J'ai 44 ans. Je suis assistant d'éducation à mi-temps. Je travaille le lundi de 8h00 à 17h30 et le mercredi de 9h30 à 19h30. Je remplace parfois des collègues à l'internat. L’article L. 916-1 du code de l’éducation prévoit que les assistants d’éducation sont recrutés pour exercer des fonctions d’assistance à l’équipe éducative notamment pour l’encadrement et la surveillance des élèves, y compris en dehors du temps scolaire. Dans le second degré, sous l’autorité du chef d’établissement qui s’appuie sur les équipes éducatives, les assistants d’éducation participent à l’encadrement et au suivi éducatif des élèves, par exemple :
- les fonctions de surveillance des élèves, y compris pendant le service de restauration et en service d’internat ;
- l’encadrement des sorties scolaires ;
- l’accès aux nouvelles technologies ;
- l’appui aux documentalistes ;
- l’encadrement et l’animation des activités du foyer socio-éducatif et de la maison des lycéens ;
- l’aide à l’étude et aux devoirs ;
- l’aide à l’animation des élèves internes hors temps scolaire ;
- l’aide aux dispositifs collectifs d’intégration des élèves handicapés.
Mon contrat précise que je suis recruté pour exercer les missions suivantes (…) : Encadrement des élèves d'internat (Garçons) dans le 2d degré ; Encadrement sur des élèves (hors internat) dans le 2d degré ; Aide aux devoirs et aux leçons dans le 2d degré.
Une grande partie de mon temps de travail est affectée à des tâches administratives soit le recueil des absences reportées par les professeurs sur le logiciel pronote, la récupération des feuilles d'absences dans les salles de classes auprès des professeurs qui ne veulent pas utiliser pronote, le signalement par téléphone ou texto aux parents des absences de leurs enfants et le classement des divers courriers concernant les élèves, la distribution des convocations (émanant des CPE, de l'infirmière, de la direction et autres services administratifs) aux élèves. Nous pouvons alors remarquer que ces tâches administratives ne sont mentionnées ni dans les exemples de fonctions ci-dessus précitées ni dans les missions énoncées dans mon contrat. Je me pose alors cette première question : m'impose-t-on des tâches administratives qui n’ont rien à voir avec mon statut ou a minima le temps que j'y consacre n'est-il pas disproportionné par rapport à celui dévolu à mes autres fonctions? Et si c'est le cas au nom de quoi, si ce n'est en celui d'un manque manifeste de considération ou/et de moyen ? Nous pourrions aussi légitimement nous interroger sur la façon dont la direction gère le refus ou parfois l'oubli de certains professeurs d'utiliser le logiciel de gestion des absences (pronote). Il serait légitime de demander à ces derniers d'aller porter les absences des élèves de leur classe à la connaissance des AED. Mais non, il nous est demandé d'aller récupérer des relevés d'absences dans les salles de classes auprès des professeurs qui ne veulent pas ou qui oublient d'utiliser pronote (ce qui nous oblige à interrompre le cours pour demander ce relevé). Cet exemple peut sembler être un détail, pourtant il illustre parfaitement cette tendance à faire porter par les employés que l'on considère comme les plus malléables voire corvéables, les conséquences de dysfonctionnements dont personne ne prend l'initiative d'en supprimer les causes, malgré le fait qu'elles aient été portées à la connaissance de la direction. Afin de bien comprendre la suite de ma démonstration et de mon raisonnement, il est maintenant important de préciser que le seul espace dans lequel je suis en interaction avec les CPE et dans lequel ils ont la possibilité d'apprécier mon travail et mon comportement est celui du bureau de la vie scolaire dans lequel j'effectue les tâches administratives, je reçois les élèves et parfois les parents (très rarement) et/ou réponds à leurs sollicitations, je recadre si nécessaire. Les CPE peuvent aussi parfois observer mon travail au restaurant scolaire durant les repas. Si je me soucie des observations et de l'avis des CPE sur mon travail, c'est parce que comme la plupart de mes collègues, je les considère comme des supérieurs hiérarchiques. Or dans l'organigramme officiel de l'éducation nationale, il n'existe pas de relation hiérarchique entre un AED et un CPE. En effet, les seuls supérieurs d'un AED sont le chef d'établissement et ses adjoints. Néanmoins, et parce que les chefs d'établissements, par délégation, chargent les CPE d'organiser la vie scolaire, les CPE se retrouvent bien souvent de fait dans une position de petit chef (je précise que dans ce contexte je n'utilise pas ce qualificatif à des fins de dénigrement mais comme descriptif d'une situation de fait). Ainsi, ce sont les CPE qui