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Billet de blog 9 avril 2022

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Fables diverses

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

The dentist

Waiting at an appointement at the dentist, i picked a magazine. I opened it. I started reading.
"Ladies, time to let go of unrequited love. Tell your heart it is no good to pursue someone who doesn't chase you back. This sir or this lady have imperfections, learn to focus on them. Do not forget the time you waste being discontent and finally give up on this pursuit and focus on everyday gifts"
Then, it was the reader mail.
"I may try to see his imperfections but i find none. Each time once again my mind is graced by the idea of his self, i fall even more deeply for him. I can only think of him as the one. This is why i am so hurt this love is not reciproquated. He embodies my aspirations in a lover, except he does not love me. He showed me the path to my heart. From this love, i only know heartache. First he graced with his sympathy, showering me with attention and affection. Then he never showed up at a date he invited me too. Finally he ignored me completly. I met him last week. I can not forget him. PS: i lied it was eight years ago, i am married now to a friend i never desired but i did not want to die alaone, childless"
Then a recipe for sugar free cake, with an article about the pleasure of cooking.
I looked at pictures of models clothed for the summer.
I thought there is a class of people deriving their subsistance on their looks while another class could work longer hours, tougher jobs and earn less. Being a model myself, i thanked my good fairy and noticed perhaps my diet and work out regimen were actually tougher than flipping burgers or answering calls. Finally the dentist invited me for my usual appointement. I could not wait for my teeth to be brighter. The effect of the last whitening had started to fade and i felt embarassed to smile.

"art"

Je suis sortie. Il y avait dans la rue une femme déjà vieille, au pied de mon immeuble.
Elle a levé la tête et elle a dit :
"Durant mon enfance, tout semblait grave, profond, solitaire et sollenel. Chaque jour, j'étais seule face à l'abîme d'exister. LLes autres semblaient aller de jour en jour sans ciller. Il n'y avait pas de résistance à la violence à mon égard. Au contraire.
C'est ainsi que la rumeur a commencé à me parvenir. L'as tu entendu ? Rien n'a d'importance. Avec l'âge, elle m'est apparu plus clairement alors que mes jours devenaient plus obscurs.
Jour et nuit, il n'y a place que pour une fanfare grotesque de jalousie, de brutalité. La bassesse est chef d'orchestre. Sa musique moi aussi m'a emporté. J'ai refermé mes livres, et j'ai détourné mes yeux des premiers rayons du matins. J’ai appris que je suis sans importance. La nouvelle m'a envahi, embaumé et emporté.
C'est une existence encore douloureuse. Je ne comprendrais jamais comment le temps peut couler sur la peau du monde sans qu'il s'en soucie.
Mais je connais mieux désormais l’art de l’indifférence. Rien ne vaut rien. Alors à quoi bon sentiments, pensées et mémoire ? Je les éteins. On me dit négligée. Ce fut beaucoup d'efforts de m'abandonner à l'insensibilité pour tolérer la rumeur du monde.
Les passants me regardent et tentent parfois de combattre leur gêne, en un sourire de pitié, sûrs de leur grandeur d'âme. Je ne suis pas sûre qu'ils aient une âme. Je n'entends rien à leurs affections. Ils croient que la logique commande à leurs actions, pourtant ils se comportent comme des bêtes. Logique n'est que le nom qu'ils donnent à leur insensibilité. Ils n'ont pas de temps pour le respect ou la beauté. Il n'y a de place pour elle que dans les musées, ailleurs elle est oublié. Regardez ces immeubles! Même sans la vue, je sais mieux que vous leur laideur.
Nous vivons dans une ère de tolérance et de compromis. On tolère de ne pas aimer le travail qui nous occupe tout le jour, de ne pas aimer amis ou famille. On tolère de ne pas connaître amour, beauté, intelligence, grandeur ou nature. On ne sait que s'en arracher des symboles frustes. Celui qui en accumule le plus peut toiser avec condescendance le reste du monde, rampant pour obtenir et pouvoir afficher quelques strass de mauvais goût.
La plus grande ambition est de ne pas avoir à compter son argent.
Je n'ai pas l'habitude de parler ainsi, mais vous portez des roses et vous avez ranimé un éclat en moi."
Je ne portais aucune rose. Il y a des gens vraiment dérangés. Je quittais poliment la femme déjà vieille. J'étais restée pour l'écouter. Le spectacle d'une déséquilibrée aveugle n'est pas commun et fait une bonne histoire à raconter. Je comprenais très bien que ce n'était que les paroles d'une ratée, un fardeau pour la société.
J'avais rendez vous à une exposition d'art contemporain à la fondation Louis Vuitton.

