulat selon lequel, l’Homme est incapable de faire le bien ; incapable de tenir ses promesses ; incapable de demeurer dans le vrai ; ou sa nature est par essence, dénuer de toutes vertus. Dans ce monde qui promeut le résultat par-dessus toute chose, celui qui souhaite gouverner, ou qui gouverne,  doit avoir conscience de la véritable nature humaine, et ce, pour mieux la dominer, mieux la contrôler en utilisant ses propres vices comme levier : l’art de gouverner s’exerce donc, au sein d’un cadre neutre, sans échelle de valeur, ou la morale est descendue de son piédestal pour laisser coexister le bien et le mal en toute légitimité et ou l’égoïsme, l’individualisme président à la table de la société humaine.

Dans un monde qui s’est affranchie des préceptes et des principes divins, l’homme n’a plus peur, de voir son âme sacrifier sur l’hôtel de la damnation ; et la seule chose qui l’effraie encore est très certainement  la mort : l’Homme réagit par apport aux apparences, non par apport à la réalité, il n’est pas rationnel par nature, et réagit à l’affect, au sentiment, aux émotions. Le gouvernant ne sera pas celui qui va donner au peuple, ce qu’il veut, mais plutôt celui qui va lui faire croire, qu’il lui donne, ce qu’il veut. En somme, le bon gouvernant est un illusionniste, un maître de l’art des apparences parce que ce sont les apparences qui finalement auront un impact sur l’homme et sur la société qu’il anime : Tel est le monde imaginé par les hommes pour les Hommes dans lequel la Femme doit aujourd’hui trouver sa place pour évoluer et quérir des droits.

2.La femme au sein de la gouvernance et du pouvoir

Depuis environ 20 ans, on assiste à une montée des femmes dans la classe politique, dans les sphères restreintes du pouvoir et de la gouvernance. Alors que certains y voient un délitement du pouvoir, par concomitance de l’arrivée de la femme au pouvoir, se jouent précisément, les prémices dédiés à la réédition de la notion de pouvoir et de gouvernance mondiale, selon une vison impactée, modelée par une féminisation, une socialisation du système, pour laisser place à des préceptes, plus altruistes, plus humanistes au service de la société humaine et de la planète. Pour l’heure ce bouleversement, ce changement de paradigme, à des conséquences sur nos sociétés, qui en dépit de leur apparente évolution, ne sont  pas toujours en phase avec la maturité nécessaire pour accepter cette nouvelle vision. La discrimination positive, imposée, pour changer le visage du pouvoir et de la gouvernance mondiale, fait face à des révoltes, des contraintes humaines, principalement masculine, qui tentent de ralentir la progression de la réalisation de l’ODD5 : égalité des sexes.

Si bien qu’au moment où se tient de plaidoyer, des femmes élues démocratiquement par le peuple, se voient, humilier, vilipender, malmener au sein des instances politiques nationales, internationales, sous le seul prétexte, qu’elles soient nées Femme. Dans une société imaginée par des hommes pour des hommes, leur parole est minorée, ironisée dans la plus grande passivité et à compétences égales, souvent leur salaire reste inférieur à celui des hommes.

3.Paulette Nardal au VITRIOL de la lutte pour exister 

Négritude, départementalisation, pour ne citer que ces deux mots fondamentalement ancrées dans les entrailles de l’identité martiniquaise ; Négritude, départementalisation,  ont pris naissance dans les méandres des discussions nocturnes du petit salon de Clamart à 8000km de la Martinique, que tenant les sœurs Nardal, Paul dit Paulette et Jane, deux femmes noires, à l’origine des prémices de la réflexion sur l'identité noire, précurseurs de «l'Internationalisme noir» du «mouvement noir», de « La Revue du monde noir », ont permis à de nombreux invités du genre masculin d’affiner les projets qui allaient propulser leur noms au-delà du temps et de l’espace. Pour l’époque, ces débats nocturnes, ce foisonnement intellectuel voulu par ces martiniquaises oubliées a contribué à enrichir les textes symptomatiques de «la douloureuse prise de conscience de la condition de Noirs en Amérique», et initiés le «réveil des intellectuels» noirs, qui jusqu'ici singeait les productions occidentales.

