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Billet de blog 18 septembre 2025

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Mon système scolaire idéal.

Notre système scolaire accentue les inégalités et brise autant les élèves que les enseignants. Mon modèle propose une autre voie : une école tournée vers l’épanouissement intellectuel, l’autonomie et le savoir-vivre, qui ouvre toutes les disciplines et redonne du sens à l’apprentissage.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’école devrait être le lieu où l’on apprend à grandir, à comprendre le monde, à développer ses talents, à s’épanouir intellectuellement. Un lieu qui donne à chacun les mêmes chances, qui relie le savoir au réel, et qui ouvre les portes de toutes les disciplines.

Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Le système scolaire actuel enferme, sanctionne, compare. On demande aux enfants de choisir trop tôt une orientation sans jamais leur avoir montré l’éventail réel des possibles. Les inégalités sociales s’y reproduisent et s’y aggravent. Et les faits divers liés à l’école, harcèlement, violences, drames humains, rappellent sans cesse que ce système ne protège pas, qu’il échoue à remplir son rôle.

Je ne crois plus dans l’école actuelle. Elle ne prépare pas à la vie. Elle fabrique des citoyens dociles plutôt que des individus confiants et autonomes. Beaucoup sortent de l’école sans savoir quoi faire de leur existence, incapables de se gérer seuls, et souvent brisés par la compétition et le harcèlement.

C’est un modèle qui ne profite ni aux élèves ni aux enseignants, les jeunes décrochent, dépriment ou s’enfuient, les profs s’épuisent et se sentent piégés dans un système qu’ils n’ont pas choisi. Les taux de burn-out chez les enseignants sont particulièrement élevés, on estime que 17 à 28 % en souffrent.
Le harcèlement scolaire reste aussi massif, 5 à 6 % des collégiens en France se déclarent victimes directes, et le phénomène est encore sous-estimé.

Je propose un autre modèle. Un système scolaire qui ne dresse pas mais qui libère, qui ne formate pas mais qui épanouit intellectuellement, et qui gomme les inégalités sociales.


La primaire : des bases solides, du concret, et une ouverture au monde

La primaire doit transmettre les fondamentaux, lire, écrire, compter, connaître l’histoire et la géographie. Mais ça ne peut pas s’arrêter là. Dès le plus jeune âge, les enfants doivent expérimenter, vivre dans le réel, comprendre le monde autour d’eux.

Chaque école possède son potager. Les enfants y plantent des graines, observent la croissance des plantes, apprennent les cycles de la vie. Une partie de la production sert à nourrir la cantine scolaire. Ils comprennent très tôt que le savoir, le soin et le travail produisent quelque chose de concret, de vivant, de nourrissant.

En parallèle, les élèves sont initiés à l’observation du monde naturel, les animaux, les insectes, le ciel, les étoiles, les rivières, les forêts, la mer. Ils effectuent des voyages pédagogiques pour découvrir différents environnements, montagne, littoral, campagne, zones urbaines, afin d’éviter l’enfermement territorial et social, grandir sans jamais sortir de son cadre d’origine.

Enfin, dès la primaire, chaque élève dispose d’une discipline librement choisie, sans contrainte de domaine. Sport, art, science, artisanat, technique, peu importe. Cette « discipline libre » est l’espace de la première passion, de l’initiative personnelle, et de la responsabilité.

Ce choix permet aussi de gommer une inégalité sociale majeure. Aujourd’hui, ce sont les familles qui financent les activités extrascolaires, et les opportunités dépendent largement de l’environnement, dans certains quartiers, l’offre se réduit au football, ailleurs ce sera la danse ou la musique. Dans mon système, chaque enfant, quel que soit son milieu, bénéficie des mêmes possibilités, gratuites et reconnues.

But, consolider des bases solides, relier le savoir à l’action, ouvrir l’esprit des enfants au monde et aux possibles, et offrir à tous une première passion accessible, sans dépendre des moyens de leur famille.


Le collège (11–14 ans) : ouverture encadrée avec choix et continuité

Dès l’entrée au collège, l’élève doit suivre trois disciplines obligatoires en parallèle,

  • sciences (au sens large, aussi bien les mathématiques, la physique ou la biologie que le français, l’histoire ou la géographie.)
    Toutes ces matières relèvent des sciences du savoir et de la compréhension du monde. L’opposition actuelle entre “littéraires” et “scientifiques” n’a donc aucun sens et doit disparaître.
  • un sports,
  • un arts.

