Des révélations récentes jettent une lumière glaçante sur l’état de la démocratie aux États-Unis, et au-delà. Des conversations internes, rendues publiques par des fuites, montrent que le Betar US, branche américaine d’un mouvement sioniste fondé en 1923, planifie ouvertement des actes violents, racistes et islamophobes contre les mobilisations pro-palestiniennes à New York.
Oui, vous avez bien lu. En 2025, à quelques heures d’avion de Paris, une milice d’extrême droite juive se prépare, en toute impunité, à gazer des manifestants, brûler des Corans, harceler des mosquées, et livrer des militants pro-palestiniens à la police fédérale et aux services d’immigration américains.
Et le monde regarde ailleurs.
Un groupuscule fasciste, pas une organisation communautaire
Le Betar, ce nom ne dira rien à beaucoup. À l’origine, c’est un mouvement de jeunesse sioniste fondé par Vladimir Jabotinsky. Mais sa version américaine Betar US a glissé depuis longtemps dans l’extrême droite la plus brutale. Elle emprunte plus aux codes des milices fascistes qu’à ceux d’un quelconque activisme démocratique.
Les fuites révèlent une série de discussions WhatsApp entre militants du Betar US, dans lesquelles sont échafaudés de véritables plans d’attaque contre les rassemblements pro-palestiniens :
Achat de gaz lacrymogène, lasers, armes de poing
Repérages de mosquées pour y mener des provocations
Menaces d’agressions physiques contre des étudiants mobilisés
Appels à brûler des exemplaires du Coran pour "faire réagir"
Certains membres vont jusqu’à se vanter d’avoir des liens directs avec la police de New York (NYPD), et de transmettre des fichiers de militants au Department of Homeland Security et à l’ICE. L’un d’eux affirme même, profil LinkedIn à l’appui, avoir été cadet du NYPD. Autrement dit, des complicités institutionnelles sont clairement suggérées.
Une stratégie politique de la peur et de la terreur
Ces agissements ne sont pas isolés. Ils s’inscrivent dans une stratégie de terreur idéologique visant à dissuader toute forme de soutien public à la cause palestinienne.
Le Betar US n’en est pas à son coup d’essai. Le groupe a revendiqué :
Ne implication dans les campagnes d’expulsion des étudiants pro-Palestine sous Trump,
La transmission de noms de Juifs américains "non alignés" à la Knesset pour leur refuser l’entrée en Israël,
La promesse de primes pour identifier ou "livrer" des militants palestiniens visibles,
Des campagnes coordonnées de harcèlement contre des lieux de culte musulmans.
Même l’ADL (Anti-Defamation League), pourtant souvent sur une ligne dure, a classé le Betar US comme groupe extrémiste.
Un silence complice
Et pourtant, face à tout cela : rien. Pas un mot dans les grands médias. Pas de condamnation politique. Pas d’enquête fédérale visible. Le racisme islamophobe, quand il ne vient pas de l’extrême droite blanche, semble étrangement tolérable.
Imagine-t-on le tollé si un groupe pro-palestinien avait proposé de brûler une Torah ? De gazer une synagogue ? De cibler nommément des militants juifs pour les livrer à la police ? Le scandale serait mondial, et à juste titre. Pourquoi ce deux poids, deux mesures ?
Nommer, dénoncer, agir
En tant que militant CGT, en tant qu’antifasciste, en tant qu’humain, je refuse de me taire.
Ce qui se passe aux États-Unis concerne tous les progressistes et toutes les forces attachées aux droits humains.
Le Betar US est une milice d’extrême droite raciste et violente, qui agit dans un climat d’impunité, avec des relais politiques puissants. Son but : faire taire les voix solidaires de la Palestine et attiser la haine communautaire.
Nous devons :
Exiger une enquête internationale sur les activités du Betar US.
Dénoncer les collusions entre cette milice et des institutions policières ou politiques.
Soutenir sans réserve les militants pro-palestiniens, menacés dans leur intégrité physique et leurs libertés fondamentales.
Continuer à manifester, à parler, à se mobiliser, à refuser la peur.
Contre toutes les extrêmes droites, y compris sionistes
Ce combat est universel. L’extrême droite n’a pas qu’un visage. Elle peut s’habiller en drapeau bleu-blanc, comme en étoile noire ou en croix gammée. Ce qui définit le fascisme, ce sont ses méthodes : la violence, la haine, la peur, l’ennemi désigné.
Face à ces méthodes, une seule réponse : la solidarité, la mobilisation, et le courage de nommer les choses.
Le Betar US est un danger pour la démocratie.
Et face à ce danger, le silence est une faute.
Augustin Vinals
Militant CGT depuis un demi siècle, engagé pour la justice sociale et les droits des peuples.