organisent et mènent le recrutement des AED, qui décident du renouvellement ou non du CDD, et de ses modalités (temps plein ou temps partiel, internat et/ou externat). Or, avant le commencement de toute année scolaire, les lycées doivent définir un projet de recrutement des AED qui fixe le nombre, les fonctions et la quotité de service pour chaque assistant d’éducation. Ce projet doit être présenté et soumis au conseil d’administration. Puis, selon les textes, c’est le chef d’établissement en personne qui conduira l’entretien puisqu’en charge du recrutement. Il sera normalement accompagné par un CPE, chef du service de la vie scolaire, qui doit émettre un avis. Je viens de l'apprendre en m'intéressant au statut des AED et aux textes législatifs. Dans le cas de mon lycée, tout le processus de recrutement semble être mené par les CPE qui font part de leurs décisions à la direction. Un autre exemple illustre cette position hiérarchique de fait des CPE : ceux-ci disposent au lycée de places de parking réservées, parmi les plus proches des bureaux dans lesquels nous travaillons. Et si vous avez l'outrecuidance, vous, simple AED, d'oser vous garer sur une de ces places, on vous demandera sans ménagement de vous garer sur une autre place, car votre fonction ne vous autorise pas à user de ce privilège (que rien ne justifie). Cela peut paraître anecdotique et pourtant c'est une illustration de l'exercice arbitraire d'un pouvoir. Nous travaillons dans un établissement scolaire dans lequel l'une de nos plus grandes et précieuses responsabilités qui nous incombe est de permettre une vie en collectivité fondée sur le respect des règles...
J'en arrive à l'entretien avec les CPE que j'ai passé à ma demande. Car ignorant alors tout ce que je viens de préciser précédemment, j'étais persuadé que les CPE étaient mes supérieurs hiérarchiques et en cette qualité portaient la responsabilité du recrutement et du renouvellement. Ainsi, au cours du mois de mai, je fais part au CPE avec lequel je travaille le plus fréquemment de mon souhait de travailler à nouveau en tant qu'AED durant l'année scolaire 2018 – 2019, mais à temps plein. Il ne peut me donner de réponse immédiate, j'en conviens aisément. Je patiente en étant plutôt serein quant à une réponse positive. En effet, plusieurs de mes collègues (masculins) ne renouvellent pas leur CDD (tous à temps plein), mes relations avec le CPE sont bonnes, il ne m'a jamais fait part d'un quelconque reproche sur mon travail ou mon comportement, j'estime être investi et sérieux dans mes fonctions. La première semaine de juin je lui demande s'il est en mesure de me donner une réponse. Il m'informe simplement qu'il ne pourra probablement pas satisfaire à ma demande de plein temps, sans m'en donner la ou les raisons, ce qui me surprend. Il précise qu'il pourra me donner une réponse définitive la semaine suivante. A aucun moment il n'évoque un entretien. N'ayant toujours pas de réponse la semaine suivante, je lui réitère ma demande par courriel en précisant que je ne considère pas mon renouvellement à plein temps comme acquis ou comme une évidence . Je le sollicite également pour un entretien lors duquel nous pourrons faire un bilan de l'année écoulée et je pourrais lui exposer mes motivations et projets dans l'éventualité où mon CDD serait renouvelé. Il répond positivement à ma demande et me propose un entretien dans les jours suivants. A cet entretien sont présents deux CPE : celui auprès duquel j'ai sollicité un entretien et avec lequel je travail la plupart du temps et une CPE avec laquelle je n'ai travaillé que quelques heures durant l'année lors de remplacements à l'internat. Aucun membre de la direction n'est présent. Mon objectif n'est absolument pas de dénigrer ou de remettre en cause le travail et les compétences de mes collègues CPE. En effet, force est de constater qu'ils subissent comme les AED les dysfonctionnements d'une institution, ce qui les amènent à porter des responsabilités qui ne sont pas les leurs. Et à prendre des décisions, tel recruter un AED, renouveler un CDD ou confier l'encadrement d'une sortie ou d'un voyage scolaire, dans des conditions et avec des méthodes floues, qui diffèrent selon les AED. Il est par exemple assez surprenant de constater que les seuls échanges que j'ai pu avoir avec les membres de la direction se limitent à des formules de politesse ; les CPE, les infirmières et les membres de la direction se réunissent une fois par semaine mais les AED n'ont jamais été conviés à aucune réunion ne serait-ce qu'entre membres de la vie scolaire ou avec les professeurs principaux. En revanche, en conséquence de tout cela, il n'est pas surprenant de constater des défauts récurrents de communication. Et