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Comme chaque année, le mois de juin célèbre les fiertés LGBT. Les drapeaux arc-en-ciel vont fleurir un peu partout, ils s’installent sur les vitrines, les marques ressortent leurs logos multicolores, et les discours d’inclusion fleurissent… pour un temps. Mais derrière cette fête, il y a un envers du décor.
Et surtout, de quelles fiertés parle-t-on quand l’histoire de notre communauté est souvent méconnue, que nos droits sont menacés, et que les silences complices se multiplient ?
Ce billet d’humeur n’est pas une leçon, encore moins une célébration naïve. C’est un rappel. Un cri de vigilance. Un appel à ne pas oublier que si nous marchons aujourd’hui, c’est parce qu’hier, d’autres ont tenu debout dans la honte, la peur et la solitude.
Et en fin de billet, j’évoquerai aussi, c’est inévitable, la polémique aussi absurde que révélatrice qui menace financièrement la Pride de Paris, au prétexte fallacieux que sa nouvelle affiche serait “trop politique”. Comme si l’affirmation de nos droits, en 2025, pouvait encore se permettre d’être tiède et neutre. Je ne pouvais pas rester silencieux sur ce faux scandale survenu pendant que j’écrivais ce texte et qui méritait des commentaires sans merci. J’y reviendrai donc plus bas, à la fin de cet article.
Mais à travers cette chronique, je veux surtout rendre hommage à celles et ceux qu’on n’a pas écoutés, à celles et ceux qu’on veut encore faire taire. Et si nous voulons rester fiers, alors il faudra rester lucides. Car on ne célèbre pas la fierté pour se faire voir. On célèbre la fierté pour ne plus avoir à se cacher. Or...
🧨 Nous vivons sur une planète franchement pas si fière
Pendant qu’en France certains se demandent encore si on ne va pas "trop loin" avec les droits LGBT, dans plus de 60 pays du monde, en 2025, être homosexuel ou transgenre, c’est risquer la prison, la torture, voire la mort. On en est encore là. Preuve que la lutte est loin d’être terminée.
En Ouganda, une loi prévoit la peine de mort pour "homosexualité aggravée".
En Arabie saoudite, en Iran, en Mauritanie, des jeunes sont exécutés au nom d’un Dieu qui, dit-on, prêcherait pourtant l’amour.
En Russie, on ne dit même plus "homosexuel". On parle d’"extrémisme LGBT". Pire que des délinquants, des ennemis de l'État.
Et même dans les pays dits "développés" tels que les États-Unis, la France, la Hongrie, l’Italie on assiste à une recrudescence des discours de haine, des agressions, des "lois anti-woke" qui veulent effacer jusqu’à nos existences.
🌍 La haine n’a pas de frontières :
d’Alger à Budapest, même combat !
Quand on parle de violences envers les personnes LGBT, on pense parfois à des réalités lointaines, à des pays "autres", "moins avancés". Mais ce serait une grave erreur. Car l’homophobie, la transphobie, la haine organisée, sont aujourd’hui partout. Elles changent de visage, mais jamais d’objectif : faire taire, faire peur, faire disparaître.
Dans plusieurs pays arabes, les lois elles-mêmes condamnent à l’exclusion, à l’humiliation, à la prison.
- En Tunisie, l’article 230 du Code pénal punit toujours l’homosexualité de trois ans de prison. Et les arrestations se multiplient, notamment contre les femmes trans et les hommes homosexuels. Des campagnes de haine sont même orchestrées en ligne, parfois avec le soutien de proches du pouvoir.
- En Algérie, l’article 338 criminalise aussi les relations homosexuelles, avec jusqu’à deux ans de prison. Aucune protection juridique n’existe pour les personnes LGBT. L’État ferme les yeux, voire cautionne.
- En Égypte, l’homosexualité n’est pas explicitement interdite, mais les autorités se servent des lois sur la "moralité publique" pour harceler, arrêter, torturer. Sarah Hegazi, militante lesbienne, s’est suicidée au Canada où elle s’était enfuie. Un suicide après avoir été emprisonnée pour avoir simplement brandi un drapeau arc-en-ciel lors d’un concert dans son pays d’origine.
