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Billet de blog 23 octobre 2025

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Les 80 ans de la Sécurité Sociale

80 ans de la Sécurité sociale – Inauguration du parvis Ambroise Croizat à Saint-Étienne

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

80 ans de la Sécurité sociale – Inauguration du parvis Ambroise Croizat à Saint-Étienne

Camarades, ami.es,

Vendredi 17 octobre 2025, nous avons célébré un anniversaire qui nous tient à cœur : les 80 ans de la Sécurité sociale, ici même, à Saint-Étienne, avec l’inauguration du parvis Ambroise Croizat.
Un lieu, un nom, une histoire, mais surtout un combat !

Parce que la Sécurité sociale, ce n’est pas un acquis tombé du ciel.
C’est une conquête populaire, née de la volonté du monde ouvrier de ne plus jamais subir la misère, la maladie ou la vieillesse dans la détresse.
Et c’est une œuvre profondément politique et sociale, née de la rencontre entre une haute fonction publique progressiste et un mouvement ouvrier puissant, celui de la CGT et de ses militants.

D’un côté, Pierre Laroque, haut fonctionnaire républicain, humaniste, porteur d’une vision émancipatrice de l’État social.
De l’autre, Ambroise Croizat, ouvrier métallurgiste dès 13 ans, dirigeant des métallos CGT, député communiste du Front populaire, ministre du Travail et de la Sécurité sociale à la Libération.
Deux hommes, deux parcours, une même ambition  faire de la protection sociale un droit universel, et non une aumône.                           

La rencontre fondatrice

La Sécurité sociale est née de cette rencontre inédite, de cette alliance entre l’intelligence d’État et la force du mouvement ouvrier.
C’est cela qui a donné à notre modèle social sa singularité et sa puissance.
C’est cela qui explique pourquoi la France, au sortir des ruines de la guerre, a su bâtir un système de solidarité unique au monde.

Et c’est pourquoi il est si important de rappeler aujourd’hui cette origine.
Parce qu’elle nous éclaire sur ce que nous devons défendre et reconquérir.

Les principes fondateurs

Quels étaient les grands principes portés par Croizat et la CGT ?

D’abord, l’universalité.
De la naissance à la mort, chacun doit être protégé contre les risques de la vie : maladie, accident du travail, maternité, vieillesse, famille.
La Sécu, c’est un droit pour tous, pas une assistance pour les pauvres !
C’est une rupture radicale avec la charité, avec la sélection, avec la logique de l’assurance réservée à quelques-uns.

Ensuite, la caisse unique.
Avant 1945, il existait des centaines de caisses corporatives ou confessionnelles.
Le régime général, lui, crée un système cohérent, unifié, solidaire , une caisse primaire par département, une régionale, une nationale.

Objectif : égalité de traitement et efficacité.

Et enfin, le financement par la cotisation sociale.
Chacun cotise selon ses moyens, chacun reçoit selon ses besoins.
Ce principe, c’est le cœur battant de la Sécu.
Il garantit son indépendance vis-à-vis de l’État, il la rattache au monde du travail.
La Sécurité sociale, c’est le salaire socialisé, c’est le fruit du travail collectif !

Les oppositions et les luttes

Mais attention dès le départ, ce projet a suscité des oppositions violentes.
Le patronat ne voulait pas de la cotisation patronale, ni de la gestion par les travailleurs.
Les mutuelles et les assurances privées redoutaient de perdre leurs privilèges.
Les médecins craignaient d’être fonctionnarisés.
Les cadres, eux, ne voulaient pas du même régime que les ouvriers.

Et pourtant, malgré tout cela, la CGT a tenu bon !
Nos camarades, sur le terrain, ont mis en place le régime général, dans 138 caisses primaires et 111 caisses d’allocations familiales.

Ce sont les militants CGT qui ont bâti, pierre après pierre, la maison commune de la solidarité.

« La Sécurité sociale, c’est une conquête ouvrière ! »

La contre-offensive patronale

Mais dès 1947, la guerre froide et la division syndicale ont fragilisé cette gestion ouvrière.
Et en 1967, les ordonnances Jeanneney ont porté un coup terrible, elles ont divisé la Sécu en quatre branches, détruit la caisse unique, instauré le paritarisme 50/50 entre syndicats et patronat  une vraie porte ouverte au pouvoir du CNPF, ancêtre du MEDEF.
C’est aussi à ce moment-là qu’apparaît l’expression du « trou de la Sécurité sociale », inventée par Georges Pompidou pour justifier ces reculs.
Depuis, ce discours budgétaire et culpabilisant n’a cessé de miner notre système.

On est passé d’une logique de droits et de besoins universels à une logique de comptabilité et d’austérité.
On a asséché les recettes, puis on a crié au déficit pour justifier la casse.
Voilà la vérité.

Notre devoir aujourd’hui

Alors, camarades, à l’heure où certains veulent encore privatiser, restreindre, fragmenter.

Protégeons et améliorons notre Sécu !

Allons vers la Sécurité sociale intégrale !

C’est ce projet que la CGT porte depuis Croizat, et qu’elle continue de faire vivre aujourd’hui :
une Sécu gérée démocratiquement par les travailleurs, financée par la richesse produite, ouverte à toutes les dimensions de la vie,santé, retraite, chômage, logement, autonomie, éducation.

Il n’y a aucune fatalité à la casse sociale.
Il n’y a aucune fatalité à la résignation.
Il y a seulement des choix politiques, et des rapports de force à construire.

Et c’est pourquoi nous étions présent sur le parvis Ambroise Croizat, pour dire haut et fort : Rien n’est trop beau pour le travailleur !
La Sécurité sociale, c’est notre bien commun !
Et nous la défendrons, comme hier, comme toujours !

Augustin VINALS
Militant CGT de la Métallurgie à Saint-Étienne, dans la Loire, depuis un demi-siècle.

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