« "Le rêve sioniste par essence" : l'histoire expliquée du débat sur le transfert des Palestiniens. » Cet article du quotidien Haaretz [1] a été publié au moment où le monde, et le public israélien en particulier [2], prenait connaissance du plan Trump-Netanyahou de déportation de l’intégralité des Palestiniens de Gaza vers des pays arabes voisins (qui ne veulent pas les accueillir). Derrière la reprise le 18 mars des opérations génocidaires du gouvernement israélien − lequel, auparavant, ne s’est pas contenté de violer les clauses de l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier [3] puisqu’il a cherché, avec le soutien de l’administration Trump, à en renégocier les termes pour exclure le passage à la phase 2 prévoyant le retrait total des forces d'occupation et l’arrêt définitif des hostilités en échange de la libération des derniers otages −, il y a ce plan de "transfert" ou de "relocalisation" des 2 millions de Gazaouis en attente d’exécution. La création d’un "bureau" dédié à leur "émigration volontaire" a été approuvée le 23 mars par le cabinet de sécurité israélien : le ministre de la Défense Israël Katz a indiqué que cet organisme gouvernemental aurait pour objectif de « préparer et faciliter le passage sécurisé et sous surveillance des Gazaouis en vue de leur sortie volontaire [du territoire] vers des pays tiers ». [4] Trump a présenté ce transfert de population − susceptible de constituer un crime contre l’humanité du point de vue du droit international humanitaire [5] − comme un acte charitable, en mettant en avant la destruction totale de la bande côtière (à l’aide des munitions fournies par les Etats-Unis) et son caractère inhabitable. Ce qui nous amène aux deux objectifs complémentaires de la prétendue riposte au 7-Octobre : l’objectif proclamé de neutraliser toute capacité de résistance des organisations combattantes palestiniennes, ainsi que toute capacité du Hamas à administrer l’enclave, a longtemps masqué celui de provoquer le départ "volontaire" massif des habitants de Gaza. Pour réaliser ces deux objectifs concomitants, Israël a utilisé la violence génocidaire (15 mois de massacres quotidiens d’hommes désarmés, de femmes et d’enfants ; la rupture du cessez-le-feu dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 mars s’est matérialisée par un effroyable carnage : plus de 400 habitants, dont 183 enfants, assassinés sous leurs tentes ou dans ce qu’il restait de leurs immeubles éventrés), organisé une famine (l’ensemble de la population de Gaza a été confronté pendant plus d’un an à des niveaux critiques d’insécurité alimentaire ; 4 semaines après l’instauration du blocus total, le Programme alimentaire mondial a annoncé la fermeture de sa 25e et dernière boulangerie, faute de farine et de gaz de cuisine), et anéanti la quasi-totalité de l’habitat, des infrastructures civiles vitales (en particulier les hôpitaux, détruits ou vidés de leur personnel les uns après les autres ; ainsi que les puits, réservoirs d’eau, usines de dessalement, systèmes d’égouts et stations d’épuration) et des terres agricoles des Gazaouis. D'après le journaliste d’investigation Meron Rapoport [6], les hauts responsables politiques et militaires israéliens auraient désormais pour projet de parquer la population gazaouie dans un « camp de concentration » et de lui faire subir une famine et un désespoir tels qu’elle serait poussée à l’exil et forcerait les pays arabes à l’accueillir : plusieurs sources utilisées par le journaliste indiquent qu'« Israël se prépare à déplacer de force toute la population de Gaza – par une combinaison d’ordres d’évacuation [7] et de bombardements intensifs – vers une zone fermée, potentiellement clôturée. Toute personne surprise hors de ses limites serait tuée, tandis que les bâtiments du reste de l’enclave seraient probablement rasés. »