- Au Maroc, les articles du Code pénal punissent les relations homosexuelles de six mois à trois ans de prison. Des responsables politiques osent encore qualifier les personnes LGBT de "détritus". Et l’humiliation est souvent publique, médiatisée, dévastatrice.
Dans ces pays, être soi-même est un risque, pas un droit. Et pendant que les gouvernements répriment, des jeunes crèvent de peur, de honte, ou d’isolement.
Mais ne vous y trompez pas : le poison n’est pas réservé aux pays arabes ou autres continents. En Europe aussi, la haine gagne du terrain.
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- En Hongrie, Viktor Orbán a interdit les marches des fiertés et fait voter des lois qui interdisent les drapeaux LGBT sur les bâtiments publics. L’État veut effacer jusqu’aux symboles.
- En Slovaquie, une loi adoptée début 2025 limite la reconnaissance des identités de genre et interdit l’éducation sur les thématiques LGBT à l’école.
- En Italie, le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni a criminalisé la gestation pour autrui, renforçant ainsi le discours réactionnaire sur la "famille traditionnelle".
- En Pologne, malgré de timides avancées, les droits des personnes LGBT restent fragiles, contestés, bloqués par les conservateurs et les extrémistes religieux (encore eux !)
Même dans l’Union européenne, nos droits vacillent.
Même là où l’on croyait être en sécurité, le vent tourne.
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🏛️ N’oublions pas notre histoire :
chaque droit a été conquis, jamais offert
À toutes les personnes LGBT vivant en France : n’oublions jamais le chemin parcouru.
Car nos droits n’ont jamais été des cadeaux.
Ils ont été arrachés de haute lutte, au prix de batailles politiques, de violences symboliques, de slogans hurlés, de nuits d’angoisse et de décennies de silence imposé.
Il a fallu attendre 1981, et l’élection du socialiste François Mitterrand, pour que l’homosexualité ne soit plus considérée en France comme un délit.
L’article 331 du Code pénal, qui instaurait une majorité sexuelle différente selon qu’on était hétéro ou homo, a été abrogé.
C’était encore hier.
Jusqu’en 1990, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considérait encore l’homosexualité comme une maladie mentale.
En France, certains psychiatres l’ont classée comme un trouble jusqu’à la fin des années 90.
Vous vous sentez malade, vous, d’aimer ? Moi pas.
C’est en 1999, sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin, que la France reconnaît pour la première fois les couples de même sexe à travers la création du PACS (Pacte civil de solidarité).
Une avancée majeure, certes…
Mais arrachée dans la douleur.
Christine Boutin (UDF, droite chrétienne) oubliant la laïcité et la séparation des pouvoirs entre l’église et l’état en pleine Assemblée Ntionale brandit une Bible pour dénoncer cette loi « contre nature ». Elle deviendra plus tard ministre du Logement, preuve que l’homophobie n’empêche pas de faire carrière.
En 2010, alors que la droite reste très hostile à toute avancée, une voix dissonante se fait entendre : celle de Roselyne Bachelot, ministre sous Nicolas Sarkozy, qui prend publiquement position en faveur du mariage pour tous, contre son propre camp.
Elle restera longtemps l’une des très rares figures de droite à défendre cette cause avec autant de force et de clarté.
Son engagement isolé et courageux a marqué les esprits, même si la loi ne sera adoptée que trois ans plus tard, sous la présidence du socialiste François Hollande, portée avec force et conviction par la garde des Sceaux Christiane Taubira.
C’est grâce à elle, à son éloquence et à sa détermination, que la France a enfin ouvert le droit au mariage et à l’adoption pour les couples de même sexe, malgré une opposition virulente, des manifestations massives, et des débats souvent indignes de notre République.
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🤡 Deux genres ? Deux neurones ?