Comme pour faire un pied de nez, à ce monde imaginé par des hommes pour les Hommes, le premier ingénieur noir de la Martinique, aura engendré une descendance exclusivement  composé de filles. Au nombre de 7, le temps, l’espace imposent à l’homme, une sororité de 7 femmes parmi lesquelles naît en premier Paulette Nardal. Malgré un parcours d’excellence, il est difficile de comprendre comment il aura fallu  attendre, l’aurore de ses 85 ans pour que ses mémoires soient enfin recueillis, par le plus grand des hasards alors qu’elle avait déjà cessé toute activité ; il faudra encore fallu attendre les années 2000 pour qu’enfin son nom passe à la postérité et attendre encore, décembre 2021, pour que soit mise en lumière son profil  à l’occasion de l’exposition de Paris intitulé « Portrait de France ».

En 1940, estropiée physiquement, moralement, par la violence des effets de la diplomatie masculine qui engendrera une seconde et énième guerre ; elle parvient, comme dans un dernier sursaut de résistance face à une vie, face à un contexte, qui a tenté à mainte reprises de l’effacer de l’histoire, à rentrer définitivement à la Martinique ou elle puise au plus profond des abysses de son êtres, à la fin de la seconde guerre mondiale, l’énergie nécessaire à la création, du « Rassemblement féminin », un mouvement local qui aura pour vocation d’inciter les femmes martiniquaises à exercer leur droit de vote récemment acquis. Et tout en travaillant ponctuellement pour l’Organisation des Nations Unies (ONU), elle crée un nouveau journal féministe, « la Femme dans la cité ».

«Aux Antilles, on se méprise de nuance de peau à nuance de peau ; et à cette époque, les Noirs ne pouvaient espérer obtenir ce qu'avaient ceux qui avaient le teint clair.» disait-elle…

«Pensez-y toujours, n'en parlez jamaispensait son père

Ces deux phrases recueillies par son biographe, apportent un début d’explication contextuel sur la situation d’une femme noire, au sein d’une société martiniquaise, engendrée, elle-même par une société occidentale imaginée par des hommes pour des Hommes, complexe, et marquée par les effets du colonialisme. Victime d’attentats sur sa personne, Menacé, vilipendé, méprisé par ses compatriotes pour sa présence intellectuelle d‘avant-garde : ceux-là même qui jadis l’ont oubliés, malmenés, aujourd’hui glorifient sa mémoire et souhaitent  même sa panthéonisation.

Conclusion

A travers ce bref voyage itinérant au VITRIOL de la vie de Paulette Nardal, traduction de la lutte acharnée d’une femme noire pour exister au sein de la société des hommes, pour exister au sein de la société martiniquaise ; la justice des hommes n’a point de prise car la conscience ; ce juge inflexible, aveugle, qui préside au panthéon de l’Humanité est sourd aux compromis nauséabonds. Tôt ou tard, du pont de vue de du monde profane, mais au moment précis du point de vue du monde sacré ; au-delà du temps et de l’espace,  elle  impose à la face de celui qui commet le crime, la vérité, une réalité qu’il ne peut  plus nier, qu’il ne peut plus taire, ni absoudre, sous peine de douleur. La douleur morale/et ou physique, est une forme d’initiation qui amène la conscience à évoluer pour comprendre la cause de la violence à laquelle il ne peut se substituer. Ainsi, j’exhorte, chacun à ne jamais oublier que si l’homme représente un pan de la société humaine, la Femme en demeure l’autre moitié : nul ne devrait songer à occulter la part de féminité de l’humanité, car celui qui est incapable de comprendre, fera son apprentissage par la douleur.

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