Fleuriste

J'étais très fatigué ce jour là. Je rêvais depuis tout petit de travailler en tant que fleuriste auprès des frères Renard.
Quand j'ai appris qu'il cherchait un apprenti, j'ai quitté le logis. Il pleuvait. Mais je ne voulais plus attendre. J'ai traversé le village, mes vêtements graduellement tâchés de terre car je ne pouvais éviter les larges marres de boue, presque des bassins, sur le chemin. Mon pare-pluie fut tordu, puis emportée par le vent. Presque arrivée, j'ai continué chemin malgré la pluie battante qui, bientôt, coulait jusqu'à mes os. Sans en avoir l'air, le sol était glissant. Un mauvais pas et me voilà étendue dans la bourbe à l'entrée du magasin de fleurs. Quelqu'un m'a vu tombé. J'ai attrapé sa main tendue et je me suis relevée, trempée. Il allait se présenter mais je me suis précipitée à l'intérieur. En entrant, j'ai fait tombé un ficus en pot lequel est tombé sur une rangée d'orchidées, qui ont précipité la chute de quelques arbres fruitiers miniatures et d'un bonsaï. Une flaque d'eau a commencé à se former sous mes pieds, qui souillaient aussi le sol de boue. J'ai avancé jusqu'au comptoir avant que les Frères Renard m'arrêtent. Je cru mourir d'admiration. Ils allaient parler. Je fus plus rapide. Je leur dit combien j'aimerais devenir leur apprenti, puis je remarquais les dégâts que j'avais causé. Je fis mine de m'excuser, en pleurs. Sans m'écouter, ils me dire qu'ils avaient déjà embauché et m'invitèrent à ne plus jamais les visiter. A l'entrée, je retrouvais le bon samaritain qui m'avais aidé à m'ôter de la vase. Il se présenta finalement: nouvel apprenti des Frères Renard. Je quittais les lieux et ne revint jamais.
Un rêve d'enfance venait d'être brisé.
A l'âge mûr de soixante-dix ans, et fleuriste accompli, je me rappelle encore avec honte de cet épisode. Je suis le dernier homme vivant à m'en souvenir et je suis heureux de l'emporter dans la tombe.

bar

Je visitais Paris, une nuit. J'allais seule.
Je me suis arrêtée dans un bar. Des jeunes gens discutaient gaiement ensemble. Quatre jeunes femmes entouraient un homme très blond. A côté de lui, une femme aux cheveux très noirs le regardait, amusée, tandis qu'il se prenait à parler anglais avec un léger accent français. Je n'avais pas assisté à une démonstration aussi éloquente d'amitié à travers un regard ou une gestuelle. Les deux amis jouaient, tandis que leurs amies riaient. Une d'elles les enregistrait. L'image serait conservée. A travers la vidéo, il resterait, même après la mort de tous les spectateurs et participants à cette scène, que la vie vaut véritablement d'être vécue.
A travers chaque regard, chaque rire, chaque geste, on observait un être unique, des émotions uniques qui le révélaient, en un instant de suprême gaité et d'amitié.
Je me suis demandée alors ce qu'est la sympathie, l'affection et l'amusement. Il m'a semblé que chacun les connaît, les vit et les manifeste de manière unique.

obscur

Je lui demande si il ne pense pas essentialiser des caractéristiques de sa situation actuelle. Il me répond se savoir être son plus grand dupe au fond. À force de composer son quotidien, l'isolement lui apparait irréductible à son existence. Oui, lui aussi a joui de l'amitié. Les circonstances présentes se figurent comme le développement sans frein d'une dérive anodine à l'origine, enflée à répétition par sa déchéance et sa focalisation dessus. Mais maintenant que l'on discute il lui semble ne plus avoir besoin de l'invention d'une différence radicale pour saisir de la lumière, d'autres s'animent dans ses yeux, éclairant des contrées oubliées ou inconnues, et y promenant son regard, déjà, la vue d'un versant éclaire son pendant, d'une forme le paysage et du paysage une forme. À l'écouter, moi qui me préocuppe de l'apparente sécheresse des expressions artistiques contemporaines, je peux croire que dans un moment, à force d'émulations, et à la faveur d'un mûrissement, l'éloquence de nouveau sera plus sûre, car peut-être est-ce encore l'heure du babil, de la parole incertaine, de la connaissance feinte, qu'emprunte la vitalité qui n'a pas appris à illuminer (car elle s'ignore), comme toute la profondeur réside toujours au-delà des approximations et des falsifications délibérées ou non, tant qu'il y aura à éprouver.