Ce que démontre cet article ? Non seulement l'idée de vider la "terre d'Israël" de ses "Arabes" s'est manifestée dans le sionisme politique ou souverainiste dès son émergence (les écrits laissés par Theodor Herzl et ses disciples sont très clairs à ce sujet), mais on la retrouve chez les pères fondateurs et les premiers dirigeants de l'Etat sioniste, en particulier David Ben Gourion. Elle a été mise en application, de façon brutale, après le vote par l'Assemblée générale des Nations unies du plan de partage de la Palestine mandataire en novembre 1947 : le nettoyage ethnique − accompagné de massacres [8] et de marches de la mort [9], et suivi de l'effacement de toute trace de la présence palestinienne [10] − de l'ensemble du territoire devenu Israël a été perpétré pour l’essentiel durant la guerre israélo-arabe qui a débuté après la proclamation de l'Etat juif (mai 1948) ; cependant, le dépeuplement forcé de la Palestine a débuté avant cette guerre et s’est poursuivi bien après les accords de cessez-le-feu de 1949. Conceptualisée pendant un demi-siècle avant d'être mise en pratique, cette expulsion de masse, conçue comme définitive (le droit au retour exigé dès décembre 1948 par la résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations unies n'a jamais été accordé aux 750 000 réfugiés de la Nakba, et encore moins à leurs descendants ; par ailleurs, la confiscation des biens de tout Palestinien « absent » a été légalisée en décembre 1948 par la loi sur les « propriétés abandonnées »), d'un peuple autochtone jugé indésirable sur sa propre terre (la Terre sainte se trouve incontestablement au cœur de la géographie sacrée du judaïsme, mais les sionistes en ont fait la "patrie historique" exclusive du peuple juif), nous rappelle que le projet d'autodétermination et de "retour en Terre promise" pour ceux des Juifs qui se considéraient comme une nation ethnique injustement dispersée pendant deux millénaires (alors qu'il s'agit d'un peuple religieux constitué de communautés qui ont évolué depuis l’Antiquité ou le Moyen Âge dans des aires géographiques et culturelles très diverses, de l'Iran au Maghreb, et de l'Espagne au Caucase) supposait aussi une homogénéisation ethnique de la Palestine. Le projet sioniste est, par ailleurs, fondamentalement raciste, dans le sens où il inscrit les Palestiniens dans les "masses arabes" (les pays arabes limitrophes auraient pour vocation de les absorber : cette vision colonialiste du Levant était partagée notamment par le parti travailliste britannique [11]) et leur dénie leur propre histoire et leur propre identité, en plus de remettre en cause leur attachement à la terre de Palestine, riche de 2 000 ans de présence romaine, byzantine, arabo-musulmane et ottomane. Israël est né ainsi d'un crime contre l’humanité (le déracinement d'un peuple autochtone par le transfert forcé), lequel n'a pu se dérouler qu'avec la complicité de pays occidentaux voyant dans la création d'un Etat ethnique juif une "compensation" après le judéocide nazi − un génocide dans lequel le peuple palestinien n'était nullement impliqué. La focalisation sur la dimension − au demeurant incontestable − d'Israël comme Etat-refuge pour un grand nombre de rescapés de la Shoah et d'exilés juifs de plusieurs pays arabes a fait passer au second plan la mise en œuvre brutale et concrète, entre la fin des années 40 et le début des années 50, du projet sioniste de dépossession et d’extirpation du peuple palestinien de sa propre terre.
L’homogénéisation ethnique de la Palestine n’a jamais cessé depuis. Elle a été mise en œuvre, d’abord et avant tout, en Cisjordanie occupée. Celle-ci est considérée, sous le nom de "Judée-Samarie", comme une partie intégrante de la "terre d'Israël", ce dont témoignent toutes les cartes utilisées en Israël, dans l’administration, les écoles publiques et les médias (la "ligne verte" censée délimiter un hypothétique Etat palestinien ne figure pas sur ces cartes) : cette réalité est occultée par les "pro-israéliens" d’Occident, eux qui dénoncent, avec la plus grande hypocrisie possible, le slogan "du fleuve à la mer, la Palestine sera libre" comme un appel à l’extermination des Juifs israéliens. [12] On explique ainsi les démolitions systématiques, les déplacements forcés, les activités de peuplement