de subir un entretien surréaliste, moralement violent car laissant dans l'incompréhension, dont 10% des arguments sont recevables car objectifs, fondés sur des faits, des comportements et des compétences observables et dont 90% ne sont que subjectifs, souvent fallacieux, élaborés sur des « témoignages » oraux et, Ô suprême hérésie, sur ma tendance à porter un discours critique contre l'institution. Je suis tout d'abord étonné de la présence de la CPE avec laquelle je n'ai travaillé que quelques heures. Je crois que nous nous apprécions, nos échanges ont toujours été cordiaux. Mais je ne vois pas la pertinence de sa présence pour faire un bilan qui conditionne le renouvellement ou non de mon CDD à plein temps ou à mi-temps. Non pas que je remette en cause ses compétences, mais il me semble qu'elle ne bénéficie pas de suffisamment d'éléments pour prétendre participer au bilan de l'année. Cependant, certainement consciente de la situation, elle interviendra très peu durant cet entretien. Je commence par faire le bilan de mon travail sur l'année écoulée. Dans l'ensemble , je suis satisfait et j'estime avoir rempli correctement mes fonctions et assumé mes responsabilités ; j'évoque un problème relationnel rencontré avec une de mes collègues (ce que j'avais signalé au CPE), que nous avons résolu en discutant. Puis le CPE me présente, selon lui, les points positifs de mon travail. Ils relèvent tous de mon travail de bureau (tâches administratives), le seul lieu de nos interactions et d'observation de mon travail : je réponds bien à ses demandes, le travail est fait dans les délais, je suis réactif, toujours ponctuel, consciencieux. Le bilan du CPE est donc fait essentiellement sur une fonction (administrative) qui n'est mentionnée ni dans les textes de référence ni dans mon contrat de travail. C'est pour le moins surprenant de constater qu'un bon AED est un bon secrétaire. Mais rien sur mes relations avec les élèves, rien sur ce que je propose sur les temps d'étude (dont personne ne s'est jamais soucié, ni un CPE ni un membre de la direction) dans le cadre de ma mission d'accompagnement à l'étude et aux devoirs, rien sur mon comportement et mon travail au foyer dans le cadre de l'encadrement et l’animation des activités du foyer socio-éducatif. Quant aux fonctions d'encadrement des sorties scolaires, d'accès aux nouvelles technologies, d'appui aux documentalistes, il n'est pas possible d'en faire le bilan puisqu'on ne ma jamais demandé de les occuper. Rien non plus sur mes fonctions de surveillance, y compris durant les temps de restauration, durant lequel le CPE a pourtant l'occasion d'apprécier la qualité de mon travail ; fonction durant laquelle je suis le seul (d'après mes observations) à intervenir auprès des élèves pour les sensibiliser sur la réduction de la nourriture jetée. Puis il me présente ses reproches dont je prends connaissance pour la première fois. Ils sont tous ou presque fondés sur des propos qui lui ont été rapportés oralement et sur ma propension à critiquer l'institution en relevant ses dysfonctionnements et ce sur des lieux et durant des moments selon lui inappropriés. Je lui demande d'être plus précis, il me donne alors deux exemples. J'ai à plusieurs reprises relevé le manque de disponibilité de l'infirmière (avis partagé par plusieurs de mes collègues), sans jamais porter de jugement sur ces compétences et relever certains dysfonctionnements (notamment dans la communication), parfois certes de façon virulente. Il me reproche également d'avoir un jour dit à un élève qu'il allait finir clochard (mais il ne m'en a pas fait le reproche lorsque cela est arrivé). Je n'en ai pas de souvenir précis mais il est fort possible que pour clore, de façon maladroite j'en conviens, une discussion ne menant à rien avec un élève ayant pour seule réponse « je m'en bas le couilles » et refusant toute main tendue de l'adulte pourtant soucieux de son bien-être (ce qui est mon cas), je lui ai dit maladroitement que son comportement et son refus de se remettre en cause pourrait le mener à finir clochard. Si le CPE estimait que j'outrepassais mes missions ou que mon comportement était inapproprié, il aurait du me le notifier. Cela n'a jamais été fait jusqu'au jour de cet entretien. Mon comportement n'a jamais mis en danger le fonctionnement de la vie scolaire, aucun professeur, aucun élève, aucun collègue, aucun membre de la direction ne m'a jamais fait part d'un quelconque souci en rapport avec les reproches évoqués par le CPE. Ainsi, il en arrive à m'informer que mon CDD est renouvelé mais seulement à mi-temps, justifiant son refus de répondre à ma demande de plein temps en raison des reproches précédemment évoqués ! J'en suis arrivé à la