Invalides

It was the night, near midnight. I took my bicycle and reached the Invalides. I stopped at a nearby park to contemplate, amid nature. Very soon, a morbid sound surprised me, like a mixture of thunder and bones being riped. The colossal pine tree in front of me shook. Wind blowed. A tall and heavy man, all clothed in black appeared from the bush around the tree. My stomach was torn by fear, like it had never been. I felt deeply afraid, beyond my wit. He was pulling two green rolling municipal dustbins. He said no word. He reached a bench and layed him self, a pillow placed under his head. No presence ever impressed on me such level of fear and gut feeling. I chose to leave. Passing by him, he told me repeatedly "Je veux seulement être tranquille". He seemed from the middle east. Deprived of dirt or odour, he seemed to be at least 40, perhaps 50, despite purely black hair, kept short. I will never know who he is, why he was there, why he had two dustbins, why was i afraid, why did the tree shook or the air tremble in an horrific sound.

Zénith

"Inaperçu, tel est le Zénith couvert par les nues.
Un ciel sans soleil précède la nuit qui m'amènera au dernier séjour.
J'ai perdu la trace des premières lueurs du jour.
Leur mémoire s'éteint doucement.
Seul le temps n'oublie pas. Je l'ai vu sur le visage de mon père.
Doucement, je m'efface dans l'ombre.
Ton visage est une lumière que je crains de ne plus revoir. Ma poitrine est gonflée de regrets, résiduelle résistance à l'apathie.
Si le temps du zénith est gris, je redoute le temps restant. "
histoire d'une jeunesse blême

Maman

L'amour de ma mère
Ma soeur, 8 ans, a eu l'idée d'installer des coussins au sol, près de nos lits, perpendiculaires. Elle a réussi à convaincre notre mère de s'allonger près de nous. J'étais reconnaissante et ravie. Elle respirait doucement. Je ne pouvais aspirer à plus grand présent. Son amour immense m'enveloppait. J'avais 5 ans. J'étais transportée par le bonheur de sa présence.

maintenant

Finalement, je vais en cours. Les jeunes gens rencontrés m'enthousiasment.
Je crois que la laideur de mon environnement et le manque de culture me pèsent.
Peut être que cela invite à choisir l'inconscience, par fuite de ce fardeau pesant.
Je devrais reconnaître mon âme, ou ce que j'espère pour elle, dans mon environnement. Mais cet environnement détruit l'âme. Il ne la sert pas, il l'abaisse.
La laideur est une offense; ainsi que le manque de culture.
La vraie culture est tjrs vivante.
Vie sans culture est morbide. La matière agité sans dessin est elle en vie par sa seule agitation?
Mes parents adorés sont déjà vieux. Je commence encore à peine à vivre. Je n'ai rien bâti. Ils sont à un seuil menaçant, mais je n'ai pas fini d'apprendre d'eux et d'être grandi par eux.
Je redoute leur perte.
Les personnes âgées ne sont pas assez considérées, ce malgré leur expérience, leur sagesse, ce qu'elles peuvent offrir de transmettre.
Je redoute leur sénescence, laquelle s'affirme. J'aimerais continuer d'apprendre. Il me semble à peine commencer à comprendre, à peine apprendre à écouter et entendre.
Parmi les penseurs contemporains, la vieillesse d'un en particulier uniquement m'inquiète. Il porte parfois un béret. Il y a peu de photos de lui. Une peinture le montre assis, sur un fauteuil vert. Je crois qu'il a énormément à transmettre. J'aimerais qu'il écrivit encore. Il est cultivé et ses textes se rapportent non seulement à sa culture extensive mais à ce qu'il présente comme son expérience réelle.
Il propose une synthèse toute spéciale d'idées originales et empruntées et revues.
Il provoque à la réflexion.
Je suppose toujours qu'il en sait (ou croit en savoir) bien plus qu'il en dit (sur la société, la politique, l'histoire, les religions, la philosophie, les arts, la psychologie, le surnaturel, les mécanismes sous jacents au réel ).

