Les risques cancérigènes dans le nettoyage et les services à la personne : Un scandale sanitaire encore invisibilisé
Suite à l’invitation du Groupement d’Intérêt Scientifique sur les Cancers d’Origine Professionnelle et Environnementale dans le Vaucluse (GISCOPE 84), nous avons participé à un colloque consacré aux risques cancérigènes dans les activités de nettoyage et des services à la personne.
Étaient présents pour le Collectif Amiante Pays des Sorgues (CAPS 84) : Édouard Arrigoni et Michel Solbès. Pour la Loire, Augustin Vinals, président du CAPER AMP 42, a également répondu présent.
Ce colloque a été un moment fort d’échanges scientifiques, de témoignages de victimes et de confrontations politiques autour d’un sujet encore trop largement invisibilisé : les cancers liés à des activités professionnelles majoritairement occupées par des femmes.
Des expositions cancérogènes massives mais sous- estimées
Les échanges ont permis de confirmer un constat alarmant : les risques cancérigènes liés aux activités de nettoyage et aux services à la personne sont peu et mal documentés, ce qui constitue un frein majeur à toute politique de prévention digne de ce nom.
Pourtant, de nombreux produits de nettoyage contiennent des agents cancérogènes avérés, comme le formaldéhyde, utilisé comme biocide et relevant de la catégorie des pesticides. Ces produits sont utilisés quotidiennement, sans protection suffisante, parfois sans information, aussi bien dans la sphère professionnelle que domestique.
Cette réalité touche en premier lieu des secteurs fortement féminisés, ce qui contribue à leur Invisibilisation sociale et sanitaire. Les chiffres sont éloquents : les femmes représentent moins de 3% des cancers reconnus chaque année comme maladies professionnelles, un chiffre qui en dit long sur les mécanismes de déni et de sous- reconnaissance.
Témoignages, sciences et luttes : une parole collective qui se construit
Chercheur·es, sociologues, économistes, toxicologues, ergonomes, professionnel·les de santé au travail, médecins du travail, mais aussi travailleuses du nettoyage et des services à la personne atteintes de cancers hématologiques, ont croisé leurs regards.
Notre appréciation des travaux réalisés par le GISCOPE 84 auxquels nous avons participé les 11 et 12 décembre à l’Université d’Avignon
Ce colloque a permis de faire le lien entre savoirs scientifiques, réalités du travail et vécu des victimes, démontrant une fois encore que les cancers professionnels ne sont ni une fatalité, ni des accidents individuels, mais bien le produit de choix industriels et politiques.
Les activités concernées se situent à la frontière du professionnel et du domestique, ce qui renforce encore l’absence de reconnaissance des expositions et des pathologies.
Un déni institutionnel largement dénoncé
Un point a fait consensus parmi les intervenant·es: malgré l’accumulation des preuves scientifiques, ni le gouvernement français, ni la Commission européenne ne prennent réellement la mesure du drame sanitaire en cours.
Médecins, chercheurs et spécialistes ont exprimé leur colère et leur indignation face: Au refus persistant de reconnaissance des maladies professionnelles,à l’attitude de certains médecins-conseils, largement déconnectés du monde du travail, ux obstacles à la délivrance du certificat médical initial et aux pressions permanentes exercées par le patronat pour limiter les déclarations.
Ce système de non-reconnaissance participe pleinement à la double peine subie par les victimes : tomber malade à cause du travail, puis devoir se battre pour faire reconnaître l’origine professionnelle de leur cancer.
Associations de victimes et CGT: un rôle irremplaçable.
À plusieurs reprises, nous sommes intervenus pour présenter le travail mené par nos associations au sein de la Coordination des Associations de Victimes de l’Amiante et des maladies dues au travail (CAVAM).
Des représentant·es de l’ADEVIMAP (Martigues) sont venus à notre rencontre afin d’envisager un travail commun et nous ont invités à leur prochaine assemblée générale.
Plusieurs médecins, ergonomes et chercheurs ont également souhaité poursuivre les échanges et ont demandé les coordonnées de nos associations.
Un fait marquant: de très nombreuses interventions ont souligné le rôle déterminant de la CGT. Certain·es chercheurs ont expliqué que sans l’appui de la CGT, ils n’auraient jamais pu mener leurs enquêtes de terrain, les employeurs opposant systématiquement des refus d’accès.
La présence d’un inspecteur du travail de la CGT Fonction Publique Territoriale, ainsi qu’une intervention en duplex avec un syndicaliste belge membre de la Confédération Européenne des Syndicats, ont rappelé que ce combat dépasse largement les frontières nationales.
Faire connaître, reconnaître et prévenir
Nous avons tenu à féliciter les organisateurs de ce colloque pour la qualité et la richesse des travaux présentés. Il est urgent que ce type de rencontres soit beaucoup plus largement relayé auprès des militant·es syndicaux, associatifs et des salarié·es concernés.
Car derrière les statistiques, il y a des vies brisées. Et tant que les cancers professionnels resteront invisibilisés, les responsables industriels comme décideurs publics continueront d’échapper à leurs responsabilités.
Nous conseillons tous les camarades d’écouter Annie THEBAUD-MONY sociologue et Directrice de recherche honoraire à l’INSERM
Enregistrement réalisé en 2024 https://www.youtube.com/watch?v=gLZ0iDKSZUA.
Annie était présente au colloque du Giscope 84 et c’est elle qui a fait les conclusions de ces deux jours d’informations et d’échanges.
« Il faut que« Il faut que le droit pénal prenne en le droit pénal prenne en compte les crimes industriels »compte les crimes industriels »
Intervention d’un inspecteur du travail de la CGT Fonction Publique Territoriale
Augustin Vinals Président du CAPAR AMP 42 LOIRE
CAPER AMP42– Loire
Édouard Arrigoni–Michel Solbès
Collectif Amiante Pays des Sorgues(CAPS84)