"Ils ont rejeté la vie. Nous les accuserons."
Déclaration du CAPER AMP 42 LOIRE après le rejet de l’amendement créant un Pôle Public d’Éradication de l’Amiante (PPEA)
Ce rejet n’est pas une surprise. Il est la confirmation, brutale, d’une politique qui préfère les profits aux vies humaines. Une politique qui, par lâcheté ou cynisme, continue de couvrir l’un des plus grands crimes industriels de notre temps : celui de l’amiante.
Le gouvernement Macron, fidèle serviteur des intérêts financiers, a rejeté un amendement vital : celui qui visait à créer un véritable Pôle Public d’Éradication de l’Amiante (PPEA). Ce rejet n’est pas technique, ce n’est pas un désaccord de procédure, ce n’est pas une question de timing ou de budget. C’est un acte politique, un refus volontaire, une complicité manifeste.
Car ils savent.
Oui, les député·es de la majorité, les ministres, les technocrates, les hauts fonctionnaires savent. Ils savent que l’amiante est responsable de plus de 100 000 morts en France. Ils savent que des milliers de cancers continuent d’être diagnostiqués chaque année. Ils savent que des millions de salarié·es, d’élèves, d’habitant·es, de patient·es fréquentent encore chaque jour des lieux contaminés.
Ils savent et ils laissent faire.
Ils laissent mourir.
Un pouvoir au service des empoisonneurs
Ce rejet, c’est le masque qui tombe. Ce pouvoir, qui prétend gouverner pour l’intérêt général, gouverne en réalité au service des puissants, des empoisonneurs, des bétonneurs, des promoteurs, des actionnaires.
Ce pouvoir refuse de créer un Pôle Public d’Éradication de l’Amiante parce que cela signifierait :
Ouvrir les archives, désigner les responsabilités, contraindre les propriétaires à agir,mobiliser des moyens publics massifs, et surtout, reconnaître enfin que ce drame est un crime, et qu’il faut des coupables.
Mais ce gouvernement ne veut ni justice, ni réparation.
Il veut l’oubli.
Il veut le silence.
Il veut l’impunité pour ceux qui ont tué et continuent de tuer pour du fric.
Ils méprisent les morts. Ils condamnent les vivants.
Le rejet du PPEA, c’est une gifle donnée aux malades, aux veuves, aux familles, à toutes celles et ceux qui, depuis des années, se battent avec dignité, souvent dans l’ombre, pour faire reconnaître leurs droits.
C’est un crachat au visage des ouvrier·es de la métallurgie, du BTP, de la navale, des transports, de l’énergie, exposé·es pendant des années, sans information, sans protection, sacrifié·es au nom du profit.
C’est un abandon pur et simple de la population exposée dans les écoles, les logements sociaux, les hôpitaux, les prisons, les bâtiments publics.
En refusant de créer un Pôle Public d’Éradication de l’Amiante, ce gouvernement condamne à mort.
Il le fait sciemment.
Il le fait froidement.
Et demain, ce sont des enfants qui respireront encore des fibres invisibles dans des classes non désamiantées. Ce sont des salarié·es qui développeront des cancers incurables. Ce sont des familles qui continueront d’enterrer, dans la douleur, des proches que l’État n’aura pas protégés.
Nous les accuserons.
Ce rejet est un acte de violence d’État. Un crime politique.
Et nous le disons clairement : nous les accuserons.
Nous accuserons ce gouvernement de complicité d’un crime industriel.
Nous accuserons les député·es qui ont voté contre l’amendement d’avoir choisi leur carrière plutôt que la vérité.
Nous accuserons les ministres de santé, du travail, de l’écologie, de l’éducation nationale, de non-assistance à population en danger.
Nous accuserons tous ceux qui se taisent, alors qu’ils savent.
Et nous les accuserons devant l’histoire.
Nous continuerons le combat.
Au CAPER AMP 42 LOIRE, nous sommes aux côtés des victimes depuis des années. Et nous continuerons à l’être.
Nous continuerons d’informer, de dénoncer, de soutenir, d’alerter, de mobiliser.
Nous continuerons à construire des solidarités, à tisser des liens entre associations, syndicats, élu·es, citoyen·nes.
Nous irons chercher la vérité là où elle se cache.
Nous exigerons la justice là où elle est refusée.
Et surtout, nous ne laisserons pas cette lutte être enterrée comme on a tenté d’enterrer les morts de l’amiante.
Ce pouvoir, aussi autoritaire soit-il, ne nous fera pas taire.
Nos exigences sont claires : La création immédiate d’un Pôle Public d’Éradication de l’Amiante, avec des moyens financiers, humains et juridiques à la hauteur du défi sanitaire.
La transparence totale sur les lieux contaminés.
L’indemnisation intégrale de toutes les victimes, y compris les victimes environnementales et les familles.
La mise en responsabilité pénale des entreprises et décideurs impliqués.
Un plan national d’éradication, avec échéances, contrôles, sanctions.
La reconnaissance du préjudice d’angoisse, et du préjudice des aidants.
Nous appelons à l’unité et à la lutte.
Nous ne gagnerons pas seuls.
Nous appelons toutes les associations de victimes, les organisations syndicales, les élu·es progressistes, les collectifs citoyens à se rassembler pour imposer cette exigence de justice et de santé publique.
Nous appelons à construire un front uni contre l’amiante, contre l’oubli, contre l’impunité.
Et face à un pouvoir qui méprise les morts et sacrifie les vivants, nous répondons par la lutte, la mémoire, la solidarité et l’espoir.
Augustin VINALS
Président du CAPER AMP 42 LOIRE
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https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/amendements/0622/AN/276.pdf