Pourtant malgré toutes ces avancées notables, de l’autre côté de l’Atlantique, en 2025, il y a Donald Trump, président des États-Unis, véritable danger mondial dans bien des domaines, qui claironne fièrement :
"There are only two genders."
Traduction : "Il n’y a que deux genres."
On pourrait rire, si ce n’était pas si dramatique et surtout pathétique !
Il n’y a que deux genres ? Vraiment ? Mais combien de façons d’aimer ? Combien de façons de se sentir vivant ? Combien d’identités, de nuances, de couleurs, de parcours ?
Quel petit esprit simpliste !
Il n’y aurait donc que deux genres.
Ok. Alors allons-y franchement, M. Trump.
Oui, il y a premièrement le genre humain.
Et puis, en second, le vôtre, bien moins brillant.
Deux neurones perdus dans un vieux labyrinthe,
incapables de produire la moindre pensée cohérente.
Deux neurones en service minimum,
et encore… seulement quand vous lisez sur votre prompteur des discours qu’on écrit pour vous.
Quand on prend la biologie pour une idéologie, et qu’on y ajoute le dogme religieux, cela donne une politique de l’exclusion. Voilà ce que vous êtes, M. Trump : un président qui exclut, et pire encore, qui empoisonne la société américaine avec sa haine. Car quand on transforme la biologie en loi, le dogme en vérité et la haine en patriotisme, on ne protège pas la société : on l’empoisonne. Vous fabriquez du populisme, pas de la raison.
Vos discours, M. Trump, me donnent la nausée.
L’ignorance, c’est franchement moche.
Surtout quand elle triomphe.
On comprend mieux pourquoi les États-Unis vacille autant, prêt à dérailler avec vous !
Les Américains ont choisi un mégalomane en déclin comme prophète.
À force d’être abreuvés de téléréalité et de programmes abrutissants,
ils vous ont élus, M. Trump.
Et ils ont fini par confondre le leadership, l’intelligence
avec le nombre de followers sur votre compte X,
comme si le nombre faisait la raison.
Et chez nous ?
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🔥 En France aussi, la haine monte
Ne vous y trompez pas. La France n’est pas une bulle progressiste. Surtout pas avec M. Macron à l’Élysée, François Bayrou comme Premier ministre et Bruno Retailleau comme ministre de l’Intérieur.
Les agressions LGBTphobes sont en hausse constante. Les insultes, les coups, les crachats, les humiliations à l’école, dans les transports, dans la rue.
En 2023, près de 4000 signalements de violences LGBTphobes ont été recensés en France, et ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
L’un de mes derniers billets d’humeur évoquait un fait récent, aussi symbolique qu’ignoble.
Un drapeau gay, accroché à la façade d’un bar du Marais, a été arraché, piétiné, puis souillé à coups de crachats par trois individus.
Une scène de haine gratuite, d’une violence crue, qui aurait dû provoquer un tollé.
Mais non.
Les médias ont à peine levé un sourcil,
les responsables politiques sont restés silencieux,
et même les grandes associations LGBT se sont montrées frileuses, absentes, voire muettes.
Comme si la haine ordinaire était devenue banale.
Comme si ces humiliations, ces attaques, ces profanations ne méritaient pas plus qu’un haussement d’épaules.
Pourtant, même en 2025, dans certains quartiers, dans certaines campagnes, être gay, lesbienne, trans, non binaire, c’est encore vivre dans la peur et se cacher.
Et pendant ce temps, l’extrême droite prospère, promettant de revenir sur la PMA, de couper les financements aux associations LGBT, d’interdire les transitions médicales des jeunes, ou simplement d’effacer toute forme de diversité du débat public.
Ce n’est pas un détail. C’est un avertissement. Nous sommes en danger ! Partout, tout le temps !
C’est pour cela que nous défilons. car...
🌈 La PRIDE : n’est pas un carnaval, c’est une marche politique
Beaucoup l’ignorent — ou préfèrent l’oublier — mais la Pride ne vient pas d’un caprice militant ou d’une mode importée.
