En 1996, Henry Kissinger publiait son ouvrage concernant la diplomatie. En conclusion, la période des superpuissances correspondant à la Guerre froide y laissait place à un monde multipolaire. Huit ans plus tard, Michael Moore attribuait une importance singulière à l'Arabie Saoudite dans son documentaire qui obtenait une prestigieuse distinction à Cannes. Le temps passe.
En septembre 2015, un projet de loi est introduit au Sénat des États-Unis d'Amérique : la question est abordée de manière relativement explicite. Le projet ne sera pas inscrit au calendrier avant mars 2016. En ce même mois de mars 2016, Barack Obama égratigne dans une interview l'attitude de l'Arabie Saoudite. Ce couac diplomatique pourrait bien n'être qu'un nouveau signe d'agacement de la part d'un occupant de la Maison Blanche n'acceptant pas le non-alignement.
La doctrine du Président Obama est présentée dans le numéro d'avril 2016 du magazine The Atlantic. La crédibilité des États-Unis y est envisagée. Le Vice-Président, Joe Biden, aurait développé l'idée selon laquelle les grandes nations ne peuvent pas bluffer, elles ont le devoir d'agir. Dans la perception d'Obama, les initiatives doivent être mesurées : des comportements par trop intransigeants ont pu amener ses prédécesseurs au Viet Nâm. Cette partie-ci des relations diplomatiques est à souligner pour la suite des événements...
Le 16 avril, le ton monte du côté du Royaume Saoudien. 750 milliards de dollars : la menace financière pèse. Le calendrier presse, deux jours plus tard un véto présidentiel est clairement envisagé par la Maison Blanche. En effet, le 20 avril Barack Obama se rend à Riyad. Le jour de la visite, la position sénatoriale vacille.
Cette situtation fait écho au monde multipolaire envisagé par Kissinger. Au delà d'une conséquence de la chute du rideau de fer, la question financière change ici clairement la donne diplomatique.
Considérer la situation ?
S'interroger sur le rapport de puissance entre les États-Unis d'Amérique et l'Arabie Saoudite est une manière d'aborder le sujet. Dans la balance des intérêts, la stabilité financière semble être un objectif primordial. À en juger par les propos tenus par les parties prenantes, l'enjeu diplomatique doit être de taille.
Pratiquement parlant, il convient de chercher l'élément sensible dans le projet de loi. Dans le texte en question, l'Arabie Saoudite n'est jamais mentionnée explicitement. Le texte initial présentait un élément subtil en sa cinquième section qui peut révéler les idées qui comptent. À la responsabilité du terroriste était initialement associée celle d'un financeur : cette allusion s'eclipse discrètement. Quelqu'un aurait-il quelque chose à se reprocher ?
La presse fait facilement état de la situation régionale délicate pour contextualiser. La finance est pourtant omniprésente. À en juger par la posture adoptée, l'oncle Sam n'a manifestement pas toujours la main au portefeuille.
Affaire à suivre ?
Le 15 juillet 2016, suite à une pression citoyenne et parlementaire, le congrès des États-Unis finit par déclassifier les 28 pages (ici, la version archivée devient utile). Chacun se fera son avis sur la séquence militaire suivant le 11 septembre en prêtant attention aux dates mentionnées. Beaucoup de choses de sont passées après le 29 janvier 2003.