conclusion que s'il avait appliqué à mes collègues les mêmes critères que ceux qu'il m'a présentés, nous devrions tous travailler à mi-temps sur l'année scolaire suivante ! Voici quelques exemples, je ne remets pas en cause leurs compétences mais je relève certains comportements qui, si nous suivons la logique du CPE, ne devraient pas permettre un renouvellement à plein temps. "A" est une personne consciencieuse, efficace et auprès de qui j'ai pu bénéficier d'une « formation » à l'utilisation du logiciel pronote. Tout comme moi, "A" a des attitudes récurrentes qui peuvent poser problème et dont nous avons discuté ensemble. "A" critique souvent et dans le bureau de la vie scolaire certains professeurs (parfois en présence d'élèves), relève souvent des dysfonctionnements, peut faire preuve d'agressivité envers ses collègues et envers certains élèves que "A" « a dans le nez ». "A" m'a fait part une fois de son intention de punir une élève en la privant d'une soirée très attendue par les internes, punition totalement inappropriée car sans aucun rapport avec la faute commise (nous sommes tous susceptibles de commettre ce genre d'erreur suite à une exaspération). Je ne peux pas croire que le CPE n'ai pas connaissance de certains de ses éléments, malgré cela le CDD à plein temps de "A" est renouvelé. "B" est sujet aux retards récurrents, la ponctualité étant un critère d'appréciation pour le CPE, il est étonnant de constater que le CDD de "B" ait été renouvelé à plein temps. "B" a aussi subi les décisions arbitraires de la hiérarchie quant à des remplacements de professeurs, mais cela est un autre sujet. "C" qui selon son humeur prend ou non en compte les sollicitations de certains élèves, "D" qui se moque d'une des CPE (sur sa voix, son physique et ses incompétences). Nous pourrions ainsi trouver pour chacun d'entre eux un motif similaire aux miens pour motiver la décision du CPE de ne renouveler leur contrat qu'à mi-temps., ce qui comme pour moi serait probablement infondé.
Je me souviens aussi avoir cherché à obtenir des informations sur le processus de décision permettant de choisir les AED qui accompagnent les élèves lors de certains voyages (notamment en Norvège). Au cours de l'année, "E" m'informe qu'il va accompagner des élèves en Norvège (qui vont faire un stage dans un lycée). Je lui demande alors comment et pourquoi la direction et les CPE l'ont choisi. "E" me répond qu'il ne sait pas, que cela lui a été proposé et qu'il a accepté. "E" est très investi auprès des élèves, ses compétences et ses qualités relationnelles sont reconnues de tous. Il ne me paraît donc pas aberrant que cette mission lui ait été proposée. En revanche, ce qui me pose question et problème c'est qu'à aucun moment mes collègues et moi nous n'avons été informés de cette mission et du processus et des critères choisis pour l'attribution de celle-ci. Je demande donc des explications au CPE, qui vraisemblablement reçoit cela comme une critique, une remise en cause de la décision et de son bien-fondé. Ce n'est pas le cas, je souhaite simplement savoir comment le choix a été fait et pourquoi nous n'en avons pas été informés. Il me répond que la décision a été prise par les CPE et la Direction. Il me précise que "E" mérite qu'on lui confie cette mission du fait de son investissement (notamment en dehors de ses horaires de travail) auprès des élèves pour organiser le Carnaval. Il faut donc mériter ce type de mission, nous pouvons assimiler cela à une sorte de récompense. Le choix a donc été fait sur des critères totalement arbitraires, liés au mérite et dans un objectif de récompense. Ce n'est pas acceptable.
Enfin, puisque le CPE n'a pas été en mesure (non par incompétence mais probablement par manque de temps et de moyens) de relever mes qualités pédagogiques, relationnelles et que donc mon travail n'a pas été apprécié à sa juste valeur, je me permets de les relever moi-même. Afin de favoriser la cohésion de l'équipe et de la promouvoir auprès des élèves susceptibles de dénigrer certains collègues, j'ai toujours eu le souci de mettre ces derniers en valeur, d'expliquer nos différences en termes de pédagogie (même dans le cas où je ne suis pas d'accord avec un collègue) et d'affirmer que malgré nos différentes pratiques nous avons les mêmes objectifs. .
Lorsque je devais discuter avec certains parents d'élèves agressifs, au téléphone ou dans notre bureau, j'ai toujours fait preuve de rigueur professionnelle en restant calme et à l'écoute afin de pouvoir trouver une solution au problème, un compromis. Ainsi, j'ai été capable d'intervenir auprès d'une mère qui insulter et rabaisser sa fille en notre présence et celle d'autres élèves.. Et cela en favorisant une issue d'apaisement.