Elle est née d’une révolte. D’un ras-le-bol. D’un sursaut de dignité dans un monde qui ne laissait aux homosexuels, aux lesbiennes, aux trans que le mépris, l’ombre et la peur.
Petit retour en arrière :
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Juin 1969, New York, bar du Stonewall Inn.
Un lieu de refuge, de rencontres, de fête pour ceux et celles que la société rejetait.
Ce soir-là, comme tant d’autres, la police débarque. Comme à son habitude, elle humilie, tabasse, arrête.
Les descentes dans les bars gays sont alors monnaie courante.
Il n’y a pas encore de droits. Pas encore de respect. Juste la violence d’un État qui criminalise les corps et les amours.
Mais ce soir-là, la peur va changer de camp, la peur va reculer.
Ce soir-là, on ne baisse plus les yeux.
La communauté résiste. Elle se lève. Elle hurle. Elle se bat.
Ce sont les émeutes de Stonewall, et c’est là que tout commence.
La première Pride, un an plus tard, en est le prolongement direct de ces émeutes. Une marche de colère. De fierté. De survie.
Et comment ne pas évoquer aussi Bobby Griffith, ce jeune homosexuel américain dont la vie fut brisée non pas par des inconnus, mais par l’intolérance religieuse de sa propre famille et en particulier de sa mère.
En 1983, à tout juste 20 ans, Bobby s’est jeté du haut d’un pont à cause du rejet, de la culpabilisation, des prières de "guérison", des sermons qui lui disaient que ce qu’il ressentait était un péché.
Sa mère, Mary, presbytérienne convaincue, pensait "bien faire" en l’enfermant dans la honte et la négation de lui-même.
Elle l’aimait, disait-elle, mais pas tel qu’il était.
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Il a fallu le suicide de son fils pour qu’elle ouvre enfin les yeux.
Elle est devenue par la suite une militante LGBT, engagée pour faire changer les mentalités dans les églises et auprès des familles croyantes.
Mais à quel prix ?
Son histoire a inspiré le téléfilm “Bobby seul contre tous” (“Prayers for Bobby”), un chef-d’œuvre déchirant qui montre, avec une justesse glaçante, à quel point les dogmes religieux peuvent détruire, broyer, pousser un jeune au suicide au nom d’un amour dit "divin", mais conditionnel, cruel et aveugle.
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Parce que oui, la religion peut tuer, quand elle est fondée sur l’ignorance, sur la peur de l’autre, sur la volonté de "normaliser" des êtres qui n’ont rien à réparer.
Et ceux qui refusent de le voir, au nom d’un Dieu plus cruel que juste, participent à cette violence.
C’est cela, l’obscurantisme, et nous devons le combattre avec ferveur !
Depuis, d’autres noms se sont gravés dans nos mémoires.
Matthew Shepard, 21 ans, battu à mort en 1998 par deux hommes, simplement parce qu’il était gay.
Attaché à une clôture, laissé pour mort par ses agresseurs dans un champ du Wyoming.
Son assassinat a bouleversé le monde entier, mais il a aussi révélé l’ampleur de la haine encore à l’œuvre dans des sociétés prétendument civilisées.
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En France, il y a Lucas, que nous nous devons de ne pas oublier.
Il avait 13 ans au moment des faits. Il était collégien à Golbey, dans les Vosges.
Le 7 janvier 2023, il est retrouvé pendu dans sa chambre.
Lucas assumait son homosexualité, ce qui lui a valu des moqueries, des insultes et des brimades répétées de la part de certains de ses camarades.
Malgré des signaux d’alerte et des signalements, l’établissement scolaire n’a pas su le protéger efficacement.
Une enquête administrative de l’Éducation Nationale a confirmé qu’il avait bien été victime de harcèlement scolaire, notamment à caractère homophobe.
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Quatre adolescents ont été poursuivis en justice pour harcèlement ayant entraîné le suicide, mais ils ont été relaxés en appel, faute de lien direct établi entre le harcèlement et le geste fatal de Lucas.
