Il y a des propos qui indignent, déçoivent, qui heurtent. On aurait tort de sous-estimer les ravages que peuvent engendrer cent caractères. Le tweet de Jean-Luc Mélenchon publié ce mercredi 13 juillet à 19h39 est de ceux-là.
Rhétorique du complot, solidarité masculine, présomption de mensonge… tout y figure. Sauf la dignité. Au placard les avancées et espoirs suscités par le mouvement #MeToo. Les cents petits caractères d’un homme politique blanc, hétérosexuel et bien loti en ont décidé autrement. Tant pis pour vous, féministes, vous n’auriez pas dû en réclamer autant.
C’est assez tristement et laborieusement que ce tweet nous rappelle combien la question des violences sexistes et sexuelles en politique est toujours une question de pouvoir. La violence est toujours une question de pouvoir. C’est une question de domination. La protection des agresseurs aussi.
Le pouvoir politique est dans sa racine exclusif. Il a été créé par les hommes, pour les hommes. Ce n’est que depuis très récemment que les femmes sont tolérées dans cet espace. Les réticences à les laisser y entrer sont toujours une réalité. Que ce soit par le détournement sournois des règles de parité, le paiement d’amendes ou la constitution de nouveaux lieux de pouvoir masculins, les hommes s’arrangent toujours pour exclure ce qui ne relève pas du neutre. Sacro-saint neutre universel qu’est l’homme blanc hétérosexuel de classe sociale supérieure.
Alors bon les femmes votent, il faut donc bien les entendre. Adapter son discours, proposer des mesures féministes. On n’a rien sans rien.
N’oublions jamais que même le meilleur des alliés reste un dominant. La triste réalité c’est que les femmes ne peuvent compter que sur elles-mêmes. La bonne nouvelle c’est que notre sororité est une force.
Et il le faut bien car les balles peuvent partir de notre propre camp. Nous l’avons appris. Parce que l’autre réalité, c’est que les dominants préfèreront toujours se protéger entre eux, entre frères, que de questionner l’intégralité du système. Ils chercheront toujours à protéger la forteresse du pouvoir masculin contre vents et marées. En politique on tolère la présence des femmes, pourvu qu’elles ne dérangent pas trop. Les femmes qui parlent dérangent.
Manque de bol, on continuera. Parce que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et contre le patriarcat est inlassablement un rapport de force. La pédagogie ne fera pas tout.
Ils sont pro féministes jusqu’à ce que ça les touche. Mais la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ne connait pas d’étiquette politique. Un homme mis en cause pour des faits de violences sexuelles doit démissionner, au moins le temps qu'une enquête puisse être menée, qu’importe qu’il soit un adversaire ou un frère. Les politiques écrivent et votent les lois du vivre ensemble et il est impensable que des personnes ne respectant pas le consentement d’autrui dictent ces règles.
J’arrête tout de suite les personnes qui viendraient à instrumentaliser notre colère pour montrer que « c’est pas mieux chez vous ». Vous ne valez pas mieux qu’eux.
La lutte contre les violences sexistes et sexuelles en politique comme partout ailleurs est une lutte supérieure qui dépasse et doit dépasser tout cadre de parti.
Cinq ans près #MeToo, et peut-être encore plus quand on est issu d’un mouvement se déclarant féministe et présentant un programme ambitieux en faveur de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, on ne dit pas ça.