maman

Une fois amputé, on se rend compte avec la plus haute violence de l'importance permanente d'une jambe. Auparavant, sa présence semblait évidente et ainsi très discrète à notre conscience. En son absence toute l'existence s'en trouve appauvrie et diminuée. Ainsi, je pense, en est-il de la tragédie de perdre sa Mère. Cependant on peut naître sans jambe mais pas sans mère. Elle veille avec un soin constant. Elle offre trésors de tendresse et de conseils qui font la richesse d'une vie.
On entend beaucoup compter des exploits ou le grand amour.
Oublierait on que naître est l'exploit d'une femme? Ou l'amour inconditionnel qu'elle offre sans compter?

veille

Je rêvais alors. Une voix d'homme prononça "vous êtes ordinaire, mademoiselle". Je songeais que cela confirmait mes soupçons. Puis, il dit "voici Mars". Et je vis Mars depuis l'espace. Il dit "voici la Lune". Je vis cette astre depuis l'espace, également.
Je rêvais de tableaux, d'universités anciennes, de châteaux. Cela m'est habituel. Mais cela ressemblait davantage à des visions qu'à des rêves.
Une fois, je pensais en une langue slave, sans y rien comprendre, alors que je rêvais.
Une autre, je voyais des pages et des pages de caractères chinois s'afficher. Je ressentais qu'une force écrivait ces idéogrammes.
Je rêvais me trouver à 8 ans exactement dans l'appartement de mon enfance; et pouvoir l'inspecter, m'installer dans la sensation qu'il fut réel, au détail près.
Plus jeune, je rêvais de quêtes initiatiques (à base d'énigmes à résoudre en équipe), de survie, de conflits armés au moyen âge, de trajets en trains, de dystopies transformées en utopies.
Je devins rêveuse lucide. Homme, femme ou pure conscience, je pouvais intentionnellement créer tout ou partie de mes rêves. D'abord, je visais pouvoir et argent. Graduellement, je choisis aventure et contemplation.
Mon sommeil semblait plus vivant que ma veille.

remarques

Je ne pense pas pouvoir remédier à mon ignorance intellectuelle.
Cependant, je crois que la faculté de percevoir mes limites, les conditions de mon existence, la réalité de Tout, est exacerber par l'épreuve pratique du monde.
Après une journée d'activité, d'affirmation de soi à travers chaque choix, chaque pensée, chaque regard, chaque geste, chaque pas, à éprouver la réalité de soi, je suis fatiguée et livide, mais je "sympathise" / "empathise" mieux avec ce que je rencontre, m'ajustant au rythme qui meut êtres humains et leurs machines.

tempus fugit

Tuer le temps.
Selon moi signifie perdre son temps.
J'ai développé un très grand talent pour cela.
Maintenant je cherche à rattraper cela en "ranimant" le temps.
(on ne peut pas tuer le temps, on n'altère que ses propres perceptions: c'est moi même que je cherche à réveiller, le somnambulisme est un malheureux mode de vie)
Penser aux livres que j'aurais pu lire, aux cours en ligne que j'aurais pu suivre, tout ce temps où réellement je me suis exercée à oublier que j'existais, me contrarie.

insomnie

Les difficultés sont-elles des épreuves à surmonter?
Quelle débâcle! Jusqu'à l'oubli de soi.
A chaque coup levé! A chaque attaque! J'ai plié.
Puis je me suis retirée dans l'oubli.
Je n'ai rien vaincu, rien surmonté. J'ai perdu la trace de la course où je fus lançée.
Mes jours ressemblent à la fin de Prince Mishkin, sans la vertu du Prince.
Mon âme s'est endormie. Elle est devenue domestique. Très lentement, elle peut se réveiller. Et alors je perçois que je ne sais pas être libre et qu'il me faut me l'enseigner (paradoxal).
Je suis née voyante. Mais j'ai choisi finalement de devenir presque aveugle.
Est ce par amour de l'ignorance? Douce, tendre, ignorance … berceuse aimée.
Je me rappelle d'un temps ou beaucoup me semblaient malades et endormis, difformes ou pâles, la tête vide, le regard mort, fantômes de chair.
Ai-je finalement rejoint le troupeau (que je distinguais)…jusqu'à l'oublier?
Ubiguîté…je suis là sans l'être.
Heureusement, je me rappelle encore que l'amour est puissant et suscite créativité, ingéniosité, volonté et force.
Amour et épreuve : les forces constructives.
Délibération pour une insomnie.

