« Au fond, [les cadres de LFI] ne craignent pas un génocide [à Gaza] : une part d'eux-mêmes l'espèrent pour mieux accabler Israël et stigmatiser les Juifs accusés de complicité. »
Yonathan Arfi, président du CRIF, organisation qui prétend représenter les 500 000 Français(es) juifs(-ves) en confondant leurs intérêts avec ceux d'Israël, alors que leurs opinions au sujet du sionisme et de l'Etat sioniste sont des plus diverses, utilise le terme de génocide non pour imputer un crime de cette nature au "seul Etat juif" – il serait étonnant que Y. Arfi fasse une entorse au négationnisme qui accompagne la défense de cette "guerre juste"* contre l'organisation "terroriste" Hamas, laquelle menacerait la "sécurité" d'Israël, et donc potentiellement celle des Juifs du monde entier, puisque le sionisme politique assigne ces derniers à Israël – mais pour développer un discours complotiste à l'encontre de l'ennemi public n°1 du bloc multipartisan pro-israélien (allant d'une petite partie des socialistes à l'extrême-droite lepéniste en passant par les macronistes et les pseudo-Républicains) : La France Insoumise.
D'après Y. Arfi, les LFistes, « faux amis des Palestiniens », souhaiteraient que ce peuple subisse un génocide pour mieux salir Israël ainsi que les Juifs accusés de complicité dans ce crime. Les dirigeants, élus ou militants de LFI ont-ils déjà fait un tel amalgame entre les criminels israéliens et les Juifs en général ? Surtout, il s'avère qu'en France, de même qu'aux États-Unis, en Allemagne et en Grande-Bretagne, la vision antisémite des Juifs comme sionistes ou pro-israéliens potentiels est elle-même alimentée par le discours des organisations communautaires officielles, bien introduites au sein des gouvernements : celles-ci refusent en effet toute forme de dissidence juive vis-à-vis de l'idéologie et de l'entité politique sionistes, au point d'ailleurs de considérer l'antisionisme – très présent au sein du monde juif de la première moitié du XXe s., tant dans les milieux laïcs que religieux – comme une forme renouvelée d'antisémitisme.
On peut critiquer ou condamner LFI pour de nombreuses raisons (l'omnipotence de Mélenchon ; la complicité des cadres du parti, construite sur de longues années, avec le régime poutinien et le régime Assad ; le traitement déplorable de l'affaire de l'affiche Hanouna, un épisode qui a révélé, beaucoup plus que certaines prises de parole de Mélenchon, la perméabilité du parti à l'antisémitisme), mais certainement pas pour avoir cassé le quasi-unanimisme des milieux politiques et des médias grand public français vis-à-vis d'une guerre qui a été vue, à tort (c'est le moins qu'on puisse dire), comme une opération d'autodéfense après les incursions meurtrières du 7-Octobre, alors qu'ils s'agissait, dès les premiers jours de la "riposte", d'une entreprise d'extermination d'une grande partie des Palestiniens restés dans leur patrie occupée par un mouvement ethno-nationaliste d'origine européenne venu accaparer il y a un siècle une terre proche-orientale pour la revendiquer comme la sienne propre.
* Après avoir attribué au Hamas la responsabilité première des souffrances des Gazaouis (« jetés dans la guerre et sacrifiés par le Hamas »), il a salué la « reprise de la distribution d'aide alimentaire » – sans un mot pour les dizaines de milliers d'enfants qui souffrent actuellement de malnutrition sévère, pour les jeunes mères hyper carencées qui ne peuvent plus allaiter leurs nourrissons par ailleurs privés du lait infantile de substitution que l'occupant refuse de laisser passer, ou encore pour les massacres quotidiens perpétrés aux abords des quatre sites de distribution prévus pour des centaines de milliers de personnes et ouverts une seule heure par jour – puis réaffirmé à quel point la cause d'Israël était « juste » dans cette « guerre qu'il n'avait pas choisie ». Discours complet : https://www.youtube.com/live/k-KnJYAGlBI?si=FH0RjSaEvu2V7u8N