et les attaques quotidiennes de biens et de personnes perpétrées par des milices de colons juifs suprémacistes assistés de l’armée d’occupation. En ce qui concerne la prétendue riposte au 7-Octobre, au cours de laquelle ont été perpétrés les pires crimes de guerre jamais commis depuis le début du XXIe siècle, elle avait pour but, au-delà de l'objectif affiché de destruction des organisations politico-militaires palestiniennes (au service de cet objectif, l'ensemble de la population civile a été non seulement prise pour cible par les forces aériennes et les troupes au sol, mais affamée, privée délibérément d'aide humanitaire et interdite d’accès aux soins par la mise hors service des hôpitaux et le ciblage du personnel médical ; dans son rapport de décembre 2024, Amnesty International, qui conclut à la perpétration d’un génocide dans la bande de Gaza, écrit ainsi : « Les éléments présentés dans le rapport démontrent clairement que la destruction des Palestiniens de Gaza était, en elle-même, l’intention d’Israël, soit en complément de ses objectifs militaires, soit comme moyen d’y parvenir. » [13]), de supprimer toute possibilité d’existence dans l’enclave assiégée, au point de pousser les 2 millions de Gazaouis à l'exil définitif. C'est pourquoi on peut parler, à l'instar de l'écrivain hiérosolomytain Mohammed El-Kurd, d’une « Nakba implacable et récurrente », qui n’appartient pas qu’au passé mais « se produit au présent, partout sur la carte » et n’épargne pas « une seule génération [de Palestiniens] depuis les années 1940 ». [14]
Dans le détail, le processus de dépossession et d'éradication (ou à tout le moins de réduction) de la population autochtone palestinienne s'est matérialisé :
- Par la fragmentation du peuple palestinien : 1,7 million d'"Arabes israéliens", descendants des Palestiniens qui ont échappé à l’exil forcé ou survécu aux massacres de 1948, sont privés du droit à l'autodétermination par un Etat qui leur fait subir aussi d'importantes discriminations en droit et en pratique ; plusieurs millions de descendants de "réfugiés" dont le droit au retour, pourtant reconnu par l’ONU (résolution 194), a toujours été refusé par l’Etat israélien, vivent actuellement en apatrides dans les pays arabes voisins ; 2,5 millions de Palestiniens sont confinés en Cisjordanie occupée dans 165 enclaves (relevant des zones A et B, placées sous l’administration totale ou partielle de l’Autorité palestinienne et représentant 40 % de la Cisjordanie) cernées de checkpoints et entourés d’implantations coloniales ; 2 millions d'autres Palestiniens sont enfermés depuis près de 20 ans à Gaza dans un territoire emmuré et sous blocus, et ont été rendus entièrement dépendants de l’aide humanitaire internationale. En Cisjordanie, le mitage du territoire et l’enclavement des communautés palestiniennes ont été aggravés par la multiplication des obstacles routiers (blocs de béton ou de pierre, barrières métalliques, remblais de terre, tranchées, etc.). En novembre 2024, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en recensait 793, un chiffre en hausse de plus de 20 % par rapport au décompte précédent, effectué en mai 2023. Les résidents des implantations coloniales participent eux-mêmes au blocage des villages palestiniens avec l’assentiment des autorités d'occupation.
- Par les activités de peuplement des colons juifs israéliens : la colonisation de la Palestine historique ne s'est pas limitée au territoire d'Israël reconnu par l'ONU, où les villes nouvelles, kibboutz et moshav ont recouvert les terres des centaines de milliers de Palestiniens expulsés en 1948 (et expropriés sans ménagement), puisqu'elle a débordé au-delà de la ligne de cessez-le-feu de 1949 (ligne verte), en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ; dans ces territoires occupés depuis 1967, le nombre de colons a été multiplié par 7 entre 1983 et 2022 (le chiffre actuel s’approche des 800 000, dont plus de 500 000 en "Judée-Samarie", le terme utilisé par les autorités israéliennes pour désigner la Cisjordanie illégalement occupée).