Chaque trimestre, il peut changer au maximum deux disciplines sur trois. Cela garantit qu’il continue à progresser dans au moins un domaine tout en lui permettant d’en explorer d’autres.

Il n’y a plus de devoirs à la maison, tout le travail se fait à l’école, afin de supprimer les inégalités liées au soutien familial. Les semestres sont validés ou non, il n’y a plus de notes ni de classements.

But, équilibrer développement intellectuel, physique et artistique, lutter contre le décrochage et l’injustice scolaire, et ouvrir un très grand éventail de disciplines grâce à la contribution des associations.


Le certificat d’étude – 14 ans : les fondations pour tous

À 14 ans, chaque élève passe un certificat d’étude. Ce diplôme valide quatre éléments essentiels,

  • savoir lire et écrire correctement,
  • savoir compter,
  • maîtriser les bases de l’histoire et de la géographie.

Avec ce certificat, l’élève gagne une liberté totale sur son parcours futur. Ceux qui n’ont pas validé tous les éléments peuvent continuer à les travailler.

But, garantir un socle commun à tous, tout en libérant les jeunes pour qu’ils puissent explorer leur propre voie.


La fin des sanctions scolaires, La responsabilité juridique dès 14 ans

Dès 14 ans, les sanctions disciplinaires scolaires traditionnelles (colles, exclusions, avertissements, retenues) disparaissent. Les élèves deviennent pleinement responsables de leurs actes devant la justice.

Pourquoi ? Parce que l’école n’est pas la justice, et ce n’est pas son rôle. Aujourd’hui, on lui demande de gérer des situations qui dépassent largement son cadre, violences, harcèlement, délinquance. Les punitions internes ne règlent rien et laissent souvent les victimes sans protection réelle.

Un autre effet positif est que l’école cesse d’être perçue comme une prison par les élèves en difficulté. Quand c’est elle qui sanctionne, certains retournent leur colère contre elle, et cela alimente la spirale des violences. Si c’est la justice qui assume ce rôle, les jeunes font la distinction, l’école redevient un espace d’apprentissage, pas une institution punitive.

But, protéger réellement les victimes, responsabiliser les adolescents, et redonner à l’école son rôle premier, instruire et épanouir, pas juger et punir.


De 14 à 15 ans : internat obligatoire et apprentissage de la vie

Pendant une année, l’internat devient obligatoire, non pas pour enfermer, mais pour apprendre la vie.

Les jeunes y apprennent à cuisiner, à gérer un budget, à prendre soin de leur santé, à effectuer des démarches administratives, et à vivre en collectivité. Ils auront aussi des cours essentiels,

  • bases du droit (civil, travail, citoyenneté),
  • droits et devoirs du citoyen,
  • sexualité,
  • drogues et addictions,
  • libre arbitre et esprit critique, pour les préparer à développer une conscience politique éclairée.

Cet internat obligatoire a plusieurs vertus fondamentales,

  • Il permet de gommer les inégalités sociales, car tous les jeunes, qu’ils viennent d’un milieu aisé ou précaire, y apprennent les mêmes bases de l’autonomie.
  • Il crée une mixité sociale réelle, en mélangeant des élèves de tous horizons dans un même lieu de vie.
  • Il favorise un détachement progressif de la famille, pour préparer le passage à la vie adulte.

But, à 15 ans, chaque jeune connaît les bases de la vie quotidienne, comprend ses droits et devoirs, a expérimenté la vie collective, et possède les outils intellectuels pour développer une conscience citoyenne et politique.


De 16 à 18 ans : la liberté totale et l’exploration

À partir de 16 ans, la liberté est complète. L’élève peut choisir de se concentrer sur une seule discipline, ou au contraire en explorer jusqu’à cinq simultanément. Tout se déclenche via le système des semestres validés. Ceux qui avancent vite peuvent rejoindre les études supérieures avant 18 ans, tandis que ceux qui explorent ont deux années pour chercher ce qui les motive.

But, respecter le rythme de chacun, permettre aux passionnés d’avancer, donner à tous le droit de tâtonner, de découvrir, de changer d’avis sans être pénalisé.