La famille de Lucas, ainsi que le parquet général de Nancy, se sont pourvus en cassation contre cette décision injuste. Il ne faut pas que Lucas soit mort pour rien.
Sa mère, Séverine Vermard, a depuis créé une association pour lutter contre le harcèlement scolaire et a publié un livre intitulé “Lucas, symbole malgré lui”, afin de sensibiliser le public à ces drames trop souvent passés sous silence.
Alors non, la Pride n’est pas un défilé folklorique, ni un carnaval, contrairement aux apparences.
Car même si tout cela se fait dans la fête, en musique… et parfois, à mon goût (mais je ne suis pas le seul à le penser) un peu trop dans l’extravagance... C’est une marche de survie, une marche POLITIQUE !
Une réponse collective à tous les "ta gueule", à tous les "dégage", à tous les "t’es pas normal", à tous les "surtout reste discret", ou bien encore : “casse-toi, PD”.
La Pride, c’est le droit de dire : je suis qui je suis. Et ça ne regarde que moi.
On marche pour :
Le droit d’aimer librement.
Le droit de se reconnaître dans son genre, ou de ne pas s’y enfermer.
Le droit d’avoir des enfants, une famille, une sécurité, un avenir.
Le droit de vivre, tout simplement.
Le droit de pouvoir faire son coming-out sans craindre le pire.
Car, oui, parlons du Coming-out
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💔 Le coming-out : ce n’est pas un devoir, c’est un droit
Coming-out. Ce mot peut faire peur, il peut aussi faire mal. Car derrière ce mot, il y a parfois l’exclusion, les insultes, le rejet familial, les coups, la solitude.
Certains jeunes se retrouvent à la rue le soir même de leur coming-out. C’est aussi pour cela que des associations tels que “Le refuge” existent.
Certains, certaines ont entendu un de leurs parents, quand ce n’est pas les deux, leur dire : “Je n’ai plus d’enfant.”
Certains sont figés, paralysés par la peur du jour où ils avoueront leur homosexualité, pétrifiés de peur d’être peut-être rejetés, niés, exclus... comme ils l’ont déjà vu ailleurs.
D’autres ne feront jamais leur coming-out. Pas par honte. Mais par pudeur. Par principe ou par choix.
Car on peut aussi choisir de ne pas le faire.
Ça aussi, c’est un droit.
Celui de décider de ne pas avoir à rendre des comptes à qui que ce soit, de ne pas avoir à justifier ses préférences ou sa sexualité.
On ne devrait jamais avoir à justifier qui l’on aime.
Et pourtant, dans un village de province, dans une famille rigide, dans une famille ultra-croyante, conservatrice, dans un collège ou un lycée sans repère, faire son coming-out, c’est porter sa vie dans le creux d’une main tremblante.
Et parfois, les seules lumières, ce sont des livres, des films, des séries, des chansons qui montrent ce que d'autres voudraient cacher ou faire taire. Un refrain qui dit ce que l’on n’ose pas encore formuler, comme je l’ai fait lorsque j’ai écrit la chanson “De Vous à Moi”.
🏳️🌈 Une fierté politique, pas décorative
Alors, tandis que ce mois de juin des fiertés LGBT s’éclaire de drapeaux arc-en-ciel, souvenons-nous d’une chose :
la fierté n’est pas un accessoire marketing.
C’est une revendication.
La fierté, ce n’est pas de briller. C’est de tenir debout.
De revendiquer une place pleine et entière dans la société.
D’exiger l’égalité réelle, pas seulement symbolique.
Et si mes chansons “De vous à Moi” ou son adaptation anglaise "From Me to You (PRIDE)" peuvent y contribuer, ne serait-ce qu’un tout petit peu,
alors elles auront faits ce que toute chanson engagée devrait faire : porter la voix de ceux qu’on ne veut pas entendre.
Un jour, Harvey Milk a dit :
"Hope will never be silent." (L’espoir ne sera jamais silencieux.)
Il a été assassiné en 1978 pour avoir incarné cet espoir.
Mais ses mots résonnent encore.
