Indignation et d’hommage à Robert Badinter.
J'ai appris avec consternation que la tombe de Robert Badinter, ancien ministre de la Justice, a été dégradée au cimetière parisien de Bagneux.
Des tags haineux ont été apposés sur sa sépulture, visant directement ses combats pour l’abolition de la peine de mort et pour la dépénalisation de l’homosexualité.
Ce geste ignoble, lâche et infâme, ne tombe pas du ciel.
Il s’inscrit dans un climat politique délétère, nourri depuis des années par les discours de haine, de rejet et de repli identitaire.
Ce climat, ce sont les militants de l’extrême droite, les relais du Rassemblement National et de ses satellites, qui l’alimentent jour après jour, à coups de slogans racistes, homophobes, sexistes et autoritaires.
Ils prétendent « défendre la France » en insultant ce qu’elle a de plus noble les valeurs d’humanité, de liberté et de progrès.
Quand on s’en prend à la tombe de Robert Badinter, on s’en prend à l’idée même d’une justice humaine.
On s’en prend à l’idée que la vie humaine a une valeur, même lorsqu’elle a fauté.
On s’en prend à la République des Lumières, à celle qui met la raison au-dessus de la vengeance, la dignité au-dessus de la peur.
Oui, cela ressemble bien aux pratiques des militants du RN profaner, salir, manipuler les symboles, répandre la haine sous couvert d’« ordre », distiller la peur et le mépris.
Ils croient que la haine fera reculer la mémoire. Ils se trompent elle ne fera que renforcer notre détermination.
Un combat que nous avons mené à la CGT
Je me souviens de ces années 1970 -1980, où, à la CGT, nous avons débattu, argumenté, convaincu.
Nous avons pris position contre la peine de mort, souvent à contre-courant de l’opinion.
Parce que, pour nous, syndicalistes, défendre la vie, c’est le cœur du combat ouvrier.
Parce que la justice sociale ne se bâtit pas sur le sang, mais sur la dignité.
Nous étions des milliers à dire : « Pas en notre nom ! »
Pas en notre nom qu’on tuerait au nom de la loi.
Pas en notre nom qu’on humilierait des hommes et des femmes pour leur orientation sexuelle ou leur origine.
Robert Badinter a incarné ce combat avec un courage immense.
En 1981, face à une Assemblée encore traversée par la peur et le populisme, il a tenu bon.
Son discours pour l’abolition de la peine de mort a marqué l’histoire.
Il a fait honneur à la République et à la conscience humaine.
Aujourd’hui, ceux qui profanent sa tombe, ce sont les héritiers de cette France de la peur, celle qui refusait la main tendue à l’autre.
Ils ne supportent pas qu’un homme ait incarné la lumière face à la barbarie.
Un avertissement à prendre au sérieux.
Cette profanation n’est pas un fait divers c’est un signal politique, le symptôme d’un glissement grave.
Les idées d’extrême droite ne se contentent plus d’occuper les plateaux télé elles contaminent les consciences, elles légitiment les violences, elles justifient les pires provocations.
Quand la haine devient un argument électoral, quand l’homophobie et le racisme se banalisent, quand on insulte les défenseurs des droits humains, alors la République vacille.
Et nous, militants CGT, nous avons le devoir de le dire.
Le combat contre la peine de mort, contre la haine, contre la régression des droits, c’est notre combat aussi.
C’est le même fil rouge qui relie les luttes sociales aux luttes humanistes le respect de la dignité de l’être humain.
Face à la haine, notre réponse sera toujours la même, la solidarité, la fraternité, la lutte collective.
Face aux discours de mort, nous opposons la justice, l’éducation, la culture, la mémoire.
Face à la peur, nous opposons la conscience et l’organisation.
Nous disons à la famille de Robert Badinter, à ses proches, à toutes celles et ceux qui continuent de faire vivre son héritage vous n’êtes pas seuls.
Et nous disons aux fossoyeurs de la mémoire vous ne gagnerez pas.
La France de Badinter, celle des Lumières et du progrès, celle de la justice et de la vie, vivra tant que des femmes et des hommes se lèveront pour la défendre.
Robert Badinter disait « La justice n’est pas la vengeance. Elle est la lumière dans la nuit de la barbarie. »
Aujourd’hui, cette lumière vacille.
Mais nous, militants, nous sommes là pour la rallumer.
Parce que tant qu’il y aura des hommes et des femmes debout pour dire non à la haine, non à la mort, oui à la dignité, oui à la vie, alors l’esprit de Robert Badinter ne mourra jamais.
l'interprétation par Julien Clerc de «L'Assassin assassiné», chanson plaidoyer contre la peine de mort. Ce texte a beaucoup compté pour le combat de l'avocat contre la peine capitale. https://www.ina.fr/.../assassin-assassine-peine-de-mort....