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À mesure que l'échéance des municipales 2026 approche, un étrange balai se dessine dans les colonnes de certains grands médias. On y moque la France insoumise, on la soupçonne de visées hégémoniques, on la marginalise politiquement, quand ce n'est pas pour la pointer du doigt à travers des polémiques internes gonflées à l'hélium, comme ce fut le cas par exemple avec le fameux livre La Meute.
Pourtant, pendant ce temps-là, LFI travaille, en silence, parfois dans l'indifférence, souvent à contre-courant des caricatures, et sur le terrain, sa stratégie porte ses fruits. Alors que certains l'imaginent encore comme une force uniquement tournée vers le national, incapable d'agir localement, LFI déploie désormais une stratégie méthodique, ambitieuse, structurée.
Ce qu'elle appelle le « communalisme insoumis » n’est pas un slogan : c’est une façon de reprendre la main sur la vie concrète des habitants, un changement de cap vers le local, précis, chirurgical, qui répond à une idée simple : les municipales, ce n'est pas une guerre de partis, encore moins d'ego, c'est la bataille du quotidien.
Et Mathilde Panot ne le cache pas lorsqu'elle déclare : « La France insoumise se prépare partout ». Car c'est bien ça, au fond, une municipale : voter pour changer la cantine de son enfant, le prix du bus, la place du vélo, l'accès aux médecins, la propreté des rues, le coût du loyer. Voter pour savoir si son quartier est enfin écouté ou, une fois de plus, laissé dans l'ombre.
Et sur tous ces points-là, LFI propose, mieux, elle construit. Prenez leur boîte à outils programmatique pour 2026 : plus de 400 mesures pensées pour transformer les communes, regroupées autour de huit grandes priorités : le logement, les transports, l'écologie, la santé, l'éducation, la démocratie locale, la culture et les solidarités.
Alors qu'est-ce que ça donne concrètement ? Eh bien, sur la question du logement, LFI propose d'encadrer strictement les loyers, de lutter contre la vacance immobilière, de lancer un vaste programme de rénovation thermique et de déployer un plan « zéro sans-abri ».
Concernant les transports, l'objectif est clair : rendre les transports en commun gratuits, développer massivement les pistes cyclables et renforcer l'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite.
En matière d'écologie, le programme mise sur la végétalisation des espaces urbains, le développement des circuits courts pour approvisionner les cantines scolaires et la lutte contre les îlots de chaleur dans les villes.
Sur le plan de la santé, il s'agit de créer des centres municipaux de santé, des maisons de naissance, et de mettre en place des équipes mobiles pour agir dans les déserts médicaux.
En matière d'éducation, les cantines deviendront gratuites et bio, le soutien scolaire sera renforcé et des dispositifs spécifiques seront mis en place pour combattre la précarité étudiante à l'échelle municipale.
La démocratie locale sera revitalisée grâce à l'instauration de budgets participatifs, à la mise en place d'assemblées citoyennes et à l'organisation de référendums locaux sur les grands choix qui concernent les habitants.
Sur le terrain culturel, LFI entend soutenir activement les associations, encourager la création artistique locale et garantir un accès gratuit ou à très bas prix aux lieux culturels pour les jeunes et les foyers modestes.
Enfin, les solidarités seront au cœur du projet municipal avec des mesures concrètes en faveur des familles populaires, des personnes âgées, des personnes en situation de handicap et des publics précaires, à travers un renforcement des services publics de proximité.
Ce ne sont donc pas de vagues promesses : ce sont des propositions concrètes, chiffrées, réalistes, souvent déjà expérimentées ailleurs.
C'est une vision d'ensemble où l'humain revient au cœur de la commune. Bref, une gauche qui agit, qui soigne, qui abrite, qui écoute.
Mais voilà, cette dynamique fait peur. Elle fait peur tout d'abord aux élus installés, qui voient surgir une concurrence sérieuse dans des villes où la gauche ronronnait. Et elle fait peur également aux éditorialistes, qui peinent à cadrer LFI dans leur schéma usé.
Alors qu'est-ce qu'on fait ? On détourne le regard, on change de sujet, on fait du bruit pour ne pas écouter ce qui se passe.
On parle alors de divisions internes, de figures clivantes, d'alliances impossibles. On parle de tout, sauf du programme, sauf du terrain, sauf des quartiers où LFI cartonne, des jeunes qu'elle mobilise, des classes populaires qu'elle rallie et qu'elle fait désormais se déplacer dans les urnes.
À force d'enterrer les quartiers, ils ont oublié que c'est de là que naissent les soulèvements.
Méfiez-vous des forces qu'on méprise : ce sont souvent celles qui gagnent.
Et cette phrase, que beaucoup feront semblant de découvrir après les municipales, résonnera avec un goût amer dans leurs post-éditions : « On ne les avait pas vus venir ».
Mais c'est peine perdue, car voyez-vous, les électeurs ne vivent pas dans les colonnes des journaux. Ils vivent dans des villes. Et dans ces villes, ils voient bien qui agit, qui propose, qui écoute.
Ils savent que leur maire, c'est celui qui répare la fuite d'eau, pas celui qui fait le buzz sur BFM TV. Et ils sauront, le moment venu, faire la différence.
Alors oui, il est probable que LFI crée la surprise en 2026. Et ce ne sera pas par magie, ni par populisme, mais parce qu'elle aura pris au sérieux ce que tant d'autres ont oublié : on ne gagne pas une municipale avec des slogans, mais avec une pelle, une feuille de route et beaucoup de courage.
Alors oui, la dynamique insoumise prend de l'ampleur, à tel point que le journal Marianne parle d’« autoroute pour LFI ». Jamais auparavant le mouvement ne s'est trouvé dans une telle position de force aux municipales.
Jean-Luc Mélenchon le résume d'un trait : « Un boulevard, que dis-je, une autoroute pour nous », dit-il. Et pour une fois, ce n'est pas de l'exagération. Les chiffres, les dynamiques, les quartiers visés, tout converge.
Des villes comme Marseille, Lille, Rennes, Montpellier, Roubaix figurent parmi les cibles principales de leur stratégie.
Partout dans les quartiers populaires, la même mécanique s'observe : la désertion de la Macronie, l'impuissance de la droite classique, et une peur panique de la gauche molle.
À Marseille, un sondage Ipsos pour Marseille à cœur place Benoît Payan entre 25 et 28 %, Marie Vassal autour de 23 à 25 %, et LFI au-delà de 10 %. Un score suffisant pour passer dans une triangulaire ou s'imposer comme partenaire incontournable, surtout face à un Rennes donné entre 15 et 19 %.
Un autre sondage IFOP, publié hier, donne Sébastien Delaudieu à 15 %, confirmant sa capacité à s'imposer dans le paysage.
À Lille, la gauche radicale a bondi. Alors que LFI atteignait à peine 8 % aux municipales de 2020, elle est montée à plus de 26 % aux européennes de 2024, un retournement majeur qui la positionne comme troisième force et prétendante légitime à la tête de liste.
À Rennes et Montpellier, des têtes de liste LFI sont d'ores et déjà investies, preuve que le mouvement ne mise pas seulement sur des alliances, mais sur un ancrage direct.
À Roubaix, enfin, David Guiraud, réélu député avec 64 %, revendique haut et fort que LFI est probablement la première force politique de la ville. Il ne s'agit plus de témoigner, mais bien d'exercer le pouvoir.
En Seine-Saint-Denis — à Saint-Denis, Bobigny, La Courneuve, Villetaneuse, Sevran — où LFI a dépassé 50 % aux européennes de 2024 et où Mélenchon avait dépassé 60 % en 2022, ces villes apparaissent comme de futurs points d'ancrage solides pour la France insoumise.
À Paris, un sondage Elabe publié en juin pour La Tribune et BFM révèle que Rachida Dati arrive en tête au premier tour avec environ 28 %. Mais la gauche, bien que divisée, totalise plus de 50 % des intentions de vote : 20 % pour les Verts, 17 % pour LFI, 14 % pour l'alliance PS-PCF. Autrement dit, si les forces de gauche s'unissent au second tour, elles l'emporteraient largement.
Ce sondage confirme ce que beaucoup pressentent : ce n'est pas l'opinion qui manquait à la gauche, c'est l'unité. C'est là tout le point principal de cette élection.
Un autre sondage, Regards, publié le 26 juin, crédite Sophia Chikirou, investie à Paris, de 14 à 17 %, ce qui confirme la percée d'une candidature insoumise crédible. David Belliard, candidat EELV, est quant à lui crédité de 31 % dans un sondage Le Point du 20 juin, ce qui montre que l'espace à gauche est très disputé et que l'union reste la clé d'un second tour victorieux.
À Lyon, l'adjoint insoumis Laurent Bozetti a aussi lancé un appel à ne pas fragmenter la gauche, soulignant que LFI y gagne du terrain.
Derrière le bruit, la mécanique est lancée. La question n'est plus de savoir si LFI peut percer ; la question est de savoir si ses adversaires sauront l'arrêter. Sans quoi, la surprise de 2026 ne sera pas une percée, mais une bascule.
Cela inquiète tellement que certaines enquêtes internes — menées soit par des sondeurs, soit directement pour des partis politiques — restent soigneusement rangées dans les tiroirs. On ne les publie pas, on ne les rend pas publiques, car leurs résultats ne cadrent pas avec le storytelling qu'on tente de vendre aux électeurs.
En témoigne l'initiative d'Antoine Léaument, député insoumis et rapporteur de la Commission sur les sondages, qui dénonce leur instrumentalisation systématique. Il propose même leur interdiction avant les candidatures officielles, pour protéger la sincérité du scrutin.
Cela en dit long sur l'écart entre ce qu'on sait… et ce qu'on laisse paraître.
Et puis il y a cette autre folie, qui plane au-dessus de tout ça : une partie de la gauche — l'ancienne, celle des petits appareils poussiéreux — qui imagine encore organiser une primaire d'union sans la France insoumise. Oui, vous avez bien entendu : une union, sans la principale force d'opposition à l'Assemblée, sans celle qui a porté l'essentiel des combats sociaux, démocratiques et écologiques de ces dernières années.
On peut être d'accord ou pas avec la méthode des insoumis, bien sûr. Mais il faut regarder les faits. En 2022, Jean-Luc Mélenchon a rassemblé plus de 7,7 millions de voix au premier tour de la présidentielle, soit presque le double du score cumulé de tous les autres partis de gauche.
Aux législatives, c'est encore LFI qui domine largement au sein de la NUPES : 75 députés pour LFI, contre 23 pour les Verts, 22 pour le PS, 12 pour le PCF.
Et même aux élections européennes de 2024, dans un contexte de division et de diabolisation, LFI a gagné plus d'un million de voix par rapport à 2019, confirmant sa place de première force de gauche.
À ce jour, elle revendique plus de 100 000 adhérents : aucun autre parti à gauche ne peut en dire autant.
Vouloir aujourd'hui construire une alternative sans elle, c'est se tirer une balle dans le pied pour satisfaire les ego de quelques jaloux revanchards, qui n'hésitent pas à placer leurs ambitions personnelles au-dessus de l'intérêt commun, et surtout au-dessus de la victoire de la gauche — qui est possible, oui, mais seulement si toute la gauche se réunit.
Toute la gauche, sans exception, et certainement pas sans son moteur principal, sans l'hégémonie de LFI, qui est aujourd'hui incontestable.
Jouer la division, c'est laisser un boulevard à l'extrême droite, qui n'attend que ça pour apparaître comme la seule alternative au pouvoir en place — ce qui, en réalité, n'est pas le cas. Ce serait une faute stratégique, une trahison politique, une irresponsabilité historique.
Le peuple de gauche ne nous le pardonnerait pas. Et l'histoire, elle, ne manquera pas de nous juger.
Mais ça, j'en reparlerai très vite dans un prochain billet.
Vous l'avez compris : ce qui vient n'est plus une hypothèse, c'est une rupture en construction.
Quand on méprise ceux qui changent les choses, on finit par s'étonner qu'ils changent aussi les règles. Car pendant que certains commentent, d'autres construisent. Et au bout du compte, ce sont toujours les bâtisseurs qui changent l'histoire.
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