Alors à toi, Harvey, et à toutes celles et ceux qui ont ouvert la voie :
nous sommes la relève.
Nous n’avons rien oublié.
Et nous ne nous tairons pas.
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Parce que penser que nos droits sont acquis, c’est oublier à quel point ils sont si fragiles.
Ils peuvent disparaître aussi vite qu’ils sont apparus — plusieurs pays l’ont déjà tristement prouvé.
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Et ne vous y trompez pas :
ni Marine Le Pen, ni Jordan Bardella, encore moins Éric Zemmour ne défendront nos droits.
Ils ne l’ont jamais fait.
Et pire encore : nos droits, ils les contestent, les combattent, au nom d’une société figée, rangée, excluante qu’ils incarnent. Ces gens vivent dans la haine de tout ce qui est différent d’eux ! Ils n’ont que de l’exclusion à nous vendre. Voilà pourquoi ils sont les seuls que je ne considère pas comme des opposants politiques, mais comme des ennemis de la République qui n’ont rien à faire dans l’hémycicle d’une démocratie Républicaine digne de ce nom. Une république ne divise pas, elle rassemble. Elle n’a ni couleur (sinon celle de son drapeau), aucune race, aucune religion. Une République digne de ce nom ne trie pas ses enfants selon leur orientation, leur prénom ou leur genre. Elle protège. Elle élève. Elle unit.
Voilà pourquoi nous devons refuser de leur laisser les clés du pouvoir. Parce que face à la haine, l’abstention n’est jamais une option. Ces gens ne veulent pas gouverner : ils veulent dominer. Ils ne veulent pas protéger : ils veulent exclure.
Alors non, je ne les considère pas comme des adversaires politiques. Je les considère comme ce qu’ils sont : des fossoyeurs de nos libertés. Ils ne défendent pas la République : ils en convoitent le nom pour mieux l’abîmer. Or l’Histoire nous a appris que quand les droits régressent, c’est toujours au nom d’un ordre soi disant “naturel” ou “traditionnel”. Mais une République, ce n’est pas la tradition. C’est le progrès, ou ce n’est rien. La République, la vraie, n’a pas besoin de boucs émissaires. Elle se construit sur l’égalité, pas sur le rejet.
Alors oui, la vigilance est notre devoir.
La mobilisation, notre réponse.
Et la fierté, notre résistance.
La lutte ne doit jamais s’arrêter ! Elle continue.
Pour nos droits. Pour notre dignité. Contre toutes les haines.
Harvey Milk le disait lui-même : “Les droits ne sont jamais donnés, ils sont arrachés par ceux qui refusent de se taire”.
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Et puis il y a cette polémique, qui survient au moment même ou j'écrivais ce billet d'humeur et que je ne peux pas faire semblant d'ignorer car c'est trop grave !
🏳️🌈Valérie Pécresse nous coupe les vivres :
La PRIDE de Paris en danger ?
En effet, comment ne pas évoquer ce faux scandale. Avant même d’avoir eu lieu, la Marche des Fiertés de Paris 2025 est déjà menacée. En cause : une affiche jugée trop "politique", trop militante, trop à gauche. Il n’aura suffi que de quelques heures sur les réseaux sociaux pour que la droite et l’extrême droite s’emparent du sujet, criant à la provocation, exigeant des sanctions. Toujours les mêmes. Toujours les mêmes outrés professionnels. Toujours les mêmes réactionnaires, qui s’agitent à la moindre image progressiste.
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Et pourtant… sur cette fameuse affiche, ce sont trois personnages sur sept qui déclenchent la colère. Trois. Une femme voilée, un autre arborant un drapeau palestinien sur son sac et enfin une personne allongée au sol avec un tatouage neo-nazi au cou, à la cravate tirée — image symbolique d’un extrémiste renversé. Voilà ce que certains jugent "inacceptable". Voilà ce qui déclencherait, paraît-il, la colère populaire. En réalité, la seule colère, c’est encore et toujours celle de la droite et de l’extrême droite, qui ne supportent ni les minorités visibles, ni les messages de solidarité politique, ni la moindre critique de leur propre camp. C’est tout. Le reste ? Des personnes de toutes origines, souriantes, unies, avançant ensemble vers la liberté.
