Quand le camp Macron répond qu’il s’agit d’argent privé et non public, ils cherchent à noyer le poisson, à déplacer le débat sur un autre plan. Il n’en reste pas moins que la mutuelle a servi de caution au prêt, et c’est elle qui rembourse les échéances. Si c’est la mutuelle qui paye tout, elle devrait être priopriétaire de son local. Puisque ce n’est pas le cas, il y a un soupçon de délit d’initié et d’abus de biens sociaux : pourquoi la justice n’enquête pas ?
Pourtant, si Ferrand est innocent, il a besoin d’être blanchi pour rester légitime. Parce que pour l’instant, tout porte à croire qu’il a utilisé sa femme comme prête-nom pour s’enrichir personnellement, ce qui n’est pas cohérent avec l’image “mains propres” que le gouvernement veut donner. Cette incohérence entre l’image projetée et les actions concrètes, c’est ce qui a coûté la présidence à Fillon. S’il n’est pas blanchi par une enquête, Ferrand peut-il rester dans un gouvernement qui veut moraliser la vie politique ?
Par ailleurs, en se retrouvant sur le grill à cause de cette affaire, le camp Macron a une fois de plus laissé transparaître son mépris pour le peuple :
« Je vous invite à aller faire un tour en Centre-Bretagne. Ce n’est pas simple de trouver un jeune, volontaire, pour travailler cinq mois, qui sait lire et écrire correctement, aller sur Internet »
Cette citation vient du cabinet de Ferrand, qui est ministre de la Cohésion des territoires, pour justifier l’emploi du fils de Ferrand comme assistant parlementaire. Si le ministère chargé des territoires méprise la France périphérique, ça en dit long sur leur compréhension de nos problèmes. Ça en dit long sur leur volonté à les résoudre.
Ça semble une constante dans le camp Macron, ce dernier ayant déjà déclaré que beaucoup d’ouvriers sont illettrés. Ce n’est pas sa langue qui a fourché, ce mépris est bien le fond de sa pensée : lors du mouvement contre la loi travail, il persite et signe en nous révélant que « le meilleur moyen de se payer un costard, c'est de travailler ». Alors que la France périphérique rame dans le chômage de longue durée.
Une partie des gens qui, au premier tour, ont voté Macron ont voulu croire qu’il incarnait un renouvellement de la vie politique. J’insiste sur le « voulu croire ». Il faut vouloir être trompé pour s’imaginer qu’un haut fonctionnaire passé par une banque d’affaire incarne autre chose que le système. Ça pouvait se voir avec ce que Macron a fait dans l’ombre en tant que conseiller d’Hollande, puis dans la lumière en tant que ministre de l’économie. Ça pouvait se voir à son discours creux. Il fallait avoir envie de se bercer d’illusions pour s’attendre à autre chose qu’une politique de droite.
Oui, parce que si vous avez voté Macron au premier tour, réveillez-vous. Regardez votre premier ministre, regardez votre ministre de l’économie, regardez votre ministre du budget, regardez ce qu’a fait votre président quand il était à Bercy. Réveillez-vous : vous avez voté à droite.
Vous avez voté pour continuer une violence sociale qui fait le lit du FN.
J’invite tous les citoyens qui ont voté Macron au premier tour à s’intéresser aux travaux de Christophe Guilluy (dont je reparlerai sur ce blog). Vous pouvez commencer par cette interview par exemple :
https://www.youtube.com/watch?v=EL7FnVyqLuY