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Billet de blog 31 octobre 2025

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31 octobre 2025 il ferme la maternité des Lilas

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31 octobre 2025 : il ferme la maternité des Lilas, on assassine un symbole du soin humain et féministe

Ce soir, à 20 heures, la maternité des Lilas fermera définitivement ses portes après soixante et un ans d’existence.
Une maternité pas comme les autres.
Un lieu de respect, de douceur, d’humanité.
Un lieu où l’on accouchait autrement, sans violence, sans injonction, sans cette froideur hospitalière que tant de femmes ont connue ailleurs.
Un lieu où la femme, son corps et sa dignité étaient au centre.

Et c’est justement pour tout cela que la maternité des Lilas dérangeait.

Un modèle de soin humain jugé « non rentable »

J’ai eu la chance de connaître la maternité des Lilas.
J’ai vu de mes yeux ce que signifiait un soin à visage humain.
Avec mes camarades de la métallurgie CGT, nous nous sommes battus pour qu’elle ne ferme pas.
Nous savions déjà que derrière les beaux discours de “modernisation”, se cachait une logique froide celle de la rentabilité.

Aujourd’hui, la fermeture est actée.
Et c’est une blessure.
Car on n’éteint pas seulement un service de santé : on efface une part de notre humanité collective.

Depuis des années, les soignantes et les usagères se battaient pour sauver cet espace unique.
Mais les logiques comptables ont fini par gagner.
La fameuse tarification à l’acte (T2A), imposée depuis 2007, a tout déformé dans ce système absurde, ce n’est plus le soin qui compte, mais la facture.
Une naissance, un suivi respectueux, une écoute attentive tout cela ne rapporte rien.
Ce qui rapporte, c’est la cadence, la quantité, les actes techniques.

Aux Lilas, on refusait cela.
On prenait le temps.
On soignait les femmes, pas les chiffres.
Alors forcément, dans la logique de ce monde marchand, la maternité des Lilas était condamnée.

Le triomphe du capital sur l’humain .Ce n’est pas une fatalité, c’est un choix politique.
Celui d’un État qui a abandonné le service public hospitalier aux mains des gestionnaires, des cabinets d’audit et des agences régionales de santé.
Celui d’une société où la santé est devenue une ligne budgétaire, et non un droit fondamental.
Celui d’un système où les femmes et les soignantes, quand elles inventent une autre manière de faire, sont sanctionnées au lieu d’être soutenues.

Les responsables de cette fermeture auront beau se cacher derrière des rapports, des certifications et des chiffres :
la vérité, c’est qu’ils ont tué un symbole du soin humain.

Et si c’étaient les hommes qui accouchaient ?

Comme l’a dit une infirmière des Lilas :

« Si c’étaient les hommes qui accouchaient, la maternité des Lilas serait un modèle. »

Tout est dit.
Ce qui se joue ici, c’est aussi le mépris du soin féminin, la dévalorisation des métiers du care, le refus d’accorder de la valeur à ce qui est lent, doux, relationnel, humain.
Ce qu’on détruit aux Lilas, c’est la preuve vivante qu’un autre rapport au soin, à la naissance et à la société est possible.

Pour un service public de santé féministe et émancipateur

La CGT n’a cessé de le dire on ne sauvera pas l’hôpital public tant qu’on le gèrera comme une entreprise privée.
On ne sauvera pas la santé tant qu’on la réduira à des actes tarifés.
Et on ne respectera pas les femmes tant qu’on considérera leur santé comme une variable d’ajustement budgétaire.

La maternité des Lilas meurt ce soir, mais son esprit doit vivre dans nos luttes.
Celui d’un soin à visage humain, d’une santé publique féministe, gratuite, accessible, respectueuse des corps et des choix.
Celui d’une société où l’on soigne avant de compter, où l’on écoute avant d’administrer.

Ce 31 octobre 2025, ce n’est pas seulement une maternité qu’on ferme.
C’est une certaine idée du monde qu’on assassine.
Mais dans les combats à venir, dans chaque service public qu’on défend, dans chaque maternité qu’on sauvera, l’esprit des Lilas vivra.

Augustin VINALS
Militant CGT dans le Méttalurgie à St Etienne depuis un demi siécle

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