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Billet de blog 12 février 2014

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Le MAC soutient l'avocat Kader Sebbar

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le MAC a cette fâcheuse tendance de se mêler de ce qui ne le regarde pas.

C’est une source de problèmes, il le sait bien, mais c’est plus fort que lui : il ne supporte pas l’injustice.  

Jusqu’ici, Christiane Féral-Schuhl, ancienne Bâtonnière de Paris, Prix Nobel de la Paix (avec le CNB) et Chantre de la liberté d’expression (sauf de ses opposants), était la championne des procédures disciplinaires abusives.  

Désormais, elle a trouvé un challenger en la personne du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats des Hautes-Alpes.  

Lisez-donc – c’est un peu lointain mais ça vaut le détour !  

On m’appelle l’Oriental.  

Kader Sebbar est avocat à Gap (et diplômé du Baccalauréat de littéraire … qu’il a passé à l’âge de 50 ans !). Au Barreau des Hautes-Alpes, qui compte 52 Confrères, c’est le seul enfant de la Méditerranée.  

Meskin ! [NDLR : en arabe, le pauvre – se prononce aussi le « pôvre »].  

Il est régulièrement désigné par ses concitoyens gapençais, notamment par des gendarmes et policiers, qui lui font confiance.  

En revanche, il ne se sent pas très à l’aise parmi certains de ses Confrères, et il a le sentiment de subir les tracasseries de son Ordre.  

L’air impur de la montagne.  

Le 2 décembre 2013, à la veille du trentième anniversaire de la Marche des Beurs (organisée le 3 décembre 1983 par SOS Racisme), notre Confrère Sebbar est interrogé par la chaîne télévisuelle locale.  

Il décide alors d’exprimer son ressenti, en usant de réserves de langage.  

Il déclare notamment que, au sein de sa profession, il serait « davantage toléré que admis » et qu’il exercerait dans un « quasi-climat de terreur ».  

Notre Confrère Sebbar prend soin de ne pas mettre en cause des Confrères nommément. Il ne prétend pas non plus que tous les avocats, tous les bâtonniers ou tous les membres du Conseil de l’Ordre des Hautes-Alpes seraient racistes.  

Il fait simplement partager son ressenti personnel, de manière générale. 

Notre Confrère Sebbar précisera d’ailleurs sa pensée dans une autre entrevue. De la part de ses concitoyens (non-avocats), il ne souffre pas de racisme : il se sent français et accepté.  

Paris, Gap : mêmes combats coups bas !  

Le Bâtonnier aurait pu lever le malentendu – si malentendu il y avait – autour d’un bon thé à la menthe (bien sucré s’il vous plait), avec quelques dattes fraiches et une tape amicale sur l’épaule.  

Mais il faut croire que notre ancienne Bâtonnière de Paris a fait des émules jusque dans les Hautes-Alpes ….  

Le jour même de l’entrevue télévisée, le Bâtonnier réunit, en soirée, un « Conseil de l’Ordre extraordinaire » [à l’échelle du Barreau des Hautes-Alpes, cela équivaut à une réunion en urgence du Conseil de Sécurité des Nations-Unies].   

Le lendemain, le Bâtonnier adresse au Confrère Sebbar une télécopie « urgente » pour lui demander de communiquer, « dans les meilleurs délais et sous 24 heures », les preuves des discriminations.  

Notre Confrère répond dans le délai imparti, donc le jour même - heureusement qu’il n’était pas retenu dans un procès d’assises. Il fournit ses explications et tente d’apaiser la situation (il est titulaire d’une Licence de philosophie).  

Quelques jours plus tard, à la veille de Noël, le Bâtonnier lui notifie l’ouverture de poursuites disciplinaires … et confirme par là même le « climat de terreur » que dénonçait justement notre Confrère !   

Notre Confrère Sebbar accuse le coup avec sagesse, en déclarant à la presse : « Le Père Noël a été sympa avec moi » ….  

On se croirait presque au Barreau de Paris sous le bâtonnat joug de Christiane Féral-Schuhl.

Christiane Féral-Schuhl console Kader …

Touche pas à mon Confrère

Le MAC ne laissera pas faire [NDLR : nous avons pris connaissance de l’acte de poursuite et de ses pièces, interrogé notre Confrère Sebbar et tenté d’interroger son Bâtonnier].  

Il importe peu que notre Confrère Sebbar ait raison ou tort de dire ce qu’il dit. On peut ne pas être d’accord avec lui. Mais il doit pouvoir le dire.

Notre syndicat n’affirme pas que l’Ordre des Hautes-Alpes, ses avocats ou ses élus seraient racistes. Nous disons uniquement que les avocats jouissent aussi de la liberté d’expression, et qu’il n’apparait pas que notre Confrère Sebbar en ait abusé.   

Aujourd’hui c’est lui qu’on poursuit, et demain ce sera une jeune avocate qui aura osé dénoncer le sexisme envers les femmes dans nos institutions ordinales et nos cabinets d’affaires, ou on ne sait quelle autre opinion.  

Notre syndicat a donc voté une motion de soutien à notre Confrère Sebbar.  

[NDLR : merci de ne pas nous poursuivre ...] 

Nous allons médiatiser l’affaire, dans la presse et sur les réseaux sociaux, et en informer le Conseil National des Barreaux et la Conférence des Bâtonniers. 

Chers Confrères, ils disent faire respecter nos principes essentiels de confraternité ? Montrons-leur ce qu’est la vraie confraternité : mobilisons-nous pour défendre notre Confrère Sebbar et notre liberté d’expression !   

En avant, Yallaaaaaa 

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