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Billet de blog 21 juillet 2025

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Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République

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A St Etienne le 21 juillet 2025

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République

Objet : Loi Duplomb sur l’agriculture – Pour qui gouvernez-vous ?

Monsieur le Président,

Je vous adresse cette lettre en tant que président du CAPER AMP 42 Loire, citoyen engagé, solidaire des paysannes et des paysans de ce pays, inquiet pour notre santé, pour notre environnement, et pour notre démocratie.

La loi Duplomb sur l’agriculture, que votre gouvernement a fait adopter, est un tournant préoccupant. Elle ne répond en rien aux souffrances réelles du monde agricole. Pire : elle affaiblit les normes environnementales, facilite l’usage des pesticides, réduit les contrôles, et met à mal les droits d’expression et de mobilisation des riverains, des associations et des syndicats.

Alors que le pays attend une transformation en profondeur de notre modèle agricole, vous tournez le dos aux exigences de justice, de santé publique et d’écologie. Vous présentez cette loi comme une réponse à la détresse du monde paysan, mais vous en livrez les clefs aux puissances de l’agrobusiness, aux lobbys chimiques et aux intérêts de la FNSEA.

Pour qui gouvernez-vous, Monsieur le Président ?

Car ce ne sont pas les ONG, les syndicats indépendants, les scientifiques ou les citoyens mobilisés qui tuent l’agriculture : ce sont quarante années de productivisme, de dumping social et environnemental, de soumission au libre-échange, de dépendance aux subventions. Ce sont les géants de l’agrochimie, les coopératives devenues multinationales, les banques et les firmes de l’agroalimentaire.

Vous connaissez la réalité du terrain : chaque jour, des agriculteurs cessent leur activité. Chaque semaine, des paysans se donnent la mort. Chaque mois, des terres sont accaparées ou bétonnées. Et pourtant, vous choisissez d’adopter une loi qui ne protège ni les hommes, ni la terre, ni le vivant.

Cette loi est une régression.

Elle légitime l’empoisonnement de nos campagnes.

Elle étouffe la voix de celles et ceux qui alertent, qui contestent, qui proposent.

Elle menace la démocratie sanitaire et environnementale.

Elle dénigre les combats des victimes de pesticides, les mobilisations des jeunes, les luttes pour une alimentation saine et locale.

À la tête du CAPER AMP 42, association de défense des victimes de l’amiante et de la santé au travail, je connais ces combats pour la vérité, pour la justice, pour la vie. Et je vous le dis : nous n’acceptons plus que les choix politiques sacrifient la santé publique, l’environnement et les droits humains au nom de la rentabilité immédiate.

Je vous demande solennellement de ne pas promulguer cette loi en l’état.

J’appelle à un moratoire, à un vrai débat public, transparent, pluraliste.

J’appelle à écouter celles et ceux qui défendent une autre agriculture : paysanne, écologique, juste, solidaire, libérée des chaînes de l’agro-industrie.

Si vous persistez, Monsieur le Président, vous porterez la lourde responsabilité d’un nouveau recul sanitaire, environnemental et démocratique.

Mais sachez que nous serons nombreux, dans les champs, dans les quartiers, dans les collectifs, dans les syndicats, à ne pas laisser faire.

À continuer de nous battre pour le vivant.

À faire grandir la colère, mais aussi l’espérance.

Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de ma détermination citoyenne.

Augustin VINALS

Président du CAPER AMP 42 Loire

Citoyen solidaire des paysannes et des paysans

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PS: Où sont les députés de la Loire : Ont-ils lu cette loi qui ouvre encore davantage la porte à l’agriculture chimique intensive ? Savent-ils ce que cette loi signifie concrètement pour les sols, les rivières, les riverains ? Savent-ils combien de jeunes agriculteurs, de petites exploitations, de circuits courts, seront asphyxiés par cette orientation productiviste assumée ?

Et les partis politiques de la Loire, tous bords confondus : Où sont leurs communiqués ? Où sont leurs réunions publiques ? Où sont les propositions alternatives ? Où est la solidarité avec les paysans qui refusent d’empoisonner leur terre ? Où est la défense de l’intérêt général et non celui des firmes agrochimiques ?

Même certains partis qui se revendiquent de l’écologie ou du social, restent étonnamment silencieux dans notre département.                                     Pas de réaction structurée, pas de campagne locale, pas de contre-projet clair. Que craignent-ils ? De perdre un peu de capital électoral dans les zones rurales ? D’être accusés d’“écologie punitive” ?

Mais ne rien dire face à une régression, c’est l’accepter.

La loi Duplomb, ce n’est pas qu’un texte technique sur l’agriculture. C’est un choix de société, un alignement sur les pires logiques de l’agrobusiness, une capitulation face aux intérêts privés. Elle mérite, au minimum, une opposition claire, courageuse et publique.

Nous n’oublierons pas que pendant qu’on démolissait le peu de protections encore existantes pour l’environnement et les paysans, les députés de la Loire sont restés muets, ou pire, ont voté pour.

Nous demandons que chaque député de la Loire et chaque responsable de parti politique départemental s’exprime publiquement sur ce texte.     Pas dans six mois. Maintenant.

Car ce sont aussi leurs silences qui détruisent nos campagnes.

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