- Par les transferts forcés de communautés palestiniennes (300 000 habitants d’après une estimation datant d’il y a dix ans) vivant en zone C (60 % de la Cisjordanie, sous le contrôle intégral de l’Etat occupant) : lors d'opérations de démolition et d’expulsion décidées par les autorités d'occupation ou bien sous la pression des raids terroristes menés par des groupes de colons − en coopération étroite avec l’armée, quand celle-ci ne participe pas directement aux expéditions punitives − qui agressent physiquement les habitants (jusqu’au passage à tabac, voire jusqu’au meurtre), vandalisent leurs maisons, volent ou détruisent leurs biens. [15] Entre le 7 octobre 2023 et le 7 octobre 2024, l’OCHA a dénombré 1 654 attaques perpétrées par les milices de colons, soit entre quatre et cinq par jour. Sur la même période, ces actes terroristes ont fait disparaître au moins 50 communautés rurales palestiniennes, contraintes de fuir leurs villages ou hameaux et d’abandonner leurs terres [16] ; en parallèle, les colons illégaux ont établi plus de 40 nouveaux avant-postes, à partir desquels ils se sont accaparé les terres ancestrales palestiniennes, en particulier les pâturages. [17] Cet expansionnisme violent à des fins de nettoyage ethnique est une politique à part entière de l’Etat israélien, lequel ne se contente pas de protéger les colons extrémistes et de leur offrir une impunité totale pour leurs actes criminels, puisqu’il finance aussi l’implantation de leurs "fermes". [18]
- Par le siège génocidaire de Gaza. Peu après l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu (19 janvier) rompu deux mois plus tard, le gouvernement israélien a lancé une opération similaire, à plus petite échelle, dans plusieurs camps de réfugiés (plus précisément de descendants de réfugiés de la Nakba de 1948), en particulier ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Shams, situés dans le Nord de la Cisjordanie et considérés comme des bastions de la résistance armée palestinienne, dans le but de les vider de leur population (plus de 40 000 déplacés de force, expulsés pour beaucoup avec les seuls vêtements qu’ils portaient, les soldats leur ayant interdit d’emporter quoi que ce soit avec eux, mais présentés comme des "évacués" par l’armée d’occupation, laquelle prévoit d’investir les lieux pendant une année, interdisant tout retour des habitants [19]) et d’y rendre toute réinstallation des familles palestiniennes impossible (les routes, réseaux d’eau, d’assainissement et de télécommunications ont été dévastés par les bulldozers blindés ; des blocs résidentiels entiers ont été rasés par des frappes aériennes ou des explosions contrôlées à distance ; début avril, les maisons du camp de Jénine étaient déjà, pour un tiers d’entre elles, complètement détruites ou rendues inhabitables [20]).
[2] 82 % des Juifs israéliens ont approuvé le plan de "relocalisation" des Palestiniens de Gaza, d'après une enquête d'opinion réalisée le 3 février par le Jewish People Policy Institute.
Une autre enquête d’opinion, effectuée deux semaines plus tard par l’Institut pour les études en sécurité nationale (université de Tel Aviv), a donné un chiffre bien inférieur : 31 % des citoyens juifs d’Israël soutenaient l’"émigration volontaire". Mais elle a montré par ailleurs que 28 % des Juifs israéliens souhaitaient la reprise des opérations militaires. Contre 33 % d’opinions favorables à la fin de la "guerre contre le Hamas" et aux négociations. (https://www.inss.org.il/publication/survey-fabruary-2025/)
[3] Depuis le 2 mars, l’occupant israélien bloque l’entrée dans l’enclave assiégée du moindre camion chargé de nourriture, de carburant, de médicaments ou de matériel médical, jusqu’aux couveuses pour les bébés prématurés ; quelques jours plus tard, la ligne d’électricité qui alimentait la principale usine de dessalement de la bande côtière a été coupée ; par ailleurs, une centaine de personnes ont été tuées, durant les deux mois de trêve, par des tirs ou des bombardements israéliens.
[5] D’après Françoise Bouchet-Saulnier, autrice du Dictionnaire pratique du droit humanitaire (La Découverte, 2013), « prendre la population d’un territoire occupé, ou contrôlé, pour l’expulser ailleurs, à travers des frontières internationales, le droit international appelle cela la déportation », et lorsque « le transfert forcé d’une population est effectué dans le cadre d’une politique délibérée et massive contre des civils », il s'agit d'un crime contre l'humanité. (https://www.lemonde.fr/international/article/2025/02/06/gaza-les-propos-de-trump-contraires-au-droit-international_6534411_3210.html) Pour rappel, la Cour internationale de justice considère que la bande de Gaza est un territoire occupé par Israël, et ce bien avant le 7-Octobre.