Alors posons-nous une question simple : en quoi une femme voilée est-elle un problème dans une affiche qui prône la solidarité ? Est-ce devenu illégal de croire en Dieu tout en étant lesbienne ou queer ? Ces femmes n’ont-elles pas elles aussi été stigmatisées, invisibilisées, exclues ? Leurs combats, leurs blessures, leurs existences font partie des luttes. Les ignorer, c’est reproduire l’exclusion qu’on prétend combattre.
Et ce drapeau palestinien, devenu si explosif pour certains dès qu’il apparaît en public : que fait-il là ? Pourquoi serait-il déplacé ? Peut-être parce que les Palestiniens sont aujourd’hui victimes d’un apartheid, d’un nettoyage ethnique, d’un génocide organisé par un État. Oui, un génocide. Celui que mène le gouvernement israélien, avec des moyens militaires, des frappes sur des civils, des hôpitaux, des écoles, des journalistes. Et non, ce n’est pas de l’antisémitisme. C’est une dénonciation légitime d’un État — un État terroriste — pas d’un peuple, encore moins de la religion juive. Ne confondons pas tout. Et ne laissons pas ceux qui font taire les dénonciations du génocide détourner les mots.
Un drapeau palestinien sur une affiche de Pride n’a rien de choquant, ce n’est pas un appel à la haine, c’est un cri de solidarité envers un peuple colonisé, écrasé, bombardé, affamé, privé de son droit à vivre.
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Quand on voit un peuple se faire massacrer, on a le droit de dire : ça suffit.
C’est même un devoir moral.
Et quand un peuple — quel qu’il soit — est nié dans son droit d’exister, nous, LGBT, nous savons ce que ça veut dire. Dans les camps nazis, des centaines de milliers d’homosexuels ont été déportés, humiliés, exterminés. On n’a pas oublié. Et c’est aussi pour cela que les luttes des peuples opprimés nous parlent. On ne peut pas revendiquer la mémoire du triangle rose tout en détournant les yeux devant des crimes de guerre.
Sur cette même affiche, on voit aussi un homme au sol, cravate tirée, symbole caricatural d’un extrémiste ou d’un pouvoir réactionnaire mis à terre. Là encore : où est le problème ? Ce n’est pas un appel à la violence. C’est une métaphore visuelle. Une manière de dire qu’on ne veut plus plier face aux oppressions. Qu’on ne débattra pas éternellement avec ceux qui nient notre droit d’exister.
Mais visiblement, cette image était "trop forte" pour certains. Et surtout, trop vraie.
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Alors, la région Île-de-France — dirigée par la droite de Valérie Pécresse (elle ne nous avait pas manqué) — a décidé de retirer sa subvention à la Marche. Elle a exigé le retrait de son logo, déclarant même que l’affiche constituait une "incitation à la violence". Rien que ça.
La Pride serait donc aujourd’hui trop politique ? Mais elle l’a toujours été ! Elle est née d’une révolte. Elle est un cri contre les injustices. Elle n’est pas une carte postale ni une décoration pour sponsors en quête d’inclusivité mensongère.
Face à ces attaques, l’Inter-LGBT a lancé un appel aux dons, expliquant que l’existence même de la Marche est en jeu. Et elle a eu raison. Car céder maintenant, ce serait accepter que nos luttes soient édulcorées, aseptisées, censurées.
=> Pour faire un don à l'INTER-LGBT afin de soutenir la Pride de Paris 2025 : Cliquez ici
Ceux qui s’indignent de cette affiche ne sont pas "choqués par la forme". Ils sont dérangés par le fond. Ce qui les gêne, c’est la cohérence des alliances, la radicalité du message, et la clarté de notre engagement.
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Alors, à celles et ceux qui demandent une affiche "neutre", "apolitique", "rassembleuse", je réponds : il n’y a pas de neutralité quand nos vies sont en jeu. Il n’y a pas de rassemblement possible avec celles et ceux qui veulent nous effacer.