succès

le succès serait : gloire, argent, vie sexuelle intense, beauté
Je ne suis pas d'accord.
Vivre sans compromettre sa moral, être en bonne santé, vivre d'un travail que l'on apprécie et qui est utile, nourir son âme, entretenir de vrais amitiés et aimer sincèrement et mutuellement, voilà le succès.
L'agriculteur, le professeur, le médecin, tout sauf le marchand et le financier, me semblent pouvoir connaître le succès.
La beauté intérieure et la richesse intérieure ne sont pas des mythes.

remarques

Je trouve que c'est très sinistre d'entendre les gens qui corrompent la nature humaine dire que l'être humain est nécessairement mauvais. C'est comme entendre des dirigeants des industries les plus polluantes que l'Humanité doit se réformer et devenir écolo. Ou encore d'hommes qui ont lancés des guerres, sans que cela soit de la légitime défense, d'entendre que les êtres humains aiment nuire et sont dangereux et doivent donc être surveiller.
Le monde est corrompu. La corruption et l'opportunisme sont les traits communs de ceux aux titres ronflants.

regard

Je suis honnêtement fatiguée.
Une femme me regardait alors j'ai souri pour la saluer. C'était une étrangère d'un pays nordique. Elle a réagi avec colère, visiblement offensée que je la salue. Je compris que pour elle je suis une vermine. Croire que je suis son égal est pour elle un affront. Je ne suis qu'un personnage de décor dans ce zoo qu'est Paris pour cette touriste blonde.

***

J'observais et je vis: voici que celle qui critique son siècle, le reflète parfaitement.
Image du miroir.

***

Je rêve d'une société bienveillante, qui poursuit le sain accomplissement des êtres humains, en équilibre avec la nature.

***

Le monde nous renvoient nos actions à travers leur conséquence.
L'aspect le moins grave, le moins intime, de cela est pour moi celui de l'apparence que je rends au monde. Les mensonges que j'ai prononcés, les attitudes que j'ai affectées sans sincérité ou naturel, pour réconforter, plaire ou m'intégrer, viennent composer l'image qu'autrui s'invente de moi. A cela s'ajoute les idées loufoques ou peu réfléchies que je partage avec hâte. Je dessine seule la caricature qui devient mon empreinte, une partie notable de tout l'héritage que j'offre au monde.
Ce soir encore, j'ai beaucoup parlé. Souvent, j'ai tenu des opinions extrêmes avec très grande libéralité. Je m'humilie toute seule.
Peut être que si je n'avais participé à aucune imposture et que j'avais conserver en tout sujet mes réserves, je serais quand même ridicule.
Si un peintre me dessine tel que je m'affiche, s'il peint toute mon agitation superficielle, tentant aussi de révéler mon intériorité tel qu'il peut la deviner par ce qu'il entrevoit, je pense que le résultat me semblerait celui d'une personne ridicule, grossière, imbécile et vile. J'y verrais peut être une offense. Mais j'en suis la cause entière.
Je demanderai au peintre "pourquoi tant d'effort pour le portrait de quelqu'un tel que moi?" . Qui es tu, peintre, pour vouloir me décrire? N'y a t il pas objet d'étude plus admirable, plus profond, plus fascinant?
Mes opinions changent trop facilement. C'en est comique.
Chaque jour, j'étudie, j'observe. Mon ignorance est sans fin. Je la découvre lentement.
Le monde est complexe. Mes hypothèses, parfois farfelues, échouent à le décrire avec justesse. Mais j'essaie avec persévérance. Le passant qui les entendrait de ma bouche me regarderait avec pitié et dégoût, navré.
Tous les dialogues auxquels je me prête avec passion, jusqu'au monologue impatient et irrespectueux, m'afflige par la suite de honte, et de regrets. Réussierais-je enfin à faire de la sage réserve mon allié quotidien?
Bavarde, j'inonde mon interlocuteur d'idées que je connais déjà et me garde de découvrir les siennes, que j'ignore, et ainsi je conserve en l'état mes pensées, sans les enrichir.
J'aime donner la leçon. Pourtant, je ne suis pas un modèle.
Je ne suis ni belle, ni gracieuse, ni géniale, ni remarquablement douée en quelque matière, ni particulièrement vertueuse, ni notablement robuste, ou loyale, ou cultivée.
Que penserait le naturaliste? "Voici encore un être ravagé/construit par ses émotions et désirs, inconscient du sous développement de sa conscience, qui s'érige auprès d'autrui comme hérault du bon sens, malgré son ignorance et sa folie." "La laideur du visage, l'absence d'accomplissement, l'existence parasitique au sein de la société, voici le genre ordinaire de l'homme dégénéré, faible et lâche." " vermine additionnelle agitée ou assoupie, habitante des brumes intellectuelles"

***

Très tardivement, je pris enfin conscience que je suis un être de sentiments.
Je vis là une vérité indubitable, à l'opposé des élucubrations intellectuelles, lesquelles sont difficilement absolument démontrables.

