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Billet de blog 7 août 2025

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En 2025, le PCF est à combien ? Une misère… et une colère

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En 2025, le PCF est à combien ? Une misère… et une colère

"Le PCF est à combien en 2025 ? Une misère." Cette phrase lancée claque comme une gifle. Elle résume ce que tant de camarades ressentent, parfois dans la rage, souvent dans le silence. Oui, une misère. 2,37 % aux européennes de 2024. Pas un député élu. Pas même un signal d’espoir. Juste un verdict implacable : le peuple ne suit plus.

Mais faut-il s’étonner ? Combien de fois avons-nous alerté, tiré la sonnette d’alarme, tendu la main, proposé un retour aux fondamentaux, une reconquête par les luttes, une parole claire, tranchée, enracinée dans la vie ouvrière, populaire, syndicale ? Et combien de fois ces appels ont été ignorés au nom de calculs politiciens, d’alliances molles, de "crédibilité institutionnelle" et de stratégies hors-sol ?

Le divorce entre le PCF et le monde du travail est là.

C’est une blessure. Car nous avons aimé ce parti. Nous y avons milité. Nous y avons cru. Il fut un outil de combat, un levier de dignité, un foyer d’intelligence collective et d’organisation populaire. Il a porté la voix des invisibles, des exploités, des classes laborieuses. Il a mis des mots sur la souffrance sociale et des actes derrière les discours. Il a construit la Sécurité sociale, les statuts des travailleurs, des conquis arrachés de haute lutte.

Mais ce n’est pas ce PCF-là que le peuple voit aujourd’hui. Ce qu’il voit, ce sont des jeux d'appareils, des querelles de chapelles, des postures molles sur les plateaux télé, une incapacité à incarner une rupture anticapitaliste crédible. Il voit une direction qui parle en son nom sans le fréquenter. Il voit des figures figées, déconnectées, parfois plus soucieuses de sauver un siège que de prendre celui du patron. Pendant ce temps-là, la misère sociale grandit, les fascistes avancent, et le mouvement ouvrier se cherche une boussole.

Il ne s’agit pas ici de faire le procès des militantes et militants communistes.

Ils sont souvent admirables de constance, de loyauté, d’abnégation. Sur les piquets de grève, dans les manifs, les quartiers, les campagnes, ils tiennent debout ce qui reste du lien entre le parti et la population. Mais ils sont trop souvent méprisés, contournés, réduits au rôle de colleurs d’affiches ou de porteurs de tracts pour une stratégie décidée d’en haut, sans eux.

Nous ne sommes pas nostalgiques d’un âge d’or imaginaire. Nous savons les erreurs, les limites, les échecs du passé. Mais nous savons aussi ce que veut dire la fidélité à une classe, à une cause, à une histoire collective. Et c’est au nom de cette fidélité que nous disons : ça ne peut plus durer.

Ce n’est pas qu’un parti qui s’effondre, c’est un espace politique qui se vide.

Pendant que le PCF végète, les idées de rupture vivent ailleurs : dans les luttes sociales, dans les syndicats de combat comme la CGT, dans les collectifs écologistes, dans les réseaux féministes et antiracistes, dans la jeunesse précaire qui rêve encore d’un avenir. Mais elles sont orphelines d’un débouché politique cohérent, crédible, populaire, offensif. Elles attendent une force à la hauteur des colères, des urgences sociales, des dangers qui nous guettent.

Et pendant ce temps-là, le RN prospère. Il récupère les abstentionnistes, les abandonnés, les enragés. Il instrumentalise la souffrance sociale que nous avons laissée sans réponse. L’extrême droite n’avance pas parce qu’elle est brillante. Elle avance parce que nous reculons. Parce que nous avons déserté les territoires où la politique devrait se faire : les entreprises, les quartiers, les zones rurales, les foyers de jeunes, les syndicats, les luttes du quotidien.

Il est temps de reconstruire.

Pas de rafistoler, pas de rééditer les vieilles recettes en espérant un miracle. Non, reconstruire. À partir du réel. À partir du monde du travail. À partir des jeunes, des précaires, des invisibles. À partir de ceux qui n’en peuvent plus, mais qui ne baissent pas les bras.

Reconstruire un mouvement politique de rupture, rouge, vert, féministe, antiraciste, populaire, anticapitaliste. Un mouvement qui ne s’excuse pas d’être radical. Un mouvement qui assume l’affrontement avec le pouvoir économique, avec l’extrême droite, avec le capitalisme lui-même. Un mouvement qui ne vise pas seulement la survie électorale, mais la transformation sociale.

Si le PCF veut être ce mouvement, il doit changer profondément, brutalement, radicalement. Il doit ouvrir grand ses fenêtres, renouveler ses visages, repenser ses méthodes, redevenir un outil entre les mains des exploité·es, pas une institution figée.

Et s’il ne le peut pas ou ne le veut pas, alors qu’il laisse la place.

Car le peuple ne peut plus attendre.

La colère est là. L’aspiration à la justice est là. L’intelligence collective est là. Il ne manque qu’un outil. Nous le construirons, d’une manière ou d’une autre.

Parce que nous ne sommes pas faits pour commenter les défaites, mais pour organiser les victoires.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.