Les associations : une intégration complète au système scolaire

Les associations (sportives, culturelles, scientifiques, artistiques…) ne seraient plus de simples compléments extérieurs à l’école. Elles deviendraient une composante à part entière du système éducatif.

Avec une formation adaptée et un agrément, elles auraient la capacité de dispenser des enseignements et de valider officiellement des semestres. Cela permettrait d’ouvrir l’école à une immense diversité de pratiques que le cadre scolaire classique ne peut offrir seul.

Je peux en témoigner personnellement, c’est grâce à l’association de Préaux que j’ai découvert l’astronomie. À l’école, ce domaine n’existait pas. C’est en dehors du cadre scolaire que j’ai pu m’y initier. Dans mon modèle, cette découverte aurait été reconnue, valorisée, et intégrée au parcours scolaire.

Cette intégration a deux effets majeurs,

  • gommer les inégalités sociales, car chaque élève, quel que soit son milieu, aurait accès gratuitement à des activités aujourd’hui réservées à ceux qui en ont les moyens,
  • étendre massivement l’éventail des disciplines, en intégrant à l’école des savoirs et des pratiques déjà portés par la société civile.

But, abolir la frontière entre scolaire et extrascolaire, et reconnaître pleinement la valeur éducative des associations en les intégrant au cœur du système.


Après 16 ans : apprentissage professionnel ou études supérieures

Dès 16 ans, l’élève peut choisir d’entrer en apprentissage d’un métier.

À 18 ans, si aucun socle n’a été validé, il est orienté vers un centre d’apprentissage, aucun jeune n’est laissé de côté. Si l’élève souhaite poursuivre des études supérieures mais n’a pas encore validé certaines compétences, il peut les valider durant les deux années suivantes, en parallèle de sa formation.

But, assurer que tout jeune ait une voie, éviter les sorties sans qualification, garantir des passerelles ouvertes.


Les études supérieures : avancée à son rythme

L’accès aux études supérieures dépend du nombre de semestres validés. Plus un élève valide vite, plus il peut progresser rapidement.

But, éliminer les blocages artificiels, permettre les avancées rapides pour les motivés, et éviter les stagnations forcées.


Pourquoi ce modèle ?

Parce qu’aujourd’hui, on demande trop tôt à des enfants de « choisir une voie » alors même que le système ne leur a pas permis d’explorer la richesse des possibles. La majorité ignore ce que recouvrent les sciences, les arts ou les sports. Ils se retrouvent enfermés dans une orientation par défaut, qui reproduit les inégalités sociales et tue la curiosité.

Mon système répond à ce problème,

  • primaire : bases solides, apprentissages concrets, discipline libre personnelle,
  • collège : équilibre obligatoire entre sciences, sport et arts, avec un très grand éventail de choix grâce aux associations,
  • après 14 ans : une étape en deux temps, une année d’internat obligatoire pour apprendre à vivre et à devenir citoyen

But global, offrir à chaque élève l’occasion d’explorer, de se découvrir, de changer de cap, sans jamais être enfermé.


Conclusion

Mon système scolaire idéal ne se contente pas de réformer l'école, il la refonde. Il supprime les notes, les devoirs, les sanctions, et la compétition destructrice. Il garantit un socle simple à 14 ans, puis libère les parcours scolaires. Il impose une ouverture équilibrée au collège (science, sport, art), et donne dès la primaire une place à une passion personnelle choisie librement. Il intègre une vraie éducation à la vie, responsabilise les jeunes devant la justice, valorise les associations et l’apprentissage, et met en place un filet de sécurité pour que personne ne soit exclu.

C’est une école qui ne formate pas, mais qui épanouit. Une école qui prépare non seulement à réfléchir, mais à vivre. Une école qui ouvre les mêmes portes à tous, quelle que soit leur origine ou leur situation.

Bâtir une nouvelle école, pour fonder une nouvelle société.

Je ne prétends pas que ce système soit parfait. Mais il est concret, cohérent, et déjà plus juste que celui que nous subissons aujourd’hui. Alors, si moi, simple citoyen, je suis capable de l’imaginer et de le construire, pourquoi le gouvernement, avec tous ses moyens, refuse-t-il de le faire ?

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