J'ai toujours assumer consciencieusement ma fonction de surveillance, notamment en prenant l'initiative de me déplacer dans tous les bâtiments et espaces extérieurs du lycée durant les heures de cours afin de repérer les éventuels élèves refusant d'aller en cours, de vérifier l'état des sanitaires, de relever les éventuelles dégradations, d'intervenir en cas d'intrusion de personnes étrangères à l'établissement.
J'ai souvent pris l'initiative d''assurer la surveillance du foyer, au sein duquel je communique avec les élèves présents, afin qu'ils puissent en profiter même lorsque aucun élève responsable du foyer n'est en capacité d'assumer cette fonction.
Lors des temps de surveillance d'étude qui m'étaient dévolus, durant lesquels ils n'ont jamais eu de travail à faire qui aurait été donné par les professeurs, j'ai soit proposé des temps de discussion en rapport avec leurs aspirations, leurs attentes, leurs projets, leurs déceptions, leurs conflits soit des temps de lecture d'articles de presse avec comme outil un questionnaire facilitant l'émergence des idées conductrices, des arguments présentés. Certes avec plus ou moins de succès, mais je ne me suis jamais permis de rester passif.
Le CPE estime donc qu'il y a un trop grand risque à renouveler mon contrat à plein temps. En revanche il n'a pas manqué durant l'année scolaire de me solliciter pour remplacer des collègues absents (notamment à l’internat), ce surplus de travail étant comptabilisé en heures supplémentaires. Et en me proposant soit d'être rémunéré pour ces dernières soit de les récupérer, tout en sachant qu'il est illégal de rémunérer les heures supplémentaires des AED. Ce qu'alors j'ignorais. Etait-ce le cas du CPE ? Je l'ignore. Toujours est-il que j'ai toujours répondu positivement à ces sollicitations.
Comment dois-je recevoir, interpréter l'acceptation du renouvellement de mon CDD à mi-temps accompagnée du refus de ma demande de temps plein avec les arguments que j'ai détaillés précédemment? Le CPE reconnaît certaines de mes compétences et qualités mais considère certains de mes comportements, certains de mes propos, comme étant fautifs. Me fait-il « à moitié » confiance pour ne me proposer qu'un emploi à mi-temps ? Sur lequel pourtant j'aurai les mêmes fonctions et responsabilités que sur un plein temps. Cela est-il cohérent ? Ne puis-je pas légitimement penser que cette étrange décision cache sa crainte d'être trop souvent confronté à mes revendications légitimes et mes remarques justifiées ? Tous les employés à mi-temps n'ont-ils que des demi-compétences ? Plus les questions s'accumulent plus se profile le sentiment de subir une discrimination. Ou alors dois-je être reconnaissant envers le CPE pour sa mansuétude, lui qui malgré les reproches qu'il me fait accepte de renouveler mon CDD à mi-temps ? Et là émerge le sentiment d'avoir subi un pouvoir abusif mais dont son détenteur n'a pas forcément conscience et qu'il exerce avec maladresse parce qu'il n'est légitimé par aucune règle issue d'une quelconque législation mais fabriqué institutionnellement, par habitude et par l’entre-fait de conventions et représentations sociales toxiques. Si, comme le stipule les textes législatifs, les relations entre les AED et les CPE n'étaient régis par aucun lien de subordination hiérarchique, ce type de situations désastreuses pourrait être évitées.
Enfin, en plus d'avoir subi une violence psychologique, de ressentir de la frustration, du désarroi, une sorte de fatalité, de l’aigreur, je suis maintenu dans la précarité de l'emploi et du revenu. Donc dans une situation où l'emploi en lui-même et le salaire passent bien avant les préoccupations philosophiques, l'amour-propre et la défense de nos droits, je me vois dans l'obligation d'accepter cet obole. Et d'en extraire des points positifs! Je n'attribue pas au CPE la responsabilité de ma situation, ce ne serait pas juste et cela permettrait aux vrais responsables d'être dédouaner. En effet, les directions, et l'institution qui les couvre et certainement les encourage, qui délèguent et attribuent des pouvoirs hiérarchiques aux CPE, peuvent aisément reprocher à ces derniers de n'avoir pas su exercer correctement ces responsabilités. Ils est toujours plus pratique et facile de laisser les sous-fifres se bouffer entre eux. Nos suprêmes dirigeants usent des mêmes méthodes pour que les moyen-pauvres trouvent toutes les responsabilités de leurs malheurs chez les très-pauvres.