[6] https://www.972mag.com/israel-gaza-concentration-camp-expulsion
[7] D’après Jonathan Whittall, le responsable des territoires palestiniens occupés au Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA): « A ce jour [le 2 avril], 64 % de Gaza est soumis à des ordres de déplacement forcé, ou se trouve dans la prétendue “zone tampon”. Autrement dit, 64 % de Gaza est rendu inaccessible à la population. » (https://www.lemonde.fr/international/article/2025/04/03/israel-ordonne-l-evacuation-de-multiples-secteurs-de-la-bande-de-gaza_6590372_3210.html). L’occupant s’apprête à inclure la ville de Rafah, soit 20 % de la bande côtière, dans la "zone tampon", en plus des zones d’exclusion (appelées aussi "kill zones" : les civils qui s’y aventurent ou s’en approchent sont systématiquement abattus) déjà existantes (les bordures de l’enclave ; le corridor dit de Netzarim, qui isole Gaza-ville des deux tiers sud de la bande côtière) : https://www.haaretz.com/israel-news/2025-04-09/ty-article-magazine/.premium/israel-preparing-to-turn-rafah-one-fifth-of-gaza-into-part-of-border-buffer-zone/00000196-19e6-d78d-a1de-1dff20590000
[8] Le massacre de Deir Yassine (9 avril 1948) a été précédé et suivi de plusieurs dizaines d’autres. En dehors des actes d’expulsion, les milices sionistes puis les FDI ont eu recours à des atrocités de masse pour pousser les Palestiniens à la fuite.
[9] En juillet 1948, en plus d’avoir chassé la totalité des habitants "arabes" de Ramleh et Lydda, soit au total 50 000 à 70 000 hommes, femmes et enfants, les forces de défense d’Israël, héritières des milices sionistes, ont obligé les familles expulsées de Lydda à marcher vers la Jordanie sous une chaleur écrasante, sans aucune eau disponible, ce qui a entraîné la mort d'épuisement et de déshydratation de plusieurs centaines d'habitants, essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgée (350 d'après l'historien palestinien contemporain des faits Aref Al-Aref, qui a interrogé des survivants).
[10] La quasi-totalité des plus de 400 villages vidés de leur population autochtone palestinienne par les milices sionistes puis les FDI entre 1947 et 1949 ont été partiellement ou entièrement rasés, puis remplacés par des champs, des bâtiments industriels et des forêts. Une campagne de boisement massif et accéléré conduite par le Fonds national juif a achevé l'effacement de la présence palestinienne sur le territoire devenu Israël. Les deux tiers des forêts créées après 1948 ont recouvert les ruines de villages palestiniens (d’après Comprendre la Palestine. Une enquête graphique de Xavier Guignard et Alizée De Pin, Les Arènes, 2025 ; la chercheuse israélienne Noga Kadman a dénombré quant à elle près de 200 villages palestiniens recouverts, après leur démolition, par des forêts, des parcs ou des réserves naturelles : Erased From Space And Consciousness. Israel and the Depopulated Palestinian Villages of 1948, Indiana University Press, Bloomington, 2015). En parallèle, la toponymie en usage dans l'espace conquis par les sionistes a été totalement hébraïsée, notamment par l’attribution de noms issus de la Bible.
[11] « En Palestine, il y a certainement lieu, pour des raisons humaines et pour favoriser un règlement stable, de procéder à un transfert de population. Encourageons les Arabes à partir, comme les Juifs s'installent. Qu'ils soient généreusement indemnisés pour leurs terres et que leur implantation ailleurs soit soigneusement organisée et financée généreusement. Les Arabes possèdent de vastes territoires qui leur sont propres ; ils ne doivent pas prétendre exclure les Juifs de cette petite région de Palestine, plus petite que le Pays de Galles. » (extrait de la résolution adoptée par le parti travailliste lors de sa 43e conférence annuelle en décembre 1944 : https://history.state.gov/historicaldocuments/frus1945Berlinv02/d1345#:~:text=%E2%80%9CHere%20we%20have%20halted%20half,as%20to%20become%20a%20majority.)
[13] https://amnestyfr.cdn.prismic.io/amnestyfr/Z1CyeZbqstJ98CpQ_Gazagenocidereport.pdf : se reporter au 7.4 « Intent to destroy Palestinians », p. 282
[14] https://www.thenation.com/article/world/reflections-on-the-75th-anniversary-the-nakba/
[15] Exemples récents d’expéditions punitives menées contre les communautés rurales du Masafer Yatta, au sud d’Hébron, par des groupes de colons assistés de de la police et de l’armée d’occupation ; certains soldats participent eux-mêmes aux actes criminels : https://www.972mag.com/no-other-land-oscars-masafer-yatta-erasure/ ; https://www.haaretz.com/israel-news/2025-03-29/ty-article/.premium/over-100-israeli-soldiers-settlers-raid-village-in-west-banks-masafer-yatta-locals-say/00000195-e25b-d93e-a3df-ebfb1b900000
[18] https://www.972mag.com/jordan-valley-khirbet-samra-settler-violence/