***

Nous pouvons connaître le nom et le visage de nos parents, ou ancêtres. Mais savons nous vraiment ce qui nous est transmis par le sang ? Ou les vies qu'ils vécurent? Mystère entier que celui de l'hérédité. Chaque action des parents antérieurs à notre naissance nous prédestinent. Tu demandes "qui suis-je?". Peux tu le savoir sans connaître ce qui te précède?
Les astres sont les éternels témoins silencieux.
(Quels importances ont ils ? Quelle vie sans soleil? Même la lune importe. La mer en témoigne. )
Mystérieux sattelite. Une de ses faces seule offerte à la vue. Qu'y a t il dans les ténèbres sélènes? De même, un aspect de tout demeure occulté. Nous pouvons nous interroger alors. Mais pouvons nous résoudre les mystères?
Par le passé, nous pensions que nos ancêtres déterminaient pour beaucoup notre nature. Nous pensions aussi que les astres traçaient notre destin. Nous n'osons plus voir là-haut que de la matière indifférente. Quand la nuit tombe, parfois nous interrogeons le ciel encore. Nous y voyons une régression. Y a t il un plan cosmique qui ordonne la Nature et me prédestine? Une question commune à l'Humanité.
Est ce que les croyants ne sont pas toujours les plus forts? persévérants et sûrs, ils construisent des monuments et des civilisations selon leur foi. Que penseraient nos ancêtres de notre nihilisme? Par la force de leur esprit et de leur corps, ils ont offert à leur foi maints témoignages. Nous vivons parmi leurs oeuvres. A nos yeux, elles ne démontrent que le coeur de nos ancêtres, et non une vérité surnaturelle. Nous n'osons plus croire. Nous ne croyons qu'inconsciemment. Nous regardons nos ancêtres avec mépris, y voyant des primitifs. Pourtant leurs oeuvres démontrent que, du moins, nous pouvons croire en eux et en notre héritage.
Deviens chercheur et guête les résonnances en ton coeur ressenti lorsque tu étudies l'histoire de ceux et celles qui te précèdent.
Ranime ton coeur, ton esprit, ton corps. Une vie de sommeil ne t'enseignera pas ce qu'ont vu ceux avant toi. Exultant de vie, rapproche toi de percevoir l'essence que tu partages avec tout être vivant. Ainsi, tu pourras mieux comprendre ce que les bâtisseurs du passé ont construit, connaissant mieux la nature même de ce qui les inspiraient.
Faute de pouvoir connaître le passé, découvre le en étudiant ses émanations en toi.
Ainsi pense mon esprit ignorant et naîf.
Toujours émerveillée par les traces préservées des générations antérieures, je me demande si leur message est en nous, non seulement autour de nous?
Je cherche leurs émissaires.
Incertitude de la jeunesse -- cette question répété: que puis-je? qui suis-je? à mon tour, quel est mon message? le nihilisme du somnambule?

***

un rêve:
Un homme reçoit un message par téléphone. Il l'écoute, le réécoute.
Il ne le comprends pas. Il saisit quelques mots, confusément, qui lui rappelle la couleur du jour ou ses daimons. Il ignore si évidemment il projette tout cela.
Peut être est ce un message important, pense t il.
"Et si je n'avais pas vérifié ma boîte vocale, je l'aurais manqué!" s'inquiète t il.
Peut être n'est ce même pas pour lui, mais seulement une erreur.
Réveil et fin d'un rêve.

***

Un ami me dit :
Alors tu vas mieux? Tu ne te lamentes plus?
Je répondis:
J'ai trouvé du monde avec lequel me lamenter. Cela m'enthousiasme et finalement m'amène à diversifier mes préoccupations.
Nous riâmes.

***

Avec passion, une amie me dit:
Le sage sait et se tait. L'ignorant se presse de se prononcer.
Et sachant ma hâte pour parler, je reconnaissais mon état.

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