Mais que ceux qui crient à la “provocation” se posent la bonne question : ce qui dérange dans cette affiche, ce n’est pas l’excès. C’est la justesse. Elle met en évidence la cohésion de nos combats avec ceux de tous les opprimés que certains refusent de voir. Elle rappelle que nos luttes ne sont pas isolées. Qu’on ne peut pas défendre nos droits tout en piétinant ceux des autres. Et ça, oui, ça dérange, mais nous, on assume !
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🎶 Une chanson pour celles et ceux qui se taisent
Et comme la musique est sensée adoucir les mœurs, pour clore ce billet, j’aimerais vous inviter à écouter “From Me to You (PRIDE)”, la version anglaise de ma chanson “De vous à moi”, écrite l’an dernier sur le thème du coming-out.
Je l’ai adaptée en anglais pour la rendre accessible au plus grand nombre, au-delà des frontières et des langues.
C’est une main tendue à celles et ceux qui n’osent pas parler.
À ce garçon de 16 ans qui découvre qu’il est gay, dans une ville où “PD” reste une insulte qu’on crache à chaque coin de rue.
À cette femme trans qui n’ose plus sortir de chez elle, après avoir été humiliée dans le métro.
À cet enfant non binaire qui pleure en silence, parce qu’à l’école, on refuse d’utiliser son prénom (celui qu'il s'est choisi).
Cette chanson leur murmure :
“Tu n’es pas seul. Tu n’es pas invisible. Tu es légitime.”
Elle ne prétend pas tout dire, mais elle ose parler.
Elle célèbre, oui — mais elle dénonce aussi.
Elle danse — mais elle n’oublie rien, comme nous.
Retrouvez l'intégralité de ce Billet d'humeur en vidéo sur la chaine Youtube de AUTREMENT DIT :
🎶Paroles de la chanson "From Me to You (PRIDE)" :
In my mind, there's a storm I can't deny
The words I fear are stuck, but I must try.
If I reveal what’s buried deep inside,
My fears take hold, and I just want to hide.
I see the doubts that linger in your eyes,
If you were right, what would it change or revise ?
I didn’t choose this heart or how it beats,
The truth is mine, and now it feels complete.
Chorus :
From me to you, I’ve nothing left to hide,
I’ll break the chains and throw the fear aside.
From me to you, I’ve found my liberty,
No more hiding, I am finally free.
I’ll be myself, no matter what you say,
Now I’ll embrace who I am every day.
I am finally proud to be who I am.
It took me years to face the mirror’s gaze,
Through sleepless nights and endless doubtful days.
I’ve learned to love myself for who I truly am,
My pride has grown, and I don’t give a damn.
I’ve found myself, but fear won’t let me rest,
Afraid I’ll lose the ones I love the best.
What will they think? Will they turn me away ?
Between us lies the wall I built each day.
From me to you, I’ve nothing left to hide,
I’ll break the chains and throw the fear aside.
From me to you, I’ve found my liberty,
No more hiding, I am finally free.
I’ll be myself, no matter what you say,
Now I’ll embrace who I am every day.
I am finally proud to be who I am.
It’s not their gender, but the way they make me whole,
Why should my love be something to control ?
I’m still the same, perhaps even better,
The ones who love me will always be my shelter.
I’ll face the loss if that's the price to pay,
To live my life in peace, no mask, no sway.
The weight of truth is one I’ll gladly bear,
To stay myself, I choose this path with care.
From me to you, I had so much fear of you,
The fear of what your silence would construe.
From me to you, I feared myself inside,
But now I’ve learned to love and not to hide.
From me to you, I’ve nothing left to hide,
I’ll break the chains and throw the fear aside.
From me to you, I’ve found my liberty,
No more hiding, I am finally free.
I’ll be myself, no matter what you say,
Now I’ll embrace who I am every day.
I am finally proud to be who I am.
PROUD